Pour les acteurs de l’écosystème, le crowdfunding s’inscrit dans la pérennité

Publié le 01 octobre 2013 par Pnordey @latelier

Par Quentin Capelle

Au terme d'une journée entière de tables rondes consacrées à ce mode de financement innovant, les intentions des divers acteurs, privés et publics, semblent s'incrire dans une même volonté : le financement participatif n'est plus anecdotique.

Ce sont les mots qu'a utilisé François Carbone, Président de l'Association Financement Participatif France, lorsque que clôturant les 1ère Assises du Crowdfunding, l'équipe de AFPF a présenté à Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, à l'Innovation et à l'Economie numérique, le livre blanc du financement participatif français 2013. 30 millions d'euros pour le premier semestre 2013, c'est ce que les nombreuses plate-formes de crowdfunding présentes sur le territoire ont comptabilisé. Ce chiffre s'il peut apparaître encore relativement mineur s'avère plus évocateur lorsqu'on le met en relation avec le nombre de projets financés : un peu plus de 30 000 projets ont été soutenus par 1/2 million de français. Mais pour comprendre l'impact du crowdfunding, l'analyse en termes de volumes n'est pas suffisante. Se plaçant sur le marché du microfinancement, ou du moins d'un financement réduit, il faut intégrer son approche dans le contexte de l'innovation. C'est ce à quoi se sont attelés les différents acteurs du marché lors de cette journée : montrer que la finance participative est une approche innovante et pérenne de financement des PME, et d'autant plus en France.

Décloisonner et normaliser

Pérenne pourquoi ? Car tout d'abord si le crowdfunding est traditionnellement attaché aux nouvelles technologies et aux jeunes startups et entrepreneurs, ils sont désormais loin d'être les seuls à en profiter. Avec le développement de plate-formes de plus en plus intuitives et la généralisation des transferts financiers sécurisés sur la Toile, de nombreux entrepreneurs se tournent vers le sociofinancement. A l'instar de Rosa Tandjaoui, libraire, qui qualifie ce phénomène de "révolution positive" : "Internet permet de proposer un discours construit à une foule [...] on se rend compte que nos clients mêmes peuvent devenir nos investisseurs." Ensuite, plutôt qu'une question de secteur, le financement participatif est d'abord localisé : que ce soit à l'échelle d'une ville, d'une région ou d'un pays, il s'agit d'un phénomène de réappropriation du territoire par les investisseurs. Et ce changement d'échelle témoigne clairement d'un changement de mentalité du rapport au prêt et à l'investissement. Si justement ceux qui investissent dans ces plate-formes ne sont pas les acteurs classiques du financement, ce processus permet de le dédiaboliser en lui donnant une réelle existence pratique. Cependant son image se doit d'évoluer auprès de l'opinion publique, comme l'explique Thierry Merquiol, Fondateur de WiSEED : "On oppose encore crowdfunding et argent intelligent, nous avons un réel problème de perception [...] nous faisons du co-investissement avec des Business Angels et d'autres acteurs afin de normaliser notre situation."

Soutenir la position française

Mais cette croissance du secteur participatif ne pourra déployer son entière capacité qu'avec une législation plus claire et plus proche des problématiques spécifiques que rencontrent les plate-formes de crowdfunding. Il faut dire aussi que les pouvoirs publics ont beaucoup à gagner à protéger la position particulière que la France détient en Europe. Ainsi 3 des entreprises leaders sur le marché européen du crowdfunding sont françaises et on voit apparaître une certaine expertise à la française du rapport au financement participatif. C'est dans cette veine que Fleur Pellerin a annoncé de nombreuses pistes de réformes de la législation, il s'agirait ainsi de réduire à nul la question du besoin en fonds propres nécessaire à la mise en place du crowdfunding mais aussi de permettre à terme d'élever les plafonds encore très contraignants qui limitent la capacité d'investissement particulière sur chaque projet. Plus largement, en permettant un assouplissement des conditions d'exercice, les pouvoirs publics entendent montrer leur présence en tant qu'acteurs à part entière de l'économie collaborative.