Cela faisait très longtemps que j’avais envie de faire une review de ce comics qui, à sa sortie en VO, m’avait juste mis une claque monumentale. Pour tout vous dire je l’avais suivi en single, je l’ai racheté en recueil et je n’exclus pas de le prendre en VF.
C’est dire si ce titre m’a plu.
Issu de l’esprit de Sean Murphy que j’ai découvert pour ma part avec cette série (c’est un peu plus tard que j’ai lu l’excellent Joe l’aventure intérieure), Punk Rock Jesus est à déconseiller aux âmes sensibles. En effet, le titre est sans concessions et tire un peu sur tout ce qui bouge: crise des religions monothéistes et son corollaire l’extrémisme religieux, société du spectacle, manipulation des esprits, cynisme, terrorisme… Rien ne nous est épargné. Le tout en un seul volume et ça déchire.
Synopsis:
« Dans notre société de consommation, les chaînes de télévision sont prêtes à tout pour faire de l’audience. Le concept d’une nouvelle émission de télé-réalité consiste à bouleverser l’éthique et la religion et à re-créer un clone de Jésus.
Arrivé à l’âge adulte, Chris devient le leader d’un groupe punk. »
J’aimerai le faire, mais je ne m’attarderai pas plus sur le scénario de Punk Rock Jesus car il me semble important de ne pas dévoiler l’histoire du titre. Sachez juste qu’elle frappe fort, juste et qu’elle ne manque pas de susciter de fortes émotions (empathie, colère et même parfois dégoût) chez le lecteur.
L’un des gros avantages de Punk Rock Jesus est sa brièveté. De plus en plus, je m’agace des histoires (artificiellement) à rallonge dès lors, me retrouver devant une série courte est plutôt un avantage à mon sens. En outre, en un seul volume, l’histoire n’a pas le temps de s’enliser et c’est tant mieux car cela apporte du rythme et un certain mordant à la série.
Même si les ficelles sont un peu grosses et certains personnages caricaturaux (je pense par exemple aux personnages de Slate ou des extrémistes religieux), Punk Rock Jesus est une oeuvre qui fait mouche car elle livre une charge justifiée contre les écueils de notre société actuelle. Même Chris est, en quelque sorte, un peu caricatural dans ses révoltes mais son passif et le fait qu’il soit un adolescent aident clairement à faire passer la pilule.
En fait le vrai héros, et à mon sens le personnage le plus intéressant de Punk Rock Jesus, n’est autre que le personnage de Thomas Mc Kael. Repenti de l’IRA, hanté par ses méfaits passé, Thomas est un personnage complexe qui à la fois n’hésite pas à employer la manière forte pour s’acquitter de ses fonctions mais s’interroge clairement, dans le même temps, sur le sens de sa vie et même sur sa propre violence.
Nerveux et profond Punk Rock Jesus, au delà de son propos offre également des graphismes de grande qualité, entièrement en noir et blanc, qui accompagnent magnifiquement la dureté et la profondeur du titre. Tout le monde n’aimera pas ce style mais je trouve que les traits angulaires des personnages et même parfois le côté sombre et surchargé des planches évoquent une sorte de passion créatrice de Sean Murphy dans cette oeuvre dans laquelle on le sent porté par ses convictions et ses émotions.
En conclusion, si vous aimez un tant soit peu la BD et/ou les comics, Punk Rock Jesus est définitivement un titre incontournable dont on ressort avec l’impression violente d’avoir pris une méchante claque. Sans concession et à charge, c’est le type de BD « rafraichissante » qui fait vraiment du bien.
Punk Rock Jesus vient d’être édité en français par les éditions Urban Comics. Il est disponible pour une vingtaine d’euros dans toutes les bonnes librairies.