Le scandale Prism sur la surveillance des activités des internautes par l’agence de sécurité nationale américaine (NSA) a ravivé le débat autour du traitement des données personnelles. “Il s’agit d’une relation malsaine entre l’industrie des publicités en ligne et les internautes qui n’ont pas le contrôle sur leurs propres données.” commente Tristan Nitot, responsable de Mozilla Europe. A mesure que les individus, à l’instar de cet étudiant américain qui vend ses propres données sur Kickstarter, prennent de plus en plus de conscience sur la valeur économique de leurs traces numériques, de nouveaux acteurs sont en train d’émerger à l’’échelle internationale, offrant aux internautes les possibilités de redevenir maîtres de leurs informations.
Qui sont les nouveaux acteurs dans le marché des données personnelles ?
Ainsi, le marché des données personnelles atteindrait une valeur d’un trillion d’euros à l’horizon 2020, selon une étude réalisée par BCG. «Les utilisateurs seront de plus en plus poussés au centre de ce marché notamment grâce au mouvement quantified-self» remarque Gerald Bäck, co-fondateur d’Archify, une plate-forme qui propose aux utilisateurs de garder toutes leurs traces numériques pour des buts personnelles et non publicitaires. Parallèlement à celle-ci, le plugin Collusion mis en place par Mozilla permet aux utilisateurs de visualiser en temps réel les tierces parties qui traquent leurs activités en ligne. Mais si ce deux services tentent de contrer les actions à l’encontre des internautes, certaines startups, à l’image de Reputation.com et Yes Profile, choisissent de prendre le contrepied en mettant à disposition de ceux-ci des outils de mise en relation directe avec les annonceurs. Le principe est simple: un utilisateur lambda crée son profil et remplit des questionnaires (marques préférées, goût personnel, adresse mail, etc) et décide par la suite avec qui il partage ses informations et combien il touchera de la part des marques qui y auront accès. « La rémunération peut être monétaire ou servicielle, les utilisateurs peuvent même choisir de faire un don à une association. » ajoute Christian-François Viala, le fondateur de YesProfil. Lancée en 2006, reputation. com, un site de management d’e-réputation à l’origine, annoncent déjà un million d’utilisateurs.
One-to-One marketing et le permission-marketing seront de mise.
« Avec l’émergence de ces outils mis à la disposition des internautes, les clients seraient amenés à gérer leurs relations avec les marques, ils pourront faire le tri entre les marques qu’ils aiment et les autres» analyse Daniel Kaplan, fondateur du projet mesinfos, basé sur le principe de VRM (vendor relation management). « Demain, chaque consommateur aura son propre profil et c’est aux marques de demander l’autorisation d’accès à leurs données » prévoit Christian-François Viala, qui mise sur one to one marketing et le permission marketing. « D’ailleurs, les marques seront obligées de fournir un service de qualité en échange des informations obtenues et non pas de publicités dépourvues de sens » complète Emanuel Vivier, consultant en marketing digital et co-fondateur de Hub Insitute. A titre d’exemple, l’application Nike+ propose un service de coaching personnalisé, basé sur des données relatives aux entrainements de ses utilisateurs. «Au lieu d’imposer ses règles, Nike donne le choix aux consommateurs de se faire traquer ou pas et le fait d’être traqué leur apporte un vrai service » commente Emmanuel.