Les boissons énergisantes apportent-elles tout de même quelques-uns de ces bénéfices mis en avant par leurs allégations, la performance sportive ou une récupération facilitée ou une fatigue musculaire réduite ? Ou n’ont-elles que des effets indésirables, dont en particulier celui de modifier le métabolisme de l’alcool lorsqu’elles y sont mélangées ? A l’issue d’une surveillance débutée en 2011, l’Anses doit rendre son rapport ce 1er octobre sur les risques liés à leur consommation. Jusqu’ici, l’Agence de sécurité, en dépit de nombreuses études sur le sujet n’avait pas tranché sur leur nocivité. Un rapport attendu qui pourrait motiver la mise en place d’une nouvelle taxe dite de "comportement", sur ces boissons énergisantes.
L’Agence a été saisie à plusieurs reprises depuis 2001 pour évaluer l’innocuité et l’intérêt nutritionnel de ces boissons et depuis 2011, l’Anses suit également, dans le cadre de son dispositif de nutrivigilance, les effets indésirables suspectés d’être liés à la consommation de ces produits. 5 avis ont déjà été émis, et en raison des fortes concentrations de substances comme la taurine et le D-glucuronolactone dans ces produits, l’Agence a considéré, dans ses avis, que la sécurité d’emploi n’était pas assurée. De plus, l’intérêt nutritionnel de ces boissons n’a pas pu être démontré.
Des ingrédients à surveiller :
Taurine, guarana, ginseng, ces ingrédients contenus dans les boissons énergisantes, en plus de 40 à 250 mg de caféine pour une canette de 235ml, participent à la promesse d’une amélioration de la performance physique et mentale.
La caféine est en concentration élevée, de 4 à 5 fois supérieur à celui des autres sodas, de plus, elle est également présente dans certains extraits de plantes, comme le guarana, présents dans ces boissons.
La taurine, proposée dans le cadre du traitement de l’insuffisance cardiaque et de l’hypertension artérielle et connue pour son rôle sur les transmissions entre neurones, n’a pas les effets énergisants qu’on lui prête. L’Agence européenne EFSA, (European Food Safety Authority) a estimé que les aliments dont les boissons avec taurine ne peuvent alléguer qu’elles participent à aider les muscles à se relaxer, à réduire la fatigue ou à optimiser les performances physiques.
Mais ce n’est pas tout. Les boissons énergisantes contiennent de multiples autres ingrédients, comme le glucuronolactone, un composé naturel formé à partir du glucose, qui en excès par rapport aux apports naturels serait dangereux pour les reins. Le glucose de ces boissons vient s’ajouter aux autres apports. Des vitamines, des extraits de 2 plantes, le Guarana et le Yerba mate, de la carnitine, un composé naturel qui contribue à transformer la graisse en énergie –mais qui peut entraîner des troubles gastro-intestinaux, et du ginseng.
Peu d’effet sur l’énergie : Une méta-analyse de 243 études, publiée en 2012 dans la revue Nutrition Reviews conclut que les données disponibles indiquent qu’un bon expresso bien tassé est tout aussi susceptible d’améliorer les performances qu’une boisson énergétique. L’étude » parle » même d’ »un manque flagrant de preuves » pour justifier les allégations actuelles et invoque la caféine comme le principal ingrédient énergisant. Une autre étude de l’Université d’Oxford, publiée en 2012 également dans le BMJ Open conclut également à l’absence de preuve scientifique soutenant les allégations de performance et de récupération avancées. L’Afssa (ex Anses) a déjà conclu à l’insuffisance de preuves concernant l’innocuité du "Red Bull®", en particulier mais n’a pas jusque-là apporté la preuve de sa nocivité.
Mais des effets « indésirables » : L’Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN) sur la base alors de 13 rapports d’effets indésirables graves en2012, depuis la mise sur le marché en 2008 des boissons énergisantes a rappelé que, chez les jeunes, associées à l’alcool, ces boissons multiplient les effets de l’alcool et, chez les sportifs, c’est plutôt le risque d’une déshydratation lié au caractère diurétique de la caféine qui doit être surveillé. Les effets rapportés, d’ordre cardiaque (trouble du rythme : tachycardie), neurologique (crises d’épilepsie, tremblements, vertiges…) et psychiatrique (angoisses, agitation, confusion), préoccupent donc les professionnels de la nutrition. On peut citer également une étude de revue dentaire qui conclut qu’en 5 jours de consommation régulière, les boissons énergisantes peuvent provoquer des dommages à l’émail des dents.
A ce jour, l’Anses rappelle que les boissons énergisantes sont réservées à l’adulte et déconseillées aux femmes enceintes, déconseille leur consommation en association avec de l’alcool et qu’elles ne sont pas adaptées à la pratique d’une activité physique intense.
Sources:
ANSES 5 avis
Nutrition Reviews DOI: 10.1111/j.1753-4887.2012.00525 online November 9 2012 Do energy drinks contain active components other than caffeine?
BMJ Open Published online July 18 2012 ; 2:e001702 doi:10.1136/bmjopen-2012-001702 The evidence underpinning sports performance products: a systematic assessment
General Dentistry via Eurekalert (AAAS) » Sports and energy drinks responsible for irreversible damage to teeth” (Vignette© onepony – Fotolia.com)
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