Prendre à témoin quelques salariés que l'on devine à cran et dans le besoin pour réclamer ce salaire supplémentaire ultime que représente le commerce 7 jours par semaine est une manoeuvre classique.
L'ancien monarque avait ceci d'indécent, d'incroyablement facile à démonter, qu'il utilisait l'exemple des Champs Elysées, l'un des coins les plus huppés et touristiques dont la France dispose. On se souvient tous de cet exemple fameux, répété en boucle par ce Nicolas Sarkozy précocement répétitif dans ses discours, sur ces "courses" qu'il ne pouvait garantir à Michèle Obama sur les Champs Elysées.
L'idée, nous rappela notre confrère Guy Birenbaum, venait de ... Jacques Séguela.
Sarkozy, Seguela, et quelques autres, ne connaissent pas grand chose de la dureté du salariat. Ils pensent au confort du consommateur.
Ces derniers jours, quelques entreprises privées ont donc décidé de ne pas respecter une décision de justice. ""Il y a des magasins qui peuvent ouvrir tranquillement le dimanche et d'autres qui doivent demander des dérogations. Il serait bien que tout le monde soit logé à la même enseigne", expliqua benoitement une porte-parole de Castorama. Et d'ajouter: "Il est important que les clients fassent aussi entendre leur point de vue vis-à-vis des pouvoirs publics, et qu'ils disent combien il est important pour eux que les magasins soient ouverts, car c'est le week-end et le dimanche qu'on bricole".
Rappelons que la loi défaillante date de 2009, Nicolas Sarkozy président, sa mauvaise blague qui devient mauvaise loi; François Fillon, premier collaborateur insipide qui devient exécuteur sans saveur. Une loi est donc votée, promulguée, appliquée. Point de rémunération supplémentaire quand on travaille ce dimanche dans des zones "autorisées". Quatre ans plus tard, la chose a créée suffisamment de confusions pour terminer au tribunal. Pourtant, la loi était presque claire, la manoeuvre limpide. Il s'agissait de protéger un jour de repos par semaine; se rappeler qu'entre les forts et les faibles - entre le petit commerce et le plus grand, entre les salariés au salaire trop bas et quelques patrons au profit trop gras, la liberté opprime et la loi qui affranchit.
Lundi 30 septembre, voici que l'on apprend que ces collectifs de salariés désireux de travailler le dimanche chez Leroy-Merlin ou Castorama étaient donc entrainés, coachés, préparés par leurs DRH pour manifester et défendre le chiffre d'affaires dominical de leurs employeurs.
En d'autres temps, nous appelions ceux-là, des "jaunes. Désemparés par la crise, quelques salariés des enseignes Leroy Merlin et de Castorama avaient constitué un collectif en décembre dernier pour défendre leur activité le dimanche. Depuis, les patrons et DRH de ces entreprises leur ont fourni un soutien logistique, financier et pratique, c'est-à-dire une agence de communication.
L'information, publiée et étayée par le Huffington Post français, a fait du mal, du tort et des dégâts. Une agence de communication, l'un de ses directeurs associés, Stéphane Attal, Les Ateliers Corporate, bosse sans compter mais avec contrat pour faire la pub de ce collectif pro-travail dominical. Elle est "mandatée et rétribuée par les directions de Leroy Merlin et Castorama", rien que cela, pour "organiser leur communication". Par précaution, les directions ne sont pas conviées aux réunions entre les salariés et ces communicants...
En avril puis mai dernier, des manifestations étaient déjà financés par les mêmes directions et pour le même sujet. ""Il y a des incitations pour s'inscrire, pouvant aller jusqu'à des menaces pour les futures augmentations de salaire ou les promotions" expliquait une déléguée syndicale. En mai déjà, tout était payé par les entreprises : matériel, tee-shirts, transport, repas et même rémunération durant les manifestations étaient pris en charge, quelle merveille !
A Paris, le débat s'invite dans la campagne électorale. La bobo-aristo Nathalie Kosciusko-Morizet aimerait imposer le sujet dans une élection parisienne. Quelle surprise... C'était "hype" et "pro-job" que de promouvoir cette consommation tous azimuts.
Ce lundi, donc, une réunion "d'urgence" fut tenue à Matignon. Il fallait donner quelque chose à manger aux contestataires. Une "mission" fut confiée à un ancien patron de la Poste qui n'était jamais ouverte le dimanche, Jean-Paul Bailly, de réfléchir à la suite.
A bon entendeur...
[NDR: on notera que la belle quasi-unanimité des blogueurs de gauche, blogueurs dits de gouvernement inclus, contre cette affaire, imposture surréaliste. Quelques voix discordantes, c'est leur droit. Quelques absurdités néo-libérales, c'est la droite.]