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Les Malheurs de Platon

Publié le 03 mai 2008 par Edwilliamson

Berlusconi, Johnson, Alemanno … Que ce soit le nouveau président du Conseil italien, le nouveau maire de Londres ou le nouveau maire de Rome, ces trois personnages n’ont été élus que grâce à leur gouaille, leur fougue et leur allure de type sympathique (sauf peut-être pour Alemanno).

Gianni Alemanno après sa victoire à Rome

Gianni Alemanno, après sa victoire à Rome © Hollywoodreporter

C’est le drame de la démocratie. Comme le redoutait Platon, s’opposant aux sophistes, les orateurs politiques sont plus prompts à bonimenter qu’à se soucier de l’intérêt du peuple. La politique comme on la déteste.

Silvio Berlusconi, aucun succès en 2 mandats présidentiels, roi de la télévision, orateur reconnu, une fortune estimée à 11 milliards de dollars, élu avec un programme inexistant. Boris Johnson, dit “Le Bouffon”, célèbre pour ses blagues potaches, ses déclarations renversantes, son look déjanté, élu sur son image face à un Ken Livingston trop lisse et, soyons clairs, pas très rigolo. Gianni Alemano, néo-fasciste, adepte du salut mussolinien, programme fondé sur la sécurité (sa première mesure ? Ré-armer la police municipale), élu grâce à des discours démagogiques. Rires goguenards, sourires carnassiers, “le poids des mots, le choc des photos”, ces 3 hommes donnent à entendre au peuple ce qu’il a envie d’entendre, le font rire, et se font élire. Ce qu’ils vont faire ? Les votants n’ont guère envie d’en entendre parler, ils supposent, puisqu’on leur dit, qu’ils feront mieux que les précédents, et advienne que pourra !

La famille Berlusconi

La famille Berlusconi. Silvio avait en 2006 une fortune estimée à 11 milliards de dollars. Cette photo vous fait-elle penser à la même chose que moi ? Un article détaillé sur la “dynastie Berlusconi” : cliquez ici

Drame de la démocratie que l’influence d’une simple phrase, d’un simple mot, sur la décision final du votant qui, ennuyé par la politique, oubliant l’Histoire, encouragé par les puissants à entretenir sa naïveté, dé-culturé par la télévision, est plus prompt à suivre le type qui lui dit en souriant “je pense donc tu me suis” plutôt que de s’intéresser à ce qu’il y a au bout du chemin. On vote à la tronche, à l’émotion, on ne réfléchit pas plus loin que “vu la situation actuelle, ça doit être le meilleur pour régler rapidement nos soucis, allez je vote pour lui”. Que son incompétence soit prouvée ou fortement suggérée par les spécialistes, il a l’air sympa, ça compense tout le reste !

Sauf que le type, une fois élu … Oh, vous connaissez sûrement la chanson. Il respecte quelques réformes présentes dans le programme qu’on lui a préparé dans les premiers mois de son mandat pour faire bien, il entre dans une période dite “de grâce”, puis l’enthousiasme s’effrite, il commence à faire quelques boulettes, le peuple se rend compte qu’il a fait une connerie. Et au final, il se révèle être pire que le précédent.

C’est toujours comme ça. Est-ce qu’on se dit qu’un jour ce même type qui aura un beau sourire, une coupe de cheveux rigolote, qui aura l’air d’un type sympa qui fera de son mieux, en tout cas mieux que le précédent, est-ce qu’on se dit qu’un jour ce type là sera VRAIMENT ce type là est pas juste un démagogue de plus ?

Boris Johnson dit Le Bouffon

Boris Johnson, dit “Le Bouffon”, nouveau maire de Londres © Ian Jones

On espère tous un Kennedy, que ce soient les Italiens, les Anglais ou les Français. Un type qui nous enthousiasme, nous fait espérer de vrais changements (pourquoi les Français s’enthousiasment tellement pour Barack Obama ? Il est l’incarnation du changement !). Mais une fois élu (ou élue), le rêve tourne quasi-invariablement toujours au cauchemar … Et on attend de nouvelles élections.

Alemanno, néo-fasciste, élu à Rome, c’est précisément ce que Platon, dans cette même ville, redoutait il y a 2400 ans. “Alea jacta est” comme avait dit un autre romain …


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