Machinedrum
Vapor City
(Ninja Tune)
L’américain Travis Stewart, que ce soit sous les pseudos de Neon Black, Sepalcure (duo avec Praven Sharma), Syndrome, Jets (duo avec Jimmy Edgar) ou Machinedrum, ne cesse de jeter des ponts des deux cotés de l’Atlantique, se nourrissant de ses divers voyages à travers la planète, pour élaborer une musique aux confluences de notre époque et d’un futur incertain. Si les rythmiques sont le centre névralgique de sa création, mêlant bass music, broken beat, footwork, drum’n'bass, dubstep, house, electronica… c’est pour en extraire une ville vaporeuse aux architectures complexes, de laquelle il rêve constamment au cours de ses divers déplacements, perdant les notions d’espace et de temps, décalage constant avec une certaine réalité pour sombrer dans une forme de torpeur permanente aux soubresauts exaltants. Avec Vapor City, Machinedrum invente une forme de dark soul sur laquelle glissent les fantômes de Burial, RP Boo, MJ Cole, Lil jabba… provoquant une sensation étrange, où les lumières s’obscurcissent pour laisser éclater des ténèbres happantes. Travis Steward explore les sonorités avec minutie, déchiquète la pop pour lui redonner un nouveau sens et l’entrainer vers des sphères dénuées de codes et enrobées de viscères. Il injecte dans le coeur de Vapor City, une certaine forme de tribalité élaborée emprunte de densité cérébrale, où l’animalité de l’homme se révèle dans sa plus totale urbanité. Machinedrum malaxe le temps dans un grand bain de métal ardent, alchimiste de l’âme sombre qui compulse nos sens, irradiés par cette décharge de poésie animale à la sensibilité humaine. Vital.
Roland Torres
Sites : machinedrum.net