Alors qu’elle voit sa vie voler en éclat et son mariage avec Hal, un homme d’affaire fortuné, battre sérieusement de l’aile, Jasmine quitte son New York raffiné et mondain pour San Francisco et s’installe dans le modeste appartement de sa soeur Ginger afin de remettre de l’ordre dans sa vie.
Puisqu’un film par an pour Woody Allen est devenu une habitude, Blue Jasmine est donc tout logiquement le treizième film du maître américain depuis l’an 2000. Il poursuit à 77 ans sa longue carrière qui depuis un petit moment est en train de battre de l’aile. Plus trop d’inspiration et des films européens qui ne sont que de mauvaises cartes postales, Woody Allen arrive tout de même à nous surprendre le temps de petits retours en Amérique. Son dernier bon film remonte à Whatever Works en 2009. Avant il faut remonter en 2005 et son Match Point.
Et bonne nouvelle, Blue Jasmine est une excellente surprise après les différents ratages qu’étaient To Rome With Love, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, Vicky Cristina Barcelona … Un retour réussi aux USA pour Woody Allen qui retrouve son ton que l’on aime tant et qui arrive à placer Blue Jasmine dans le haut du panier. Cette réussite et notamment due à l’immense interprétation que nous réserve Cate Blanchett, plus belle que jamais. On espère sincèrement qu’elle soit nommée à l’Oscar de la meilleure actrice.
Woody Allen retrouve son ton acide et critique de façon virulente cette bourgeoisie qu’il aime tant filmer. Le film débute comme une comédie. Jasmine, anciennement Jeannette, débarque à San Francisco pour quelques jours. Elle va loger chez sa soeur qui est tout à fait son opposé. Elle quitte les palaces de New-York, les marques de luxe pour un appartement d’à peine 100 mètres carré et pour supporter ses neveux obèses. Les retrouvailles sont savoureuses, Cate Blanchett est abjecte et son jeu empli de dégoût est joussif. Elle se raccroche à quelques bijoux et à des valises Vuitton, mais en réalité elle ne possède plus rien. Son mari était un escroc la laissant désargentée et sans travail.
L’autre chose savoureuse, en plus du grand fossé entre les deux soeurs, c’est de montrer ce personnage hautain et détestable devenir secrétaire médicale et reprendre des cours d’informatique pour se relancer dans les études. Cette étape où Jasmine doit reprendre tout à zéro entraîne le film vers des jours plus joyeux. Car le personnage interprété par Cate Blanchett fait vraiment peur. Le regard dans le vide, elle parle toute seule, pleure, se braque, transpire. Mais reprendre les études c’est se fixer des objectifs à atteindre. Parfait lorsque l’on doit recommencer sa vie. En plus de ça, Jasmine va trouver le prince charmant qui va pouvoir lui faire regoûter aux joies du luxe. Mais c’est sans compter Woody Allen qui, comme dans Match Point, n’épargne pas son personnage principal. En une rencontre, tout peut s’effondrer comme un château de carte. Et c’est ce qui fait la singularité de Blue Jasmine. Jamais le film n’a pour vocation de montrer la chute et la renaissance d’une femme victime qui apprend à être humble et à se débrouiller par elle-même. Non, le film est plutôt cruel quant au sort de cette ‘victime’.
Si jamais tu étais malheureuse, il fallait partir avant qu’il ne soit trop tard semble dire Woody Allen à Cate Blanchett. Et montre par la suite les dommages collatéraux d’une vengeance. C’est donc le prix à payer pour avoir fermé les yeux toute sa vie au profit de son confort personnel et luxueux.
Blue Jasmine est l’un des meilleurs crus de Woody Allen, et Cate Blanchett est une actrice que l’on rêve de voir devenir sa muse. Si Scarlett le fut pourquoi pas Cate ? Elle est terrorisante, pathétique, bouleversante. Elle est immense et impériale dans ce film dépressif dans lequel elle excelle. La scène du monologue face à ses neveux dans un restaurant est terrifiante et l’impose comme la performance de l’année.
Allez y confiant, ce Woody Allen est un must to see.
Comments
comments