Pour les remercier, j'ai décidé de changer de vie. Pas par conviction, j'ai même été tenté de redevenir délinquant mais j'ai été honnête avec moi-même : je devais tout faire pour devenir quelqu'un de bien.
Ce n'est pas par plus de flics, plus de prisons, plus de caméras qu'on résoudra les problèmes mais en apprenant le vivre ensemble.
J'aimerais ouvrir un centre de formation en prison. Il préparerait des gens à aller, à leur sortie, à la rencontre des jeunes des quartiers difficiles pour faire de la médiation, tenir un discours non-violent... il n'y a pas de gens irrécupérables. Des gens en prison sont en recherche d'un projet et ont envie de s'occuper des autres. Il y a plein d'exemples comme moi. Il faut mettre des guerriers non-violents sans les quartiers.
..on peut imaginer un camping-car allant de quartiers en quartiers. Mon rêve, c'est qu'à Clichy, on expérimente la non-violence en banlieue mais je manque de personnes qui me soutiennent, on n'a pas d'argent. La Fondation Abbé Pierre finance déjà mon travail, elle ne peut pas tout faire.
Il faut réfléchir plus vite que ceux qui ne pensent que sécurité. Quand il y a des problèmes, les gens ne disent pas "il faut plus d'éducateurs" mais "il faut plus de flics." Réoccuper vite, déjà, l'espace public. Si on ne le fait pas, plein d'autres, les extrémistes religieux, les voyous, les caïds, vont prendre la place, ils ont une autoroute devant eux. Les gens vont mal, ils en profitent. Les jeunes peuvent écouter n'importe qui venant les voir. Où sont les gens bien pensants ? »
Yazid Kherfi
(source : Histoires ordinaires)