MGMT, ou ManaGMenT, est un groupe américain de pop psychédélique dont la carrière fut lancée dès 2007 et leur premier album, Oracular Spectacular, grâce à des morceaux comme "Kids", "Electric Feel" ou encore "Time To Pretend". Aujourd’hui, ils nous présentent MGMT, leur troisième opus.
Ça, c’est la chronique que j’avais faite aux premières écoutes :
"Maintenant deux semaines que je repousse cette chronique, dans l’espoir de peut-être arriver à l’oublier. Parce que j’aime ce groupe, je n’ai pas envie d’en dire du mal. Et pourtant, c’est ce que je vais faire …
Dans la série "retour en force", je demande MGMT. Et dans la série "déceptions", je demande les mêmes. Ça commence à faire beaucoup d’un coup là. Non pas que ce soit foncièrement mauvais, loin de là, mais … merde, c’est quand même un groupe qui a su nous surprendre et nous pondre des petites merveilles comme "Of Moon, Birds and Monsters", à mi-chemin entre la pop la plus éclatante et le psychédélisme le plus acidulé ! Encore un groupe pour lequel l’évocation du nom nous ramène forcément au souvenir du premier album.
Aucune track ne ressort vraiment, mis à part "Your Life Is A Lie" et "Introspection", une reprise de Faine Jane dont le refrain est assez accrocheur. Ils se compliquent la vie. Trop de recherche. C’est tout à leur honneur, mais faut vraiment aimer ça. Et moi j’aime pas. Trop fouillis dans le son, cacophonie, surenchère de bruit. On s’emmerde pendant presque 10 chansons. On passera sur la TRÈS, TRÈS nette inspiration Pink Floyd sur "Cool Song No. 2" ("Goodbye Blue Sky", ça vous dit quelque chose les gars ?). Et que dire d’"Alien Days", PLUS qu’inspirée par le psychédélisme liverpuldien de la fin des années 60. On joue d’ailleurs à fond la carte du psychédélisme. Bon ok, les gars étaient presque à l’origine du renouveau du mouvement, mais maintenant, on en a soupé, quand c’est mal utilisé, c’est mal utilisé.
Petit mea culpa : je n’ai jamais pu apprécier un de leurs albums dans son intégralité. J’ai toujours eu des problèmes avec certaines chansons. Sur Congratulations, c’est la quasi totalité de l’album que je n’ai pas pu et su cerner. Faut pas s’étonner de la critique de MGMT donc.
Et ça, c’est celle que j’ai faite après le coup de foudre :
Comme à l’accoutumée, l’écoute de cet album n’est pas immédiate. Faut accrocher et s’accrocher. Tu peux pas l’écouter et jouer à Candy Crush en même temps. C’est aujourd’hui l’un des seuls groupes pour lesquels on ne peut pas dire d’instinct "je n’aime pas". Leur musique est trop complexe pour le pouvoir. Et cet album en particulier. Tu peux pas l’écouter en jouant à Candy Crush. Exit les petites mélodies pop fraîches et addictives. Sous une carapace psychédélique poussée à l’extrême, on parvient à découvrir des registres encore (presque) inconnus, des choses dont on ne soupçonnait pas l’existence.
On est approximativement sur une moyenne de 253 instruments par seconde. Autant dire que l’on a les oreilles bien remplies. Dans la tradition du rock progressif qu’ils semblent de plus en plus apprécier et utiliser. Certaines chansons, même torturées, nous régalent. Parce qu’on y retrouve côté pop que l’on aime tant dans leur musique. Mais il y en a d’autres que l’on a du mal à faire passer, beaucoup beaucoup trop expérimental pour le coup. Allez, place à la review chanson par chanson :
"Alien Days" : une entrée en matière à l’image du groupe et de l’album. Un rythme et une mélodie qui ne sont pas sans rappeler "I Am The Walrus" des Beatles. "Cool Song N°2" : le dernier single en date tiré de l’album. Qui n’a pourtant pas le format adéquat, et qui doit mal passer en radio. On est toujours dans le progressif – psyché, avec le fameux passage évoqué précédemment assez honteusement emprunté à Pink Floyd. Une bonne chanson. "Mistery Disease" : l’intro nous ramène directement du côté des Tame Impala. Pur psychédélisme (multitude d’effets utilisés). Une des chansons les plus envoutantes de l’album (même si l’on tourne un peu en rond). "Introspection" : reprise de Faine Jade de 1968 (honnêtement, qui connaissait déjà ce guitariste ?), presque à l’identique. Andrew VanWyngarden n’a rien changé aux intonations. C’est un peu comme une version remasterisée et modernisée. Et bizarrement, c’est une des meilleures chansons de l’album. C’est dans les vieux pots … "Your Life Is A Lie" : la chanson la plus originale, la plus barrée, la plus inspirée de l’album. Un bonheur. Instru percutante, paroles on ne peut plus claires. À peine deux minutes au compteur, mais deux minutes intenses. Fait marquant de l’album. "A Good Sadness" : attention, Animal Collective inside. Donc, une des tracks les moins accessibles de l’album. On est sous des nappes et des nappes de synthés et de voix, pas mal mais rapidement prise de tête. Très expérimental. "Astro-Mancy" : encore un morceau très expérimental, qui nous paume un peu à vrai dire. On a envie de l’aimer, cette boucle de basse, ces sons électroniques, mais on y arrive difficilement. À ne pas écouter en cas de migraine. Malgré tout une des meilleures chansons de l’album. Paradoxal ? Oui oui. "I Love You Too, Death" : psychédélisme expérimental qui, ça y est, nous fait en avoir marre de cette masse de sons. "Trop c’est trop" prend tout son sens. Extrêmement prise de tête. Chanson dispensable. "Plenty Of Girls In The Sea" : enfin réapparait l’aspect pop de leurs compositions. When Beatles meet Flaming Lips. La cacophonie aura raison de mon attrait pour cette chanson. J’exprime déjà mes condoléances aux personnes écoutant cet album avec le son d’un ordi, d’un iPhone ou de mauvais écouteurs. Un coup à se flinguer les écoutilles. "An Orphan Of Fortune" : on retourne pour cette chanson de clôture à des choses plus appréciables. "Alien Days" était une parfaite entrée en matière, "A Orphan Of Fortune" est le meilleur choix pour terminer l’album. Une ballade au milieu des kaléidoscopes. On retourne dans les années 70. Le spectre des Floyds plane au dessus de nos têtes. Une deuxième fin dans la chanson dont on aimerait qu’elle aboutisse sur une autre chanson.
Un seul potentiel single possédant une force de frappe digne de la Syrie des États Unis : Your Life I A Life. Malgré tout, MGMT demeure un album dont les inspirations sont tangibles. Il oscille très clairement entre les Flaming Lips de Yoshimi Battles The Pink Robots et les Beatles du Magical Mystery Tour, il nous évoque Pink Floyd dans certaines compositions … On distingue en définitive deux parties dans cet album : la première moitié davantage propice aux "singles" et plus pop, la seconde voguant vers l’expérimental le plus poussé. Ça en déroutera certains, en perdra d’autres, et ravira les conquis par Congratulations, leur précédent album.