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L’article où y a une grosse faille

Par Nelcie @celinelcie

Découvrir un film de Danny Boyle est une chose que j’attends avec plus ou moins d’appréhension. En effet, jusque là j’ai soit adoré, soit pas du tout aimé ses œuvres.
J’ai beaucoup aimé l’humour noir absolument diabolique qui caractérise Petits meurtres entre amis.
J’ai adoré Trainspotting où le réalisateur ne fait pas dans la complaisance pour filmer cette bande qui ne pense qu’à se shooter. Le ton ironique et si grinçant n’y est pas pour rien.
J’ai été très déçue par la romance trop niaise de Une vie moins ordinaire.
Je suis restée sur le bord de la plage , film dont le seul intérêt réside dans la beauté des paysages…

C’était donc avec une grande impatience que j’avais été voir 127 heures au cinéma

L’article où y a une grosse faille

Synopsis 

L’histoire, c’est celle de Aron Ralston, jeune tête brûlée qui aime les randonnées en solitaires dans les gorges de l’Utah. Il s’aime également beaucoup, et n’hésite pas à se filmer ou se prendre en photo à la moindre occasion. Et que je me photographie après une gamelle en vélo, et que je me filme en train de plonger…. Et puis un jour, il tombe, un rocher lui tombe dessus et lui coince le bras. Après 127 heures de calvaire, sa seule solution pour s’en sortir vivant : se couper le bras.

Mon avis

J’ai envie de commencer par vous parler de la bande annonce. S’il y a une chose que je déteste, ce sont les bande annonce qui vous racontent tout le film et vous montre les scènes les plus importantes ou tous les gags d’un film comique. Vous regardez la pub à la télé, vous connaissez le film…

Ici, bonne surprise : ça n’est pas le cas. La bande annonce est plutôt bien faite puisqu’elle nous présente bien le sujet du film, tout en gardant une part de mystère car les scènes sont savamment mélangées. Cela laisse au spectateur le plaisir de découvrir le film sans avoir l’impression de l’avoir déjà vu en raccourci, sans pour autant l’avoir induit en erreur.
J’ai trouvé cette bande annonce très bien pensée.

Venons en maintenant au film

Qui a l’habitude des films de Danny Boyle reconnaîtra rapidement sa signature dans cette façon de filmer. Une trame principale entrecoupée de scènes « flash », qui servent à renforcer une idée, un état d’esprit ou une situation présentés dans la trame.
Dans 127 heures, ces flash sont omniprésents et s’avèrent tour à tour excellents et très prenants ou piteusement déplorables et inutiles. En gros, ça passe ou ça casse.
Dans le cas présent, ils sont bien sûr utilisés pour que nous, spectateurs, nous glissions dans la tête d’Aron, prisonnier de son rocher. Le but étant de nous faire partager ses délires et ses angoisses. Pour moi, le pari n’a été qu’à moitié réussi.
J’ai été totalement immergée dans les délires du personnage tant qu’on restait dans le lieu même de l’accident. Le voir en train de se filmer de manière humoristique mais tellement cynique en même temps apporte une atrocité palpable à la situation dramatique. Plusieurs fois j’ai ri, mais jaune. Dans ma tête, j’entendais les dents d’Aron grincer.
En revanche, lorsque le réalisateur m’emmenait physiquement hors de la faille où était coincé le héros, et bien je m’évadais physiquement et moralement du film. Aron qui repense à sa copine, va chez elle, ça m’a laissé perplexe et je ne l’ai pas du tout suivi dans son cheminement. Ou plus exactement, je n’arrivais pas à me mettre dans sa tête pour comprendre ce qui lui traversait l’esprit. Et surtout, j’ai trouvé que ça coupait cette sensation de solitude et d’isolement dans laquelle est plongé le protagoniste.
J’ai tiqué sur quelques images, très Danny Boyle, qui selon moi ne s’imposaient pas. Voir l’intérieur d’une gourde quand Aron boit, c’est original une fois. La deuxième fois je me dis que mouais pourquoi pas. La troisième ça m’ennuie. Personnellement, je ne vois pas ce que ça apporte de plus au film.

J’ai été bluffée par le jeu de James Franco dans la peau d’Aron Ralston. En plus de porter un rocher sur son bras, il porte admirablement le poids du film sur tout son être. J’avais trouvé son interprétation du Bouffon vert dans Spiderman convaincante. Ici, il confirme son talent en prouvant qu’il est capable de faire partager toute une palette d’émotions.

Je dois avouer que j’avais un peu peur de m’ennuyer à rester coincée dans cette faille avec le héros. Et bien, finalement c’est quand j’en sortais que je lâchais prise. Je suis persuadée que l’excellente interprétation de l’acteur y est pour beaucoup.
J’ai beaucoup aimé la qualité photographique qui se dégage de la pellicule. Il est vrai que les paysages sont magnifiques, et cela aide beaucoup. Les contrastes des couleurs sont très bien travaillés. La saturation renforce bien la couleur ocre de la terre, augmentant l’aspect aride du lieu. Et quand on passe du jour à la nuit ou de la nuit au jour, les jeux d’ombres et de lumières sont vraiment très bien réalisés.
Je ne me souviens plus trop de la musique, en revanche les silences m’ont marqués. Parfois, je ne les remarquais pas immédiatement, puis tout à coup je réalisais qu’il n’y avait pas de musique, mais juste un silence complet, appuyant insidieusement sur la solitude du personnage. Cela rendait cet isolement psychologiquement beaucoup plus insupportable.
J’ai aimé la montée en adrénaline que m’a procuré l’attente du moment où il allait se couper le bras. Evidemment, chaque fois qu’il empoignait son « couteau », mon cœur battait à 300 à l’heure. Est-ce maintenant ? Je me prépare à fermer les yeux au cas où le sang giclerait trop fort. Lorsque l’action n’a pas lieu, on ressent comme un soulagement, aussi bien pour soi même, mais aussi pour le personnage.
J’ai adoré détester cette scène culte.
Ces quelques minutes sont dures, très violentes. Ça gicle, ça sanguinole et c’est totalement insupportable. En plus, moi j’suis un peu chochotte, j’aime pas quand y a du sang…
En effet, Danny Boyle réussit un tour de force magistral en nous faisant croire que l’on voit réellement tout. Nous ne sommes plus dans du suggéré comme l’on peut voir dans certains films d’angoisse qui laisse le spectateur imaginer. Là, j’ai « assisté » à la séquence du protagoniste en train de se charcuter.

Et finalement, cette scène tant attendue a réussi à me prendre totalement par surprise.

En conclusion
Ma plus grosse crainte était de m’ennuyer à regarder Aron Ralston se dépétrer de son rocher. Danny Boyle a su me tenir en haleine jusqu’au bout tout en gardant sa signature très caractéristique.

Et si parfois j’ai un peu lâché prise, notamment lors des flash hors zone d’accident, James Franco a réussi à me faire partager cette angoisse qui va monter en puissance jusqu’à la décision fatidique.

127 heures n’est pas selon moi le plus grand film de Danny Boyle, mais il fait partie des meilleurs.


Classé dans:Le Nelcinéma Tagged: cinéma, Danny Boyle, James Franco

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