A €120 000 le dimanche par infraction constatée, la note risque d’être salée pour Leroy Merlin et Castorama. Mais derrière cet épisode juridique animé se cache un enjeu de taille pour les deux chaînes auxquelles s’ajoute l’enseigne Bricorama: capter la clientèle des bricoleurs du dimanche et si possible celle des concurrents. Les libéraux de tous poils s’empresseront de s’indigner des "mauvaises manières" faites à ces enseignes au motif qu’il faut "libérer les énergies, que c’est bon pour la croissance, que l’ouverture du dimanche est créatrice d’emploi et qu’en plus les salariés que l’on paye plus cher, sont d’accord".
Certains sont toutefois perplexes : le marché du bricolage, s’il conserve quelques marges de progression, est comme les autres. Même s’ils ouvriraient 24H/24 et 7/7jours, ces magasins n’engendreraient du bénéfice qu’avec la disparition d’un de leur concurrent. La vraie "guerre" se prépare entre les enseignes, et non contre une décision judiciaire.
Bien évidemment, le travail du dimanche peut rester une possibilité pour ceux qui le souhaitent, bien que ce souhait ne soit pas pérenne compte tenu de l’évolution dans le temps des situations pécuniaires ou familiales de chacun. On sait aussi que les "volontaires" pour travailler le dimanche n’ont pas toujours le choix s’ils veulent conserver leur travail. Les étudiants ou autres précaires sont prêts à tout accepter ; ils regardent d’abord le bulletin de salaire avant de se questionner sur les avantages que procure la vie sociale. Mais combien y aurait-il eu de "volontaires" en l’absence de majoration salariale ?Supposons que le dimanche soit un jour travaillé comme les autres dans tous les secteurs. Il y aurait fort à parier que le bonus financier concédé aux salariés disparaîtrait, laissant place à jour payé comme les autres. Considérer le dimanche comme un jour ordinaire dans tous les secteurs assécherait la visite des clients-bricoleurs, postés en première ligne. Un combat sectoriel par la recherche d’un privilège que certains ne veulent pas partager.
Les français n’en sont plus à "sanctuariser" le dimanche pour des raisons religieuses… Mais avouez tout de même que la partie de foot, le ramassage des coquillages, des champignons, des noisettes, le repas de famille, la balade au parc, la partie de pêche avec les enfants ou les amis, le ciné avec le ou la p’tit(e) ami(e) ou tout simplement la grasse mat’ sous la couette conservent encore cet atout majeur du "bien-vivre" en société.F/G