La gynécomastie est une anomalie masculine qui se définit par la présence de seins proéminents. La gynécomastie réelle (gynécomastie glandulaire) est causée par un surplus de tissus glandulaires. Elle est souvent associée à un excès graisseux localisé au niveau de la poitrine. Elle peut être symétrique ou asymétrique, et se présenter de façon unilatérale ou bilatérale. Son existence est le plus souvent mal vécue, induisant de grands complexes psychologiques chez l’homme qui en souffre: difficulté à l’habillement, dans l’intimité, dans les vestiaires, à la piscine…
- La gynécomastie glandulaire: l’hypertrophie mammaire est due à un excès de glande mammaire. Le sein est dur à la palpation. Une échographie mammaire et une mammographie sont réalisées afin de confirmer l’excès de composante glandulaire.
Un bilan endocrinien est réalisé systématiquement pour déterminer les dosages hormonaux. En cas de désordre hormonal, une cause pathologique ou médicamenteuse est recherchée.
- L’adipomastie: encore appelée pseudo gynécomastie, l’adipomastie désigne une hypertrophie mammaire causée par un excès adipeux sans atteinte de la glande mammaire. Les adipomasties sévères s’intègrent souvent dans le cadre d’une hyperadiposité voire d’une obésité généralisée. A la palpation, le sein est mou et souple. Sa consistance peut être gélatineuse.
Un bilan clinique, mammographique et échographique permet de confirmer le diagnostic d’adipomastie et l’absence d’excès de glande. Le traitement de l’adipomastie repose sur la liposuccion.
- La gynécomastie mixte: fréquente, il s’agit d’une gynécomastie glandulaire associée à une adipomastie.
Les origines de la gynécomastie glandulaire
· Causes pathologiques
- maladies générales: maladie du rein (insuffisance rénale chronique, cancer du rein), cirrhose hépatique, insuffisance testiculaire (atrophie du testicule).
- troubles endocriniens: hyperthyroïdie, adénome à prolactine, maladie d’Addison, Acomégalie.
- syndromes paranéoplasiques: tumeur du testicule, tumeur de la glande surrénale (tumeur féminisante), tumeur du poumon.
- maladies génétiques: syndrome de Klinefelter (l’homme possède des chromosomes surnuméraires), dystrophie myotonique de Steinert.
· Causes médicamenteuses (dîtes causes iatrogènes)
La gynécomastie est provoquée par une toxicité médicamenteuse: il peut s’agir de médicaments utilisés dans le cancer de la prostate, des anti-androgènes, la spironolactone (Aldactone, Aldactazine), le Kétoconazole, la cimétidine (Tagamet), certains neuroleptiques, antidépresseurs tricalciques, antimitotiques, antiémétiques,…
La gynécomastie peut également être provoquée par la prise de stupéfiants: amphétamines, opioïdes, marijuana, cannabis, stéroïdes anabolisants, cocaïne.
· Causes physiologiques ou idiopathiques
Ce sont des cas ou la gynécomastie est considérée comme normale. On parle de gynécomastie essentielle ou idiopathique.
La gynécomastie peut se présenter physiologiquement :
- Chez le nouveau-né et est due au passage des hormones maternelles.
- Lors de la puberté, la gynécomastie est fréquente mais se résoud le plus souvent spontanément en 2 ou 3 ans. Elle est due aux modifications hormonales typiques de la puberté.
- La gynécomastie se manifeste également chez l’homme âgé et est causée par une diminution de la production de testostérone.
Traitement médical
Lorsqu’une cause est retrouvée, le traitement de la gynécomastie consiste à traiter en premier lieu la cause.
S’il s’agit d’une cause médicamenteuse, les médicaments engendrant la gynécomastie sont remplacés dans la mesure du possible. Si la gynécomastie est due à une cause pathologique, un traitement hormonal pourra être prescrit par un médecin endocrinologue.
Le traitement chirurgical ne peut être envisagé que si aucune cause n’a été retrouvée, ou après échec du traitement de la cause.
Traitement chirurgical
L’anesthésie est générale. La durée de l’hospitalisation est en général d’une journée
L’intervention se déroule en plusieurs étapes.
- Une liposuccion (lipoaspiration) est presque systématique. L’aspiration des tissus graisseux excédentaires permet de réduire les décollements chirurgicaux, de désépaissir les seins et d’obtenir un meilleur résultat général. A noter, en cas d’adipomastie, une lipoaspiration isolée suffit à corriger l’hypertrophie mammaire.
- Une mastectomie sous-cutanée: la glande mammaire en excès est ôtée chirurgicalement par une incision autour de l’aréole (incision péri-aréolaire inférieure). Cette cicatrice à terme est quasi imperceptible, car dissimulée par la pigmentation naturelle de la zone aréolaire.
- Dans certains cas, le chirurgien plasticien peut réaliser un retrait de l’excédent cutané. Il s’agit alors d’un patient présentant une peau de mauvaise qualité, qui ne pourrait se rétracter de façon optimale sur le nouveau volume amoindri des seins.
Un drainage peut être laissé durant 24h afin de diminuer les saignements, d’éviter la formation d’un hématome et d’obtenir des suites postopératoires plus rapides. Un pansement compressif est ensuite mis en place. Les douleurs sont modérées et soulagées par la prise d’antalgiques simples. La présence d’ecchymoses (bleus) est normale et ce phénomène s’estompe au bout de quelques jours. Un œdème est classique et consécutif à l’opération: il se résorbe progressivement au bout d’un mois environ selon les patients. Le port d’un vêtement compressif de type boléro le mois de l’intervention contribue à la résorption de l’œdème et à éviter la formation d’un hématome. Une insensibilité des mamelons peut être ressentie mais est temporaire.
Risques: Le recours à un chirurgien habilité à ce genre d’intervention, inscrit à l’Ordre National des Médecins et exerçant dans un lieu réellement chirurgical et agréé permet de limiter les risques.
Les risques liés à l’anesthésie sont évoqués par le médecin anesthésiste. Il s’agit notamment des risques d’accidents thromboemboliques: phlébite, embolie pulmonaire.
Les risques inhérents à l’intervention de gynécomastie sont heureusement exceptionnels: infections, hématome nécessitant une ré-intervention rapide, nécrose retardant les suites et la cicatrisation, épanchement séreux, troubles de la cicatrisation (cicatrices chéloïdes), hypercorrection ou insuffisance de correction pouvant nécessiter une retouche au bloc, défaut de résultats (zone de creux, nodules sous la peau, surplus résiduel de peau), asymétrie des seins…
Prise en charge par la sécurité sociale: Le tarif d’une intervention de gynécomastie est établi selon les honoraires du chirurgien esthétique et des honoraires du médecin anesthésiste. Le prix d’une opération d’une gynécomastie peut être pris en charge par l’assurance maladie et remboursé par la mutuelle dans certains cas: gynécomasties sévères avec répercussions psychologiques, gynécomasties asymétriques, douloureuse,…
Résultats: Les résultats sont optimaux et définitifs 6 mois environ après l’intervention, le temps que l’œdème disparaisse en totalité, que l’ensemble des tissus mammaires s’assouplissent et que la peau se rétracte sur le nouveau volume des seins. Une reprise de croissance de la gynécomastie est rare. Les bénéfices de l’intervention sont aussi bien physiques que psychologiques: le patient revit, retrouve sa virilité grâce à une poitrine d’allure normale.
Auteur, contributeur de la rubrique » Esthétique « : Dr David Picovski, spécialiste en chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique à Paris.