La grâce des brigands – Véronique Ovaldé

Par Theoma

A seize ans, Maria Cristina Väätonen quitte sa famille. Elle quitte le grand Nord pour Los Angeles, rencontre son mentor, écrit son premier roman et tente de s'affranchir d'un passé qui souhaite la rattraper.

Il est difficile pour moi d'écrire un avis de lecture sur La grâce des brigands. Parce que je l'ai lu sans déplaisir mais aussi sans plaisir. Parce que j'aurais voulu aimer. Parce que j'ai peut-être été influencée par les nombreuses critiques dithyrambiques et que du coup, j'en attendais plus. Parce que j'ai eu un coup de cœur foudroyant pour Ce que je sais de Vera Candida. Parce que je m'en veux de comparer les deux livres. Parce que j'aime cette écriture alanguie, d'une douce mélancolie. Parce que je ne sais pas pourquoi je n'ai pas été aspirée.

Véronique Ovaldé a le goût des héroïnes. Elle sait conter l'histoire de femmes dont la vie semble être banale. Le carcan de la famille, la culpabilité qui empêche d'avancer, partir pour éviter la folie que l'on devine proche. La grâce des brigands parle aussi de l'acte d'écrire son histoire. La difficulté d'approcher de la vérité alors que l'on décrit uniquement son ressenti et sa propre vision des événements.

Tout a glissé sur moi excepté les dernières pages où j'ai soudain été ferrée. Pourtant, je le sais, il ne m'en restera pas grand chose. Quand on manque un rendez-vous avec un auteur que l'on apprécie, c'est toujours un regret.

L'Olivier, 284 pages, 2013

Extrait

« Je sais qu'un jour, disait-elle à Joanne, les angoisses m'étoufferont et m'empêcheront définitivement de voir le monde tel qu'il est, ce sera comme une cataracte, quand le cristallin se trouble, et je deviendrai insupportable, d'une anxiété asphyxiante. L'angoisse m'étreindra parce que les lumières seront allumées et que je ne saurai pas où sont les ampoules, parce qu'on annoncera un orage et que je ne saurai pas changer les plombs, parce que la porte germera al et que j'aurai entendu du bruit dehors, parce que deux fourmis trottineront sur le parquet et qu'elles seront sans doute venues coloniser la maison pour installer leur fourmilière au milieu du salon, parce que j'aurai cette drôle de douleur dans la jambe gauche et qu'elle sera peut--être en train de se paralyser, du reste ne sommes-nous pas tous en train de nous diriger vers une paralysie définitive, et on ne pourra plus me parler, je serai en circuit fermé, je serai une petite vieille perpétuellement affolée, sur le qui-vive, ressassant et remâchant, avec des lèvres qui pépient en silence et les mimiques de celle qui converse avec les fantômes, et on ne pourra plus me parler, je n'entendrai plus rien de ce qu'on me dit, mes oreilles bourdonneront envahies par mon angoisse, je serai coupée du monde.Comment échapper à une si piteuse vieillesse ? »

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