" A toute épreuve"
" A toute épreuve" est le titre de l'exposition actuelle de Julien Beyneton à la galerie Olivier Robert à Paris. Pour un artiste de trente-six ans, la peinture pourrait ne pas aller de soi. Ici, au contraire, elle s'installe sans gêne aucune dans une figuration délibérée, un réalisme assumé. "A toute épreuve" est la titre d'une vidéocassette visible dans un tableau. Outre la référence à ce film, de quelles épreuves s'agit-il ?
" The B.A.G." 2012 Julien, Beyneton,
Difficile de ne pas penser à l'épreuve photographique. Mais la précision technique de l'artiste ne m'apparaît pour autant comparable à celle de l'hyperréalisme auquel on rattache parfois cette peinture. Les hyperréalistes américains des années soixante dix entretenaient délibérément l'ambiguïté entre peinture et photographie avec l' incroyable rendu photographique de leurs tableaux. Dans les peintures de Julien Beyneton une certaine distance subsiste me semble-t-il avec le réel photographique. Pour autant, dans "The B.A.G." de 2012 présenté dans l'exposition, le plan cadre les personnages prenant la pose comme devant un appareil photo.
Julien Beyneton carton d'invitation de l'exposition "A toute épreuve"
Le monde dans lequel évolue le peintre et sa peinture est celui de sa génération, un univers urbain, banlieusard. Il y est question de musique Hip-hop, de vidéo, film, DVD, clé USB, téléphone portable, de squate-board. La dureté des rapports humains pourrait être une des épreuves de ce milieu dont la culture n'ignore pas la violence. Le film "A toute épreuve" évoqué plus haut est à cette image, agité par le crime, les gangs, les règlements de compte.
L'artiste revendique une certaine objectivité dans sa peinture.
Haute définition "Je reste , dit-il, un chroniqueur de mon temps et de la société dans laquelle je vis."
Haute définition
Nous savons bien que l'objectivité photographique n'a rien d'objectif et que le photographe (ou le peintre) a lui-même un objectif. Quel est-il ? Julien Beyneton souhaite être un chroniqueur de son époque. Cette chronique passe, en effet, par le regard qu'il porte sur son prochain. Dans cette époque l'image omniprésente multiple les supports de plus en plus sophistiqués. De la pellicule photographique à la bande vidéo, puis à l'image dématérialisée sur un DVD ou clé USB, cette image n'en finit pas de gagner en précision, en définition. La peinture de Julien Beyneton suit ce même mouvement. D'année en année, ses toiles s'affirment en direction de cette précision technique portée à l'extrême. Cette Haute définition est à l'image de l'époque dont il souhaite être le chroniqueur.
Mais, à l'instar de l'appareil photographique, la haute définition n'induit pas l'objectivité. Je serais tenté d'y voir une qualité. Le peintre n'est pas devant le monde. Il est dans ce monde. Son regard n'est pas neutre, il participe à la mémoire future de son temps. Et si les images de l'époque gagnent en définition technique, la peinture de Julien Beyneton nous interpelle sur cette façon de restituer un réel et propose une certaine image dont il reste à cerner la définition.
Photos: Galerie Olivier Robert
"A toute épreuve"
Julien Beneyton
7 septembre- 19 octobre 2013
Galerie Olivier Robert
5 rue des Haudriettes
75003 Paris