CANCER en Europe: La survie directement associée aux dépenses de santé – ECC2013 et Annals of Oncology

Publié le 30 septembre 2013 par Santelog @santelog

Tout comme l’espérance de vie est plus élevée dans les pays qui dépensent plus pour leur santé, la survie après diagnostic de cancer en Europe est directement associée au niveau de richesse et de dépenses de santé des différents états européens, conclut cette étude belge, présentée au Congrès européen 2013 du cancer (ECC2013) et publiée simultanément dans les Annals of Oncology. Une association qui se révèle encore plus forte dans le cas du cancer du sein en raisn des différences d’accès au dépistage comme aux traitements. Bref, en matière de cancer, à travers l’Europe, les disparités demeurent.

Le Dr Felipe Ades, oncologue au Breast European Adjuvant Studies Team (BrEAST), un centre belge de recherche en oncologie, indique, en résumé que plus le niveau de richesse et les dépenses de santé d’un pays sont élevées, plus l’augmentation de l’incidence des cancers et de la mortalité associée est diminuée. C’est particulièrement vrai dans le cas du cancer du sein, où l’augmentation des dépenses de santé semble être encore plus fortement associée à de meilleurs résultats de survie.

« Nous avons constaté qu’en dépit de toutes les initiatives visant à normaliser les politiques de santé publique, il existe une variation significative entre les dépenses de santé, l’incidence et la mortalité des cancers dans les 27 Etats membres de l’UE. Une disparité criante entre les pays d’Europe occidentale et orientale  ».

L’équipe a travaillé à partir des données de l’Organisation mondiale de la Santé, du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, a pris en compte la part du PIB investie dans la santé, les dépenses de santé par habitant et par an et comparé ces indicateurs de dépenses avec les estimations des taux de décès après un diagnostic de cancer.

Disparité des dépenses de santé : Alors que la population d’Europe occidentale, soit environ 400 millions d’habitants est 4 fois supérieure à celle de l’Europe de l’Est, le PIB total des pays occidentaux est 10 fois supérieur à celui de l’Europe de l’Est. Les dépenses de santé sont fortement corrélées avec le PIB par habitant et le pourcentage du PIB consacré à la santé. Ainsi, les dépenses de santé par personne et par an sont d’environ 2.600 dollars au Portugal qui a le niveau de dépenses le plus faible en Europe occidentale à comparer avec 2.551 dollars pour la Slovénie qui a la dépense par habitant la plus élevée à l’Est. A titre de comparaison, le Luxembourg a la plus forte dépense par habitant, soit 6.592 dollars, la Roumanie la plus faible, 818 dollars.

Disparité d’incidence et de survie après diagnostic : Les chercheurs constatent que l’Europe de l’Est présente une incidence inférieure du cancer mais une mortalité plus élevée, alors que pour l’Europe de l’Ouest, c’est l’inverse. «  Les pays d’Europe de l’Est, à l’exception de Chypre, ont des taux de mortalité plus élevés que les pays d’Europe occidentale, davantage de patients meurent après un diagnostic de cancer en Europe orientale qu’en Europe occidentale  ».

La survie au cancer fortement associée aux dépenses de santé : Plus un pays dépense pour la santé, moins de patients meurent après un diagnostic de cancer.

·   Dans les pays qui dépensent moins de 2.000 dollars par habitant en soins de santé, comme la Roumanie, la Pologne et la Hongrie, environ 60% des patients meurent après un diagnostic de cancer,

·   dans les pays qui dépensent entre 2.500-3.500 dollars (Portugal, Espagne et Royaume-Uni), le taux est d’environ 40 % et 50 %

·   dans les pays qui dépensent 4.000 dollars et plus (France, Belgique et Allemagne), moins de 40% des patients meurent.

L’étude ne donne pas les raisons de l’incidence plus élevée de cancer dans les pays européens occidentaux, mais suggère des inégalités de dépistage.

Le cas du cancer du sein : Les auteurs constatent que l’association entre un niveau de richesse et de dépenses de santé plus élevé et l’incidence du cancer est encore plus forte dans le cas du cancer du sein. Ils expliquent cette association par un accès élargi au dépistage, mais pas seulement. Car le ratio décès sur cas diagnostiqués reste plus faible avec un niveau de richesse plus élevé.

L’Europe sanitaire n’existe pas… pour preuve, ces différences marquées entre l’Europe orientale et occidentale en ce qui concerne le cancer et cela malgré les initiatives visant à normaliser les soins de santé à travers le vieux continent.

Sources:

The European CanCer Organisation (ECCO) 2013, September 27 Survival after cancer diagnosis strongly associated with governments spending on health care (Visuel Eurostat 2008)

Annals of Oncology doi: 10.1093/annonc/mdt352 Discrepancies in cancer incidence and mortality and its relationship to health expenditure in the 27 European Union member states