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Soldes

Publié le 03 mai 2008 par Dunia

Boxe au supermarché 

La bagarre du plus au meilleur prix

Bien qu’elle ne comprenne pas mes sautes d’humeur, mes états dépressifs récurrents et mes crises d’asthme à la moindre contrariété, j’ai la chance énorme d’avoir une famille qui m’aime comme je suis. Qui m’accepte. Qui m’aide malgré les différents que j’ai parfois avec elle. En tant que fille unique élevée entourée de tantes, oncles, cousin et cousines, j’utilise le mot famille au sens élargi. Sinon je dis simplement mon père, ma mère ou mes parents. J’ai parfois eu l’impression d’être le mouton noir de ma tribu. A présent je m’aperçois que je suis celle qu’on aime, qu’on accepte telle quelle est,  car bien que chaque être humain soit unique, au sein de ma famille je suis celle qui se détache le plus dans sa spécificité. Chez les miens je suis l’artiste. Leur artiste. Leur écrivain. Ils me respectent comme dans d’autres clans on respecte le cousin curé ou la tante carmélite.

Grâce à ma famille -parfois à mes amis, je pense en particulier à Vicky que je remercie au passage pour l’aide qu’elle m’apporte en tout- malgré la précarité de ma situation, j’ai un quotidien fort agréable, car non seulement elle égare des billets dans mes poches, mais en plus je peux compter sur elle pour de nombreux coups de main, parfois à la limite de l’envahissant tant elle veut bien faire, comme je l’ai conté l’an passé sur le blog. Heureusement ma famille, contrairement à d’autres familles, finit toujours par comprendre jusqu’où ne pas aller pour ne pas exacerber mes états dépressifs, mes crises d’asthme, mes colères ou mes envies de meurtre dévastateurs.

Depuis l’été passé j’ai économisé, billet après billet, tous les extras donnés par mes proches, ce qui non  seulement m’a permis d’acheter l’armoire de mes rêves et un lit royal, mais aussi de pouvoir décider d’améliorer un peu mon intérieur. Après le paiement du mobilier, j’ai consulté les trois kilos et demi de paperasses que je reçois dans ma boîte aux lettres depuis que je n’ai plus l’autocollant de la société des consommateurs précisant que je ne souhaite pas de publicité, et j’ai repéré que, mercredi 30 avril, un grand supermarché français installé dans la région faisait de super offres sur le textile, en particulier sur les parures de lit dont j’ai grandement besoin pour habiller ma couche princière. D’autres magasins et hard discounter s’adonnaient aussi à de nombreuses soldes et liquidations en cette fin avril, j’ai donc pris une carte de bus pour la journée, car à partir de quatre courses elle s’avère nettement plus économique que le billet unique, j’ai mis ma conscience de boycotteuse du travail précaire dans les oubliettes de mon cerveau -oui parce que pour casser les prix de la sorte, il faut en voler du monde tout au long de la chaîne du travail, qui va de l’ouvrier du textile chinois à la caissière qu’on garde esclave de l’emploi sur appel, cependant lors des cassages de prix, on s’aperçoit aussi à quel point les supermarchés s’en mettent plein les fouilles avec les marges, car braderie ou pas, ils ni perdent jamais un seul centime et ce n’est  pas pour autant, lorsqu’on paie le plein tarifs, que ceux qui exécutent le travail sont mieux payés-  ainsi que mes a priori anti-commerciaux, et de consacrer cette veille de 1er mai à me FAIRE PLAISIR! Finalement ce n’est pas moi qui vais changer le monde à moi toute seule non? Et puis bon, j’ai beau mettre les pieds au mur, j’avoue franchement qu’il m’est ULTRA JOUISSIF DE DÉPENSER DE L’ARGENT!

A neuf trente tapantes, me croyant matinale, j’entrais dans le temple de la consommation. Une foule surexcitée envahissait déjà la place, largement entremêlée d’une multitude incroyable d’hommes en noire à la casquette paramilitaire, que j’ai immédiatement identifié comme un service de sécurité privé presque aussi nombreux que les acheteurs. Aux caisses, dans les queues longues comme des mois sans paie, des mères de famille attendaient avec des chariots pleins, parfois d’une trentaine ou plus, de parures de lit. Des femmes, accompagnée souvent de leurs copines, de leurs soeurs, leurs mères ou filles, s’agglutinaient vers le textile, choisissaient les plus “belles” fourres de couette et taies d’oreiller, généralement des imprimés aux couleurs vives avec de grosses fleurs, se les réservaient en les donnant à la copine qui surveillait jalousement la marchandise choisie par la première femme, plantée devant la console afin de barrer le passage aux autres acheteuses! Agacée d’avoir à me battre pour acheter de quoi vêtir mon nouveau matelas, j’ai tiré ma plus sale tronche, sorti mes coudes, me suis gonflée tel un mammifère hérissant ses poils avant l’attaque d’un adversaire et, avec des “excusez-moi je veux passer” peu amènes, je suis parvenue à me faufiler jusqu’à atteindre la  marchandise. Heureusement, mon goût des couleurs et de la décoration diffère de celui de la majorité des clients de supermarché, car il ne restait quasiment plus que des draps unis ou avec des motifs simples, exactement dans les couleurs que je souhaitais, c’est-à-dire certainement pas bordeaux, fuchsia ou orange vif avec de grosses roses!

Après cette première bagarre, ultra chargée, je suis retournée chez moi afin de déposer la marchandise. J’ai passé la journée de mercredi à faire des aller-retour entre ma douce maison et les champs de bataille de l’hystérie marchande. J’avais l’impression d’être aux soldes de Tati République,  du temps ou je suivais une formation théâtrale à Paris au début des années 80, époque à laquelle j’ai décidé que PLUS JAMAIS DE MA VIE JE NE M’ABAISSERAI à cette guerre entre rombières car en ce temps-là je n’avais pas encore la tactique pour m’imposer. Autrefois, je ne savais qu’être genitlle et polie, ce qui est une fort mauvaise technique pour s’adonner aux soldes.

Vivement que j’aie tout ce dont j’ai besoin pour mon cocon, que je puisse m’y enfermer, sans plus devoir participer à la grande guerre des prix cassés.

Un aveu honteux quand même: rhaaaaaaaaa, c’est putain de bon de dépenser du fric! Dommage qu’il me faille le faire aux soldes, parce que ce doit être nettement plus voluptueux de sortir sa carte gold dans un magasin de luxe, sans devoir se battre ni compter!

A présent, j’ai assez de draps et de couvertures pour inviter douilletement mes amis, mes neveux, mes cousines, ma mère et… même mon voisin le tatoué* … à passer de chaudes et confortables nuits, dans mon pays de loups.

*Est-il besoin de préciser que c’est un plaisanterie? En principe je ne souligne pas ce genre de détail, mais comme je blogue au vu et au su du monde entier sans cacher mon identité, je préfère le spécifier afin de m’éviter certains incidents diplomatiques.

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Le genre d’affiche qui rend fou d’hytérie la plupart des mortels!


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