Dock des suds, 28 Septembre 2013.
La soirée de samedi à Marsatac est traditionnellement la plus courue et ça ne se dément pas ce soir, avec une fréquentation sensiblement supérieure à la veille.
C’est également la soirée de tous les dilemmes, avec pas mal de groupes qu’on apprécie jouant en même temps dans les deux salles et le chapiteau.
Pour ma part ce sera priorité aux groupes encore jamais vus dans le coin : exit Busy P et Jc Satan vus ce printemps à Nimes au festival This Is Not A Love Song.
Impasse sans hésitation aucune sur les déifiés Nasser, le cérébral Squarepusher et les vilains Sexy Sushi tous passés à la friche ces dernières années.
Et vu mon désintérêt total pour Kavinsky je ne foulerai donc pas le chapiteau ce soir, mais beaucoup de bonnes choses à voir à la grande salle des sucres et la plus petite salle RBMA.
Horaires de passages en décalage pour cette dernière : alors que je comptais commencer en douceur avec les Andromakers c’est encore le sympathique Anticlimax qui mixe à un volume totalement délirant pour un si petit endroit.
Ne voulant absolument pas rater Gramme, je ne verrai cette fois que quelques titres des Aixoises qui ont depuis l’an dernier encore fait évoluer leur synth pop agrémentée cette fois de très beaux visuels.
Priorité aux Anglais responsables avec "Fascination" d’un des albums les plus joués dans l’émission cette année, dont le live était la promesse d’un grand moment de funk débridé, entre ESG et B52′s pour situer un peu.
Et le concert tant attendu a tenu toutes ses promesses, de "Too High" à "I Feel the moment" en passant par "Rough News" jusqu’au final et bien nommé "It’s Magic" tous les tubes du disque sont joués avec une efficacité redoutable et à moins d’y avoir un balai coincé, impossible de ne pas remuer du cul pendant ce live, y compris pour les morceaux plus lancinants.
Le bassiste aux faux airs de ZZ Top y est pour beaucoup, mais c’est logiquement la chanteuse qui attire l’attention en premier lieu.
Une tignasse presque aussi longue que sa robe moulante, une voix et une fantaisie pas très éloignée d’une Roisin Murphy.
Une vraie disco queen au service d’un groupe qui méritait davantage d’écho bien que cette ambiance un peu timide, les addicts du groupe semblant se compter sur les doigts d’une main aux premiers rangs.
Encore moins de monde mais c’était plus prévisible pour Stubborn Heart dans la petite scène, et là encore les absents ont toujours tort.
Pas vraiment le groupe idéal après ce moment festif, c’est même tout l’inverse, mais heureux d’enfin les voir après avoir longtemps adoré leur album éponyme.
Et de mettre enfin un visage sur la voix de Luca Santucci qui avait illuminé de son grain étonnant les premiers disques de Leila et aussi le semi-tube "Number One" de Playgroup.
Avec son comparse Ben Fitzgerald aux machines ils délivrent une soul sombre et minimaliste qui ne paie pas de mine (jeu de scène inexistant) mais provoque de sacrés frissons.
Proposés dans des versions encore plus épurées que sur album, "Need someone" et "Better than" entre autres, arrivent à captiver les plus curieux qui ne s’attendaient peut être pas à ce genre d’atmosphère ce soir.
Impossible en revanche d’apprécier à sa juste valeur le live de Bonobo dans la salle d’à coté, mais ce n’est aucunement de la part des artistes de Ninja Tune.
La salle est bondée et pour quelqu’un qui arrive après le début difficilement accessible, sans parler de la chaleur digne d’une étuve.
Dommage parce que les trois morceaux vus de loin étaient vraiment top, mais vu leur notoriété il aurait sans doute été judicieux de les programmer au chapiteau.
Retour non prévu à la salle RBMA du coup, avec la découverte de Superpoze.
Un très jeune Caennais signé chez Kitsuné que je n’avais pas pris la peine d’écouter avant, et c’est un choix par défaut qui s’avère une bonne pioche.
Un mix d’electro planante et subtile avec des beats hip hop et pas mal d’idées alors qu’il jongle entre laptop, mpc et clavier.
La salle se remplit progressivement et lui réserve une belle ovation qui le surprend et lui fait dire que ça lui donne envie de revenir à Marseille avant de finir par son remix d’un morceau de Rone.
Bonne surprise également dans la salle des sucres enfin accessible avec Breton qui rencontre un joli succès.
Pas grand chose à raconter dessus car ils n’ont rien de fondamentalement original dans cette new wave à la Foals, dont les chanteurs ont des intonations similaires, mais dans l’ensemble leur rock dansant est bien fichu.
Après une pause rafraîchissante bienvenue après toutes ces gâteries, retour à la salle des sucres pour quelques titres de Zombie Zombie.
Pas réussi à totalement rentrer dedans cette fois mais bien apprécié l’ajout d’un deuxième batteur et entre deux nappes hypnotiques, une envolée inattendue de saxo rêveur.
Pas resté longtemps car à coté s’affaire un Norvégien surdoué qui nous fait danser depuis son "I feel space" de 2005 mais encore jamais vu dans les parages.
Lindstrøm nous fait oublier crampes, ampoules et dos en compote le temps d’un mix de ses productions et ses remixes pour d’autres (le "Forever" de Haim notamment) dans le plus pur style Nu Disco.
Une leçon d’élégance qui revient sur sa collaboration avec Cristabelle via "Baby don’t stop" (meilleur hommage jamais rendu à MJ) et "Lovesick" et aussi "Lanzarote", sa récente tuerie avec Todd Terje, un autre esthète qu’on aimerait bien voir programmé ici plutôt que dans un club excluant.
Une vraie fête des sens, accessible, lascive et même pas gâchée par un soucis technique, seule fausse note d’un set impeccable du début à la fin.
La fatigue accumulée ces deux soirs m’empêchera d’apprécier dans la salle des sucres le live de Discodeine, tout aussi dansant mais plus sombre.
Rendez vous est déjà pris pour l’an prochain pour une suite à cette édition pas parfaite mais cohérente, qui a encore une fois brassé un public large et varié.