Lors de mon précèdent post, je posais la question sur la stagnation du marché français sur notre destination et tentais d’y répondre en mettant en cause notre approche marketing et notre obstination à continuer à croire en un modèle économique en perte de visibilité.
En feuilletant la presse professionnelle française, on se rend compte de l’ampleur des dégâts sur les principaux acteurs du tourisme français.
Commençons par les TO et ne parlons que des 4 leaders que sont TUI ( Marmara et Nouvelles Frontières), Thomas Cook, Club Med et FRAM. Si les trois premiers sont dans une phase de restructuration qui impose de la rigueur et passe malheureusement par des plans sociaux, le dernier traverse une très mauvaise passe et risque l’AVC à tout moment. La faillite d’un producteur de cette taille aurait des effets collatéraux sur tous les autres par un effet domino qui toucherait également la distribution dans son ensemble et bien sûr tous les fournisseurs de prestations qu’elles soient terrestres ou aériennes.
L’APST a d’ailleurs introduit la notion du risque dans sa méthode de calcul et le fait supporter à ses adhérents. Avec plus de 7 millions d’€uros de sinistres sur l’exercice en cours, cette institution qui garantit les agences membres auprès des clients est aujourd’hui très préoccupée par l’état de la production française. De l’avis de son président, en 2013, il n’y a pas un mois sans défaillance et le spectre du dépôt de bilan de Fram fait peur à toute la profession.
Le plus grand réseau de distribution de l’hexagone, Sélectour Afat, avec 1200 points de vente, presque autant que Carrefour, Havas Voyages, Leclerc Voyages, Manor et Marmara Nouvelles Frontières réunis est en train de négocier au mieux avec les TO et pense sérieusement à revoir sa relation avec eux surtout les producteurs distributeurs qui sont de véritables concurrents. L’idée de fabriquer des produits en marque blanche est envisagée pour libérer la distribution du joug de certains producteurs. Des résolutions qui devraient être prises lors du congrès qui se tiendra à Mazagan le 28 Novembre prochain
La distribution est échaudée par ce climat et tente de limiter la casse en se prémunissant contre tout risque de clash. Sécuriser l’argent des clients en gardant la trésorerie jusqu’à la transaction finale. En clair, aucune avance aux TO qui devront normalement s’adresser aux banques pour régler leurs problèmes.
Or les banquiers ne déboursent que contre des garanties solides et souvent à des taux prohibitifs. Résultats, c’est les fournisseurs qui devront passer à la trappe et plus spécifiquement les hôteliers et les agents de voyages qui devront faire des crédits sans frais à 90 voire 120 jours pour garder le client.
Ajouter à cela le climat social qui règne en France avec cette pause fiscale qui tarde à venir, ces commerçants à qui l’on interdit d’ouvrir le dimanche et la courbe du chômage qui ne fléchit pas, pas vraiment une ambiance pour donner envie aux gens de voyager.
Cet état de fait se ressent de manière directe sur notre destination, car la négociation entre les TO et les fournisseurs n’est pas du tout en faveur des professionnels nationaux qui sont obligés d’année en année de revoir leurs prétentions à la baisse.
Devant ce bilan, on comprend mieux pourquoi nous peinons à développer des relations pérennes avec nos homologues français et à accroitre nos parts de marché. De source sûre, le CETO représente moins de 20% des ventes sur le Maroc, le reste est dû principalement à Internet, et spécialement via des plateformes de réservations qui gagnent du terrain et récupèrent la clientèle qui passait auparavant par les TO.
Et nous dans tout ça? Doit on continuer à pavoiser dans les salons et jouer les RP ou plus sérieusement réfléchir ensemble sur les moyens à mettre en place pour tirer notre épingle du jeu? Doit on continuer à exposer à Top Resa avec un budget conséquent ou utiliser ce même budget en opération ciblées vers la province française pour y accompagner la promotion aérienne et convertir ceux qui envisagent de venir chez nous par un contact direct et des offres répondant à leurs attentes?
La balle est dans le camp des professionnels marocains qui ont pris la peine de se déplacer pour ce 35 eme Top Resa. Tous ensemble nous devrons tirer les conclusions qui s’imposent sur ce marché qui est notre mais sur lequel il y a une concurrence acerbe qui nous observe chaque jour et se met dans notre sillage pour mieux nous doubler. Le N° 1 ouvre la route et coupe le vent de face, il déploie plus d’énergie que ses suiveurs et doit rester vigilant.