Si vous décidez aujourd’hui de vous payer un été indien et de traverser la méditerranée à la recherche d’une expérience maghrébine relativement authentique, vous avez de forte chance de vous retrouver sur le territoire algérien. Fin chaud après une journée de marche dans les rues d’Alger la blanche, vous remarquez à votre retour à l’hôtel le long de la route la race de cannettes en alu. Votre instinct colonialiste vous fait murmurer « qu’est-ce qu’il sont dégeulasses quand même ». C’est alors la main moite, le front transpirant et la raie du cul vous servant de gouttière que vous allez vous caler à la terrasse d’un troquet pour en descendre une bien fraîche. Le tôlier vous regarde alors droit dans le blanc des yeux en criant « walou, macache l’Heineken, y’a rien ! » Assoiffée, et prêt à perdre votre dignité, vous ne vous démontez pas et annoncez « c’est pas grave, je prendrai une Kronenbourg alors ». La tension monte, et d’une manière relativement expéditrice, le patron vous envoi valser en vous expliquant qu’il allait très certainement fermer son business car aujourd’hui il ne peu plus vendre d’alcool.
Depuis, 2010 maintenant, la prohibition et ses cortèges d’ennuis menace l’Algérie. La généralisation de la fermeture des bars et débits de boissons ressemble en tous points à une énième concession accordée aux islamistes. Un lobby pousse fortement les walis – l’équivalent de notre préfet, responsable d’une wilaya ; ne confondre ni avec Wallis et Futuna ni avec Will I am – à ne pas renouveler les licences permettant aux commerçants de vendre de l’alcool et à prendre des mesures parfois musclées pour les obliger à fermer boutique. Les bars vivent donc au bruit du claquement des rideaux de fer sur le pavé. Les oranais portent haut et fort l’étendard de leur stéréotype de pochtrons et par le biais de l’Association des Commerçants et des Investisseurs de la Corniche Oranaise dénoncent ils dénoncent « une moralisation de la société mise en sourdine ». Nous sommes d’accord avec eux, on parle toujours un peu plus fort un coup dans le nez. Ils renchérissent avec l’idée que « cette prohibition peut générer un commerce informel de l’alcool qui sera géré par la pègre qui va sûrement se renforcer». L’offre et la demande, après cette décision, vont désormais interagir dans la clandestinité. C’est un marché noir qui émerge. Avec toutes les conséquences néfastes qu’il implique».
Vous voyez, la vie est toujours fait d’extrêmes. Notre jeunesse-boit-sans-soif se retrouve à baigner dans du vomi, dans le meilleur des cas le leur, à moitié nue enivrée de la veille alors que leurs voisins d’en face couverts de la tête aux pieds est punie de boisson. C’est injuste, eux aussi on la droit à la douleur d ‘un open bar où les chiottes se transforment en centre de dépucelage pour adolescentes. Contribuez, vous aussi, à la lutte contre la prohibition et valorisons l’échange entre les civilisations avec l’Opération Kilo-Litre – OKL : un kilo de haschich contre un litre de bière. A la veille des municipales, le concept fait rage et les partis politiques s’approprient déjà l’événement avec les slogans frontistes : « rendons nos voisins heureux, ils resteront chez eux » !