* Mathieu me signale que Rue 89 a fait un article intitulé Baston chez les médiévistes autour de l'apport de l'islam. Lire les commentaires (là et ailleurs: sur le blog d'Assouline ou certains forums) ne manquent pas de piquant. Mais on trouve quand même quelques personnes de bon sens vu qu'un commentateur sur Rue 89 dit (je me permets de le citer in extenso):
Quelques remarques sur la rhétorique de la critique:
1/Parmi les journalistes et le public qui prend part à la polémique, je serais curieux de savoir:
qui a lu Aristote dans le texte/en traduction, qui lit le grec ancien, qui est médiéviste, qui lit l'arabe classique et a lu les érudits arabes, qui lit le latin médiéval, qui est diplômé d'histoire, qui est au fait de l'évolution de la recherche historique, etc etc...
Sans doute, très très peu.
2/Parmi les spécialistes eux-mêmes, la spécialisation est telle, si pointue, qu'entre l'orientaliste, le médiéviste, le spécialiste de Byzance, etc., les uns ne connaissent pas forcément les travaux des autres, ni l'état de la recherche dans leurs domaines respectifs. On peut en déduire que le journaliste, quelle que soit sa culture générale, encore moins.
3/L'argument du chaudron (je ne t'ai pas volé le chaudron que tu m'as prêté, d'ailleurs il était cassé):
on reproche à un auteur d'affirmer des choses avérées depuis longtemps, archi connues, donc d'enfoncer des portes ouvertes...puis on ajoute que "d'ailleurs" c'est faux.
4/ S'abstenir, par honnêteté intellectuelle minimale, de la reductio ad Hitlerum.
Conclusion : prudence, si l'on ne maîtrise pas un minimum un sujet dans ses différentes facettes.
Je trouve le 1 et surtout le 2 très pertinent: en ce qui me concerne c'est une énorme tâche que d'essayer (je dis bien essayer), après d'autres bien plus brillants et érudits que moi, de comprendre quelque chose à cette histoire de translatio du monde hellénistique au monde arabe. Cela demande de maîtriser tout le monde grec, tout le monde arabe (philosophie, histoire, mode de pensée, religion ...etc.), c'est déjà en soi énorme et on n'est pas à l'abri de dire une bétise. Par exemple, je peux soutenir que les arabes n'ont connu Platon que via les abrégés de Galien (un seul nous est parvenu en arabe), mais que dirais-je si un jour on exhume d'une bibliothèque privée ou mal inventoriée une traduction approchante de certains dialogues de Platon ? Je suis contraint de me limiter au seul domaine grec/arabe parce que c'est déjà immense. Bien sûr j'ai des connaissances sur d'autres auteurs de l'époque médiévale en occident mais pas si approfondis.
*Télérama publie un troisième article intitulé Grecs et arabes: déjà d'antiques complicités de Youssef Seddik qui n'est pas favorable au livre (mais lisez-le par vous-mêmes pour vous faire une idée plus précise).
* A signaler sur Fabula un rappel de quelques liens et surtout un fichier *pdf qui regroupe différents articles dont celui envoyé au Monde par Bellosta: Prendre de vieilles lunes pour des étoiles nouvelles, ou comment refaire aujourd'hui l'histoire des savoirs.
Dans les jours qui viennent, je ferais de temps en temps si nécessaire une mise à jour des liens. Et en ce qui me concerne, j'essaierais de faire quelques billets pour mieux expliquer ce mouvement gréco-arabe. Je l'avais déjà fait sur Shahrastani et Thalès mais quand je vois les bêtises écrites à droite et à gauche, je me dis que quelques billets de vulgarisation (au sens noble et en restant précis) ne seront pas inutiles. Merci à ceux qui passent par ici et n'hésitez pas à laisser vos commentaires et questions si nécessaires, je vous répondrai dès que j'en ai le temps.