Quelle
Bien sûr, je l’avais pressentie lors de la sortie de The Singles avec ses deux inédits, véritables moments de joie suite à un très mitigé Headfirst, le cinquième album du duo étant pour moi leur seul égarement discographique à ce jour.
Ainsi, même pressentie, le bonheur d’entendre de si bons morceaux est une grande surprise. Car je ne m’attendais au mieux qu’à un bon album, qui me ferait oublier le précédent album.
Plus loin que me faire oublier leur précédent album donc, Tales Of Us va plus loin en me rappelant tout simplement le meilleur de Goldfrapp. Felt Mountain en particulier. Mais pas que. En effet, le retour en arrière se fait plus diffus, car si le premier album du duo anglais est d’évidence présent ici, il y a aussi de très fortes résonances de Seventh Tree, que je réécoute depuis avec un nouveau plaisir car d’une oreille nouvelle. De telle façon que je pourrais, pour faire court, résumer ce nouvel album studio en vous disant qu’il s’agit d’une sorte de mélange parfait de Felt Mountain et Seventh Tree, qui vivrait dès lors en parfaite symbiose.
Alison Goldfrapp et Will Gregory restent fidèles au format de leurs précédentes productions, avec seulement dix nouvelles compositions en près de quarante-cinq minutes.
Malheureusement, mon raccourci ne vaut pas longtemps, car les nouveaux morceaux se contentent de nous rappeler des souvenirs an y ajoutant une certaine sérénité nouvelle, comme s’il s’agissait d’une sagesse acquise.
Omniprésentes sur tout l’opus, les guitares de « Jo » apportent d’entrée une touche folktronique à l’ensemble (premier petit parallèle avec Seventh Tree), guitares qui continuent sur « Annabel », cette fois-ci pour un morceau clairement pop.
Retour des ambiances éthérées « à la Goldfrapp » avec « Drew ». On n’est alors vraiment près des cimes de Felt Mountain, dont on ne redescend pas sur les tout aussi beaux « Ulla » et « Alvar ».
Arrêtons nous justement ici. En pleine nuée, « Alvar » est avec assurance le plus beau moment de tout le disque, avec sa musique douce, et surtout la voix d’Alison comme on ne l’avait plus entendue depuis des lustres. Cerise sur la gâteau, les paroles sont également à la hauteur de ce moment tellement précieux : je fond littéralement en entendant Alison chanter « You better run for your life » en boucle. Magique ! Un moment qui pourrait et devrait durer des heures !
Difficile de poursuivre sans l’insubmersible envie de faire repeat. Les fans de vinyles seront contents, la seconde moitié reprend comme si l’album était en deux parties. Ainsi, « Thea » nous réveille de notre exquise léthargie subie.
« Simone » pianote en beauté, la pop effaçant certaines traces plus synthétiques.
Après plusieurs morceaux au nom inconnu, place à « Stranger » presque Moricconien.
Alison est quasi méconnaissable sur « Laurel » : décidément, quelle voix ! Qu’en aurait-il été de Goldfrapp, le duo, sans elle ? Son potentiel est sublimé, encore une fois. La sagesse de la chanteuse anglaise semble, ici, plus que jamais à son paroxysme, sur des notes de piano comme étouffées par la pesanteur des paroles.
Les guitares réapparaissent en fin d’album sur « Clay », comme pour boucler la boucle de ce qui ressemble davantage à une spirale qu’à un cycle.
Tales Of Us conte des histoires de vies dont les personnages sont trop intrigants pour pouvoir se défaire d’eux avec aisance. Voilà pourquoi j’écoute, depuis sa sortie, le nouvel album de Goldfrapp avec autant de plaisir et en boucle.
Une surprise qui prend l’allure de l’un des mes frissons de l’année.
(in heepro.wordpress.com, le 29/09/2013)
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