Totems : Claude Cauquil

Publié le 29 septembre 2013 par Aicasc @aica_sc

Installés judicieusement à la sortie du tunnel de Saint-Pierre, les majestueux totems de Claude Cauquil nous rappellent que le Projet du Grand-Saint-Pierre est en cours depuis quelques mois. Ces imposantes pièces de cinq mètres de haut ont été conçues dans l’ancienne usine de la Socomor, au Morne-Rouge, en même temps que d’autres totems réalisées par sept artistes locaux et caribéens.

La forme et les couleurs de ces troncs en mahogany plantés dans le sol renvoient le visiteur ou le voyageur à ces immenses totems de l’Amérique du nord, objets rituels nous a–t-on expliqué des tribus amérindiennes servant de blason, et sculptés et peints des emblèmes d’une famille. Le mot d’origine étant ‘odoodeman’ signifiant ’sa famille, son clan’ ou  blason de la famille en langue ojibwés, nous confirment encore nos recherches. Ici, pas d’oiseaux mythiques, ou de tête d’ours ou encore de baleine sur les totems de Claude Cauquil, mais des visages de différents types comme ceux de la fresque murale du Rond-Point de Bellevue à Fort-de-France, créée en 2009 et intitulée Les Hommes en Marche.

Claude Cauquil confirme ici son ancrage dans l’art produit pour l’espace public. Ces totems s’ajouteront donc à la statue de Tommy Smith créée en 2011, érigée au Stade Pierre Aliker de Fort-de-France. A la différence des totems de l’origine qui devaient leur aspect effrayant à la dimension des créatures qui y étaient reproduites, les visages de personnages, comme le sportif iconique au poing levé, symbole de résistance, s’inscrivent dans l’héritage culturel caribéen et de la diaspora.

Une autre caractéristique des totems, compte tenu du matériau utilisé, c’est qu’il s’agit bien d’œuvres qui vont s’inscrire dans la durée, et non de pièces éphémères comme on le voit habituellement avec certaines installations. C’est la continuité, donc l’héritage qui sont évoqués ici, avec des créations qui dialogueront avec plusieurs générations. C’était déjà le cas avec les statues et les monuments de notre patrimoine qui ont traversé les époques. Ces totems-là s’inscrivent dans l’environnement du futur.

De nombreuses initiatives récentes, ici et ailleurs, ont montré l’impact de plus en plus significatif de l’art urbain dans notre quotidien. Des créations qui s’adressent à un public qui ne fréquente pas obligatoirement les musées ou les expositions, et qui répondent à un besoin esthétique pour notre environnement. Il constitue aussi un moyen de sensibiliser un plus jeune public à son histoire et à sa culture.

Yolanda Naranjo, François Piquet, Maure, Laurent Valére, Hervé Beuze, et Annabel Guerrero sont les autres artistes prenant part au projet, et on a pu découvrir leurs œuvres aux entrées principales de la ville martyre, le défi pour les concepteurs du projet étant de trouver l’espace approprié en respectant les exigences artistiques du créateur. On retiendra que la plupart de ces artistes ont déjà travaillé à des créations pour l’espace public.

Claude Cauquil travaille actuellement sur deux bustes de personnages de la diaspora, Léon Gontran Damas et René Maran, qu’il réalise pour la ville de Cayenne.

Suzanne Lampla