Ils ont fait du chemin depuis Blonde comme moi en 2007. Oubliés les slims et Perfecto en cuir, finie l’époque des bébés rockeurs, les BB Brunes ont grandi. Avec leur troisième album, Long Courrier, ils offrent une nouvelle facette de leur palette musicale avec un album mature plus pop, plus électro, moins rock porté par la plume affinée d’Adrien Gallo. Une chose est sûre, BB Brunes ne sont jamais là où on les attend, signe qu’ils sont bien décidés à s’installer durablement dans le paysage musical français.
Long Courier marque une rupture par rapport à vos albums précédents, quels ont été les retours ?
C’est vrai que nous avons opéré un changement plutôt radical. Les gens qui, dès le début, nous ont aimés pour notre côté brut et garage ont été agréablement surpris par l’album. Nous avons réussi à grandir avec notre public et à le conserver tout en touchant des personnes un peu plus âgées, davantage attirées par la new-wave, Etienne Daho, Christophe ou même Depeche Mode. Ces personnes, qui aiment les années 1980, commencent à entrer dans l’univers du groupe, alors qu’ils ne nous aimaient pas du tout avant. Nous avons réussi à toucher plus de monde grâce à cette ouverture musicale et à élargir notre public avec cet album.
Est-ce que les BB Brunes de 2013 sont les mêmes que ceux de 2007 ?
Nous sommes complètement différents. Nous avons beaucoup tourné et gagné en expérience, en assurance. Nous sommes des adultes maintenant, même si je ne me considère pas encore réellement comme tel et que je n’ai pas vraiment envie de le devenir. Au niveau musical, c’est pareil, nous avons changé. Et puis, nous sommes plus sereins quant à ce qu’il peut se passer grâce à l’expérience du métier. Au début, nous avions peur de nous voir coller une image qui ne nous corresponde pas. En signant à 18 ans sur une major, nous nous demandions si nous allions être raccords avec nous-mêmes et si nous allions pouvoir faire la musique que nous voulions. Mais nous avons toujours été très attachés à notre liberté. Sur scène, nous avons un vrai show maintenant, beaucoup de morceaux, nous veillons à l’énergie donnée et je crois que je chante beaucoup moins faux qu’avant !
Que pense votre label de Long Courrier ?
Je pense que ça leur plaît. Mais entre les maquettes que j’ai faites à New York et le résultat final, il y a une très grande différence. Certaines chansons étaient déjà finies et d’autres, pas du tout abouties. Nous sommes tous très contents de l’album. Ryan O’Connell, le producteur de Long Courrier a su donner une autre dimension à notre musique. Je l’ai rencontré pendant mon séjour à New York. A ce moment-là il travaillait sur un autre album, mais je lui ai quand même proposé de réaliser le nôtre. Une première pour lui qui est habituellement ingénieur du son. Il est l’acolyte de Mark Ronson.
Que vous a-t-il apporté ?
Avant tout, une rigueur. Quand on bosse avec un homme comme lui, on a envie de tout donner et de faire bonne impression. C’est quelqu’un qui n’hésite pas à prendre la guitare, à proposer des idées. Il se plonge dedans comme si c’était un membre du groupe. Il a apporté un son assez gros aussi, avec du relief et une façon de faire que l’on ne connaissait pas. On avait plutôt l’habitude d’enregistrer en live, d’une traite, très brute, très rock. Avec Ryan nous avons réfléchi de manière plus pop, avec un son plus produit qui tire parfois sur l’électro et l’expérimental.
Trois albums, trois réalisations très différentes : c’est important pour vous d’être là où on ne vous attend pas ?
Exactement. J’aime jouer avec les tendances et me renouveler. Il y a plein de groupes qui font le même album toute leur vie et qui reste dans le même style, moi ça ne m’intéresse pas de faire ça. Je me sentirais vraiment prisonnier. J’ai besoin de respirer, de changer en permanence de mouvance. C’est une façon de renaître.
Qu’est-ce qui vous a poussé à aller dans cette direction électro-pop ?
Ce sont des artistes que j’écoute. Je suis très sensible à des groupes tels que Phoenix, Au Revoir Simone, Blood Orange, à la French Touch, mais aussi à Etienne Daho ou Elli et Jacno… Je me suis beaucoup intéressé à Jacno. J’ai récemment vu James Blake en concert, et ce garçon m’a mis une grosse claque. Ce sont ces groupes qui m’ont donné envie de prendre la même direction.
Vous citez Etienne Daho, c’est un nom qui revient beaucoup dans la bouche des groupes actuellement…
J’ai eu le privilège d’aller chez lui pour le rencontrer et écouter ses nouveaux titres. J’ai adoré ce mec. Tout petit je l’ai écouté avec mes parents puis je l’ai un peu oublié. Plus tard, j’ai écrit une chanson, une copine l’a écoutée et m’a dit que ça ressemblait à du Daho. Du coup, je me suis replongé dans sa discographie, j’ai réécouté Week-end à Rome et j’ai trouvé ça fabuleux. Très solaire.
Les BB Brunes tournent beaucoup actuellement, quel est votre meilleur souvenir de concert ?
Nous avons joué à Rouen il y a quelques semaines devant 60 000 personnes. Ils sont venus pour nous et nous ne nous y attendions pas du tout. Ça faisait longtemps que nous n’avions pas joué devant autant de personnes. Nous pensions que ce serait un tout petit concert, en fait c’était énorme. Un concert gratuit. Le public était vraiment à fond, c’était émouvant et génial. Un super concert.
Il vous arrive d’avoir des mésaventures en live ?
Rien de bien étrange ou bizarre. Je me rappelle qu’une fois nous avons été hués et nous avons reçu des projectiles en plein concert. C’était à l’époque du premier album, au Dour Festival. J’imagine que la programmation ce jour-là devait être très underground et nous nous étions considérés comme groupe trop populaire, c’est pour ça que ça n’a pas plu. Les gens nous attendaient pour nous jeter des choses. C’est la seule fois où un concert s’est très mal passé. Mais finalement ce n’était pas si grave parce que nous étions prévenus et nous ne voulions pas fermer nos gueules pour autant. Alors, nous avons joué et au bout de quinze minutes, les projectiles se sont faits plus rares, les gens sont partis, et sont restés les fans. On a fini la tête haute (rires). C’était une expérience marrante au fond. Ça n’arrive pas tous les soirs, heureusement !
D’autres souvenirs plus joyeux cette fois ?
Pendant la première tournée, des filles jetaient leurs sous-vêtements sur scène mais ça n’arrive plus du tout maintenant. Ce qui était drôle, c’est qu’il y avait un roadie (machiniste, ndlr) qui les gardait dans une malle, il les ramassait et les rangeait tous… Je ne sais pas vraiment pourquoi d’ailleurs. Sinon, mes meilleurs souvenirs de scène restent les duos. J’ai eu la chance de chanter avec Carl Barât, Benjamin Biolay, Gaëtan Roussel. De grands moments.
Vous tournez énormément cet été, un break de prévu ?
Nous avons deux semaines de break en août. Ce seront les seules vacances avant de repartir de plus belle sur les routes. Pour ma part, je vais en Croatie et en Bosnie avec ma copine. Ça va être cool. J’essaie de faire un vrai break même si c’est toujours un peu compliqué d’arrêter, j’ai toujours des choses qui me viennent en tête. En général, au bout d’une semaine je m’ennuie et j’ai besoin de refaire de la musique. Une semaine d’arrêt, c’est mon maximum (rires).
Il y a un an, vous parliez d’un side-project avec votre petite amie : est-ce que c’est toujours d’actualité ?
Oui et je suis très pressé de le sortir mais ce n’est pas encore pour tout de suite, parce que j’ai encore la tête dans BB Brunes. Nous avons plein de concerts qui arrivent et une réédition de l’album avec des duos qui va bientôt paraître. Du coup, je n’ai pas vraiment le temps d’enregistrer ce projet. J’ai pourtant déjà écrit pas mal de chansons, une trentaine environ. Nous commenceront à enregistrer en septembre/octobre. C’est encore loin, il faut que je sois patient.
Vous évoquiez Elli et Jacno, ce projet pourrait-il se situer dans cette lignée ?
Un petit peu parce que c’est vrai que ça fait partie de nos influences, mais on ne veut pas faire exactement la même chose. Il y aura un petit côté électro et un peu variété aussi. Faut voir. Je ne sais pas encore.