Qu’a de social le réseau, et nos nouvelles technologies ? on dit que le net ne rompt pas la solitude, mais qu’il l’occupe, une sorte de solitude peuplée en quelque sorte. Plutôt qu’en situation de communication, ce que le face-à-face du bistrot permettait tout aussi bien, l’internaute me semble de plus en plus être dans la situation du dernier homme sur terre, dans différents films apolalyptiques, où le héros tente de rentrer en communication avec une autre âme humaine.
Un blog, un profil c’est une sorte de bouteille à la mer, dans une ville moderne où ni les regards, ni les pensées ne se croisent, une tentative désespérée de trouver un écho à ce que l’on ressent, à une sensibilité qui ne peut plus s’exprimer nulle part dans la vie courante, si fonctionnelle.
Il faut envoyer énormément de messages pour recevoir un écho faible, et la communication du réseau social se borne à bombarder l’univers électronique de messages, avec un taux de retour faible, qui devient notre récompense. Je vois des jeunes qui, deux minutes après avoir mis un message sur facebook, vont vérifier le nombre de "like", comme une mesure de performance de l’activité.
Sur le net, tout le monde a sa chance, c’est un marché pur et parfait, du moins est-ce présenté ainsi, où tout idée peut trouver son récepteur, comme Proust le disait de l’œuvre d’art, qu’elle crée son propre public.
Il y a un phénomène de mode, de génération, comme le yoyo vers 1900, et la cibi dans les années 80. Quel sera l’avenir de cette caisse d’amplification des messages, qui les pousse à bourdonner ? On note le déficit de communication dont souffrent les gens, et que le bistrot lui au moins comblait, à lire tous ces articles des médiatiques effrayés par le "niveau" des commentaires, sans reconnaître non plus qu’il en existe d’excellents, comme s’ils réalisaient avec effroi qu’ils perdaient le monopole de la parole sans retour possible.
Plutôt que des êtres de communication, le net n’a-t-il pas fait de nous le dernier homme sur terre, un sentiment d’isolement effarant s’emparant des praticiens du net au bout de quelques années .