L'idée est née progressivement, dans le prolongement d'un partenariat conclu en 2008 avec une université américaine, et après une visite du directeur technique de la banque dans la Silicon Valley. Ayant eu la révélation de la similitude des métiers des entreprises technologiques (Google, Salesforce…) et du secteur financier, toutes focalisées sur le développement de logiciels déployés à grande échelle, il a décidé d'installer un "lab" à Cary, à côté de Raleigh, capitale de l'état de Caroline du Nord.
Le choix du site lui-même n'est pas anodin. Il prend en compte une qualité de vie permettant de mieux fidéliser les collaborateurs et la proximité de l'université partenaire, où l'ambition est de créer un curriculum spécialisé. Incidemment, la région est aussi en passe de devenir un haut lieu de la technologie financière (la "fintech"), accueillant déjà Credit Suisse et Fidelity, sans parler des synergies avec l'autre grande ville voisine, Charlotte, siège historique de Bank of America, Wachovia…
L'installation héberge actuellement 300 personnes et devrait s'étendre prochainement, pour atteindre 800 personnes à terme. L'ambiance qui y règne n'a rien à voir avec celle d'une banque et les méthodes de travail ont été mises au goût du jour, avec mixité des équipes de design et de production, cycles de développement et de livraison rapprochés (sinon tout à fait "agiles")…
Et ce sont bien ces caractéristiques qui font la différence : la distance du siège, autant géographique que culturelle, favorise les approches non conventionnelles, en rupture avec les habitudes des banquiers. Ainsi, de ce centre sont issues, notamment, les applications intégrées dans l'Autobahn App Market de Deutsche Bank, ce qui donne un aperçu de la vision originale qui se développe à Cary.
Tout n'est pourtant pas qu'innovation dans le "lab". En particulier, les réalisations qui en sortent doivent se conformer à des exigences réglementaires strictes et complexes, surtout lorsqu'elles sont mises en œuvre dans plusieurs pays (parmi les 70 où la banque est présente). Là s'arrête probablement l'indépendance de la structure, où la bureaucratie reprend le dessus. Cette articulation constitue certainement un point de friction sur lequel on aimerait en savoir plus !
Pour Deustche Bank, l'initiative représente également une affirmation de sa volonté de conserver des compétences de développement logiciel en propre, face à une forte tendance à l'externalisation et à la "progicialisation". On notera tout de même que l'accent est ici mis sur des solutions innovantes, susceptibles de créer la différence par rapport à la concurrence : il s'agit bien d'une partie critique du métier de la banque, qui ne devrait jamais être confiée à des fournisseurs externes…