Ca donne un bon coup derrière la tête mais c’est déjà la dixième édition de Marsatac (qui fète sa 15ème) à laquelle je me rend, cette année pour deux soirs très chargés.
Mauvaise nouvelle dans l’après midi, l’annulation de Carbon Airways change l’horaire de passage des Pharcyde qui se retrouvent quasiment en même temps que les Stepkids, impossible donc de voir les deux groupes qui m’intéressaient le plus ce soir.
Du coup on ira jeter une oreille à Set & Match qui ouvraient la soirée sur la petite scène RBMA.
Public encore chiche mais un parterre de kids visiblement déjà fan des Montpellierains, bonne ambiance.
Les textes du trio sont plutôt convenus mais le flow est bon, il y a de la complicité et de l’énergie du début à la fin.
Coté son c’est éclectique, des beats un peu old school, d’autre plus modernes façon trap music.
Bien aimé leurs titres sur fond de TNGHT ("Higher ground") et Neptunes (l’increvable "Nothin" de N.O.R.E.) et celui où ils malmènent un sample de "Be bop a lula".
Leur morceau "Sunset" dans un registre plus laidback m’a bien plu mais fait nettement retomber l’intensité d’un concert somme toute agréable.
Akua Naru suit dans la Salle des Sucres, pas détesté mais pas tellement accroché non plus.
Elle semble prendre du plaisir sur scène et ses musiciens acid jazz n’ont pas grand chose à se reprocher.
Le tout pêche surtout d’un manque d’originalité et de fantaisie, trop carré pour vraiment sortir du lot.
Direction le chapiteau pour la séquence Oldies but goodies de la soirée avec les Pharcyde bien connus des plus âgés, de ceux qui lisaient "L’Affiche" et faisaient chauffer les VHS pour "Yo! MTV Raps".
Soit peut être 5 à 10% du public de ce soir, la plupart n’étant pas né à la sortie de leur album "Bizarre Ride II".
On aura d’abord droit à un (longue) warm de leur dj, Mike Relm qui scratche et déconstruit joyeusement du Daft Punk ou du Clipse.
Puis place aux Californiens, qui ne sont plus que deux sur les quatre originels mais vont faire le show avec une belle première demi heure avec des "Ya Mama" ou "Oh shit".
Imani et Bootie Brown ont du métier et encore du souffle, le concert est de meilleure facture que certains poids lourds venus cachetonner ici.
On déplore néanmoins une baisse de régime à mi-parcours et quelques facilités (bof bof le rap sur Imagination) puis un retour incongru du dj au premier plan.
Mais quelques bons moments ont achevé de rendre ces retrouvailles euphoriques, avec "Dirty Harry" (le morceau où Gorillaz avaient invité Bootie) et les énormes "Drop" et "Passin me by".
Un bon moment qui ne nous fait pas oublier d’aller capter la fin du concert des formidables Stepkids qui à notre arrivée entamaient le délicieux "The Lottery".
Le trio signé chez Stone Throw aurait vraiment mérité de jouer devant plus de monde (la salle est vide, n’ayons pas peur des mots) tant leur soul vintage est enjouée et maîtrisée.
Leur reprise du "Get Lucky" se fond impeccablement dans leur répertoire et les quelques morceaux vus sont aussi enthousiasmants que frustrants.
Puisse un programmateur (Bol de Funk ? Tighten Up ?) les faire revenir dans le coin dans les mois à venir pour nous consoler de ce télescopage malheureux.
Point de dilemme pour les concerts suivants, on aura l’occasion de pester sur ces chevauchements demain soir où ils seront légion.
Modeselektor en roue libre sur disque et déjà vu plusieurs fois, on restera dans la même salle pour Burning House.
Inconnus au bataillon avant de découvrir sur le site du festival que c’est le nouveau projet de Hervé Salters, qu’on a adoré ici et au cabaret aléatoire sous son nom General Elektriks.
Il est accompagné de deux musiciens et du dj des Blackalicious, l’impressionnant Chief Xcel.
Ne connaissant que le single "Post Party Stress Disorder" (redoutable) c’est avec curiosité que l’on découvre le fruit de cette association.
C’est leur premier live sous cette formule donc l’ensemble manque parfois de spontanéité et d’automatismes, quelques temps morts et un son réglé trop fort au départ.
Mais dans l’ensemble on se régale avec Burning House, du funk brut de décoffrage avec plein de samples appuyés par un batteur souvent inspiré.
Même la reprise de la scie "Sweet Dreams" avec le falsetto du claviériste bondissant passe bien, on en ressort avec la banane et curieux d’écouter l’album.
Un petit tour sous le chapiteau pour se rafraîchir et voir un peu plus de monde, une foule compacte pour Magnetic Man, adeptes du Brostep le plus grossier.
Pas de tromperie sur la marchandise, comme sur disque, ça ne fait pas dans la subtilité, ils balancent du gros son comme l’aiment une frange du public venu avant tout pour s’en prendre plein les oreilles.
Avec le plancher qui vibre sous leurs basses ça peut impressionner mais on s’ennuie assez vite, d’autant que visuellement, à part les beuglements du MC quelques effets stroboscopiques bien kéké, c’est le néant sur scène.
On en profite pour revenir dans la salle des sucres découvrir les étonnants St Lo.
Deux bidouilleurs de chaque coté de la scène et au centre une chanteuse androgyne bluffante.
Tranchant avec l’humeur festive ambiante, c’est un concert sombre et intense qui atteint son paroxysme avec une reprise electro rock du "Where did you sleep last night" de Leadbelly, aussi bouleversante que la version archi connue de Nirvana.
Leurs morceaux sont tout aussi efficaces, les instrus sont bien amenées mais on retiendra avant tout cette voix et cette présence d’une néo Grace Jones à suivre de près.
On s’arrêtera là ce soir (à regret pour les Procussions) pour conserver des forces avant un samedi qui s’annonce encore plus riche en émotions.