du 5 octobre au 24 novembre 2013
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« Cézanne disait du dessin – ce contour que Léonard de Vinci avait déjà aboli avec le sfumato – qu’il n’existe pas à l’état naturel dans l’objet. Et si au contraire on imaginait qu’il soit presque réel, ce trait fin du dessin, et qu’il tisse les trois dimensions de l’espace, pousse et prolonge les volumes ? Justement, c’est dans les poils et les cheveux que la jeune artiste toulousaine Cégébé débusque le dessin à l’état naturel : le réel, elle ne le représente même qu’à travers eux, bannit tous les traits du visage, le moindre élément de chair traditionnellement utilisé dans les portraits… Mais ce qui frappe le plus le spectateur, c’est autre chose : réduits à leur seul système pileux, les modèles conservent pourtant une apparence extrêmement réaliste – le travail de l’œil, ça n’est pas de reconstituer les manques, mais de les repérer tant ils se remarquent peu.
Bien sûr, loin des modèles aseptisés et sans identité sociale mis en valeur dans la société contemporaine, ceux qui ont posé pour Cégébé sont résolument atypiques, qu’ils soient tatoués, portent des dreadlocks ou mêmes rasés ; ils posent directement la question de la représentation sociale et de la liberté individuelle. Et qui des modèles ou de la dessinatrice montre le mieux que poils et cheveux sont la première façon de se singulariser, d’affirmer sa place et sa liberté dans la société? Loin de banales anecdotes ou d’effets de mode, ces portraits appellent à une réflexion sur les apparences, et plus profondément encore à une méditation sur l’effacement, la disparition, mais aussi la trace qui subsiste… »
Ouvert au public le jeudi et vendredi de 9h à 18h et le samedi et dimanche de 15h à 18h Association Rue des Arts, Galerie du Philosophe 09130 Carla Bayle