Pour ce début d’automne, nos chroniques de groupe s’engage sur une thématique qui me trottait dans la tête depuis un certain : les mangas qui, après un an ou deux de parutions, se sont dévoilés, ont pris de l’ampleur et ont muri. Comme beaucoup d’entre-vous « attendent de voir » ce que peut donner telle ou telle série avant de faire souffrir votre porte-monnaie, l’équipe de Paoru.fr a sélectionné sept séries qui ont débuté en 2011 ou 2012. Certaines ont fait parler d’elle dès leur premier tome, d’autres ont mis du temps à se dévoiler, mais chacune suscite désormais un vrai plaisir de lecture et l’impatience entre deux tomes… Même si le temps peut, parfois, révéler aussi quelques défauts.
Quoi qu’il en soit, en route pour la sélection, et bonne lecture
Dès son premier tome, Blood Lad parvient à accrocher très efficacement le lecteur. On est immédiatement conquis par Staz, vampire otaku complètement blasé par sa condition, et un humour débridé bourré de références geek et japanime. Pourtant, aussi agréable que soit ce cocktail, on peut craindre que ces deux seuls ingrédients ne suffisent pas à maintenir l’intérêt sur le long terme. Et on regrette notamment une ligne directrice pas forcément motivante et des personnages assez transparents, en dehors cet anti-héro qui écrase le reste du casting de son charisme.
Heureusement, après quelques tomes ces doutes s’envolent à mesure que les petits défauts disparaissent, tandis que les qualités initiales perdurent. Une véritable intrigue se révèle, connectant tous les évènements qui nous ont parus indépendants et qui s’assemblent parfaitement sans laisser la place au hasard. Staz reste prépondérant et toujours aussi savoureux, mais les personnages secondaires s’affirment. De prime abord assez superficiels voire simplistes pour certains, ils gagnent en épaisseur, en intérêt… et même en classe ! Enfin, cerise sur le gâteau, l’humour ne faiblit pas comme c’est le cas dans de nombreux shônens qui se prennent trop au sérieux, ce qui achève de nous convaincre : ce titre vaut définitivement le détour.
C’est d’abord l’univers de The Arms Peddler qui séduit. Kyôichi NANATSUKI prend habilement son temps pendant plus de 3 tomes pour poser soigneusement un monde apocalyptique, que l’on découvre en même temps que Sona, jeune garçon en quête de vengeance. Un monde qui s’enrichit à chaque nouvel arc, en mixant des univers que parfois tout oppose. Western, médiéval fantastique, épées et armes de guerre modernes, revenants, mutants ou monstres en tous genres… Loin de former un patchwork indigeste et incohérent, l’auteur réussit un melting pot riche et sombre à souhait. Mais pendant tout ce temps c’est surtout Garami, la marchande d’arme aussi belle que froide, qui fascine et aiguise de plus en plus notre curiosité.
Et justement, au beau milieu d’un nouvel arc, sans prévenir, l’auteur passe la vitesse supérieure. Il nous livre enfin les premiers éléments de la probable intrigue principale du titre. Quelques réponses qui soulèvent plus encore de questions… Pour notre plus grand plaisir c’est bien la mystérieuse Garami qui se révèle être le véritable pilier de l’histoire. Après un interlude, le dernier tome sorti en début d’année nous le confirme. On a alors d’autant plus hâte de lire la suite, et d’en apprendre plus sur les sombres secrets que cache notre troublante héroïne.
Déjà connu depuis quelques années grâce à ses adaptations animées, Spice and Wolf est désormais publiée depuis plus d’un an en France dans sa version manga. Sept volumes plus tard, le bilan est plutôt positif. Plusieurs arcs scénaristiques ont été présentés et tous s’avèrent intéressants. Assemblant tranche de vie et économie, Spice and Wolf nous fait voyager dans le passé avec plaisir tout en développant la relation entre nos deux protagonistes, Holo et Lawrence, qui continue à avancer tranquillement. Trop parfois, et c’est parfois le défaut de la série : l’intrigue évolue lentement et si on y ajoute l’aspect financier qui est assez complexe, on pourrait friser l’ennui… Heureusement, si on se donne le mal de comprendre un minimum les différentes transactions financières, l’intérêt reste bel et bien présent, surtout avec les différents personnages secondaires que nos héros croisent, qui sont eux aussi sympathiques.
À côté de ça, il y a le trait réussi de Keito Koume qui colle parfaitement à l’ambiance de la série. En bref, Spice and Wolf est à conseiller à tous ceux qui veulent découvrir un autre genre, à condition de s’intéresser un minimum au point central de la série, l’économie.
Cela fait désormais quelques mois que l’on observe l’évolution de Punpun à travers les pages de Bonne Nuit Punpun. Simple écolier dans le premier volume, notre héros est désormais entré dans la vie active et, durant toutes ces années, sa vie a été des plus mouvementée ! Depuis le début de la série, Inio Asano prend un malin plaisir à faire souffrir ses personnages en nous offrant tout un tas de situations inattendues et dramatiques. Parfois, le bonheur est là, mais cela ne dure jamais. Ce manga nous fait principalement passer par deux émotions, la joie et la tristesse. Toujours réaliste, l’œuvre a de grandes chances de vous rappeler des moments courants de la vie – de votre vie – qu’ils soient heureux ou tout l’inverse.
C’est bien là la grande force de Bonne Nuit Punpun, son apparente banalité. Banal, mais intéressant car comme dans toutes les vies, il se passe de nombreuses choses. La série n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains tant elle est cruelle, mais pour ceux qui apprécient le genre tranche de vie, qui se déroule pour une fois dans une ambiance dramatique, le plaisir sera là tant l’histoire est bien racontée et passionnante. Ajoutons à cela le dessin de l’auteur, réaliste lui aussi, et nous obtenons un des incontournables de 2012, l’année de son lancement dans l’hexagone. On a qu’une seule hâte, découvrir ce que la vie réserve de plus à ce pauvre Punpun !
Voici un exemple typique de série qui prend son temps. Au premier volume je suis resté dubitatif : chara-design pas follement original, présentation d’une vie de campagne un peu idéalisée, déjà vue et entendue. Mais l’humour poussait à continuer le chemin. Une fois arrivé au tome 3, on se prend finalement au jeu… L’histoire de ce jeune calligraphe trop imbu de lui-même et figé dans une vie citadine trop calculée redécouvre une nouvelle façon de vivre faite d’imprévus, de rapports humains et d’un nouveau rythme de vie, avec des voisins qui deviennent rapidement ses amis.
Tout comme le dessin, l’univers et les personnages se dégrossissent et le titre présente des messages plus subtils, se met à sonner juste et rappelle même des souvenirs de vacances à la campagne. Avec un univers où le temps s’écoule différent, le lecteur entre progressivement dans une bulle, met ses soucis en pause le temps d’une lecture, et rigole des tracas quotidien de notre jeune héros, sans cesse bousculé dans son quotidien cloisonné. Comme je le disais dans cet article, on apprend à aimer Barakamon en 3 tomes… Et aujourd’hui, au bout de 6 opus, on l’adore !
Dream Team a pour l’instant joué de malchance car il est arrivé sur le territoire français en même temps qu’un blockbuster : Kuroko no Basket. Les deux œuvres proposent des traitements très différent du basket et répondent à des lectorats distinct mais rien n’y fait : tout le monde n’a pas le porte-monnaie assez garni pour se payer deux shônens sportifs sur le ballon orange et choisit l’un ou l’autre. Avec un anime réussi dans son CV, Kuroko a donc remporté la première manche ses deux dernières années, en terme de vente.
Et pourtant, avec ses tomes 10 à 12, Dream Team a dévoilé une histoire beaucoup plus profonde que son concurrent, faite de coups du sorts et de beaucoup plus d’échec qu’habituellement. Si jouer la surenchère et admirer les capacités aussi impressionnantes qu’improbables de stars d’un Kuroko est votre plaisir, très bien. Mais ceux qui enfilent régulièrement leurs baskets pour aller faire quelques shoots trouveront dans Dream Team une authenticité très appréciable, en même temps qu’une belle leçon de courage face à l’adversité et à un monde injuste. Dans Dream Team on ne nait pas super héros du basket… On commence au plus bas de l’échelle et, éventuellement, on le devient.
Quand Yukitaka a accepté de s’adonner au meurtre, afin de payer les frais d’hospitalisation exorbitants de sa sœur, il n’aurait jamais pu imaginer dans quel monde il venait de mettre les pieds ! Il apprend à ses dépends que prendre une vie n’est pas sans conséquences morales, même si sa cible est un criminel.
Aux cotés de Kuzumi, un policier énigmatique, et d’Itsuki, une fille douée d’un don de prescience séquestrée par sa première cible, Yukitaka devra trouver des réponses à ses questions tout en échappant à la police, dont l’étau se resserre lentement mais sûrement autour de notre équipe.
Avec son scénario pour le moins atypique, Kimi no Knife a su montrer son potentiel dès le départ, et monter doucement en puissance au fil des tomes, sans hâte ni lenteur. L’action est présente, nous guide intelligemment au fil des situations de crise. Elle est agrémentée de maladresses, celles d’un amateur qui fait de son mieux, expérimente, réussit, échoue.
Au cinquième tome de cette série qui en compte 10, il reste difficile de voir où Yua Kotegawa nous emmène. Vu comme elle mène tranquillement ses lecteurs par le bout du nez, de chapitre en chapitre, il y aurait fort à parier que le suite regorge de surprises et de twists divers !
Voilà pour cette sélection qui vous guidera, on l’espère, dans vos prochains achats. Si jamais vous cherchez des séries encore plus récentes, n’oubliez pas que Journal du Japon a récemment proposé une sélection de tomes 1 et que toutes les critiques de Paoru sont consultables sur l’index du blog ! On attend aussi vos avis et vos conseils de lecture
Rendez-vous la semaine prochaine pour un petit évènement : la 500ème de Paoru.fr !