« La concurrence du sperme » est confirmée pour son rôle clé, ici décrypté, dans le développement de nouvelles espèces ou « spéciation », avec cette étude de l’Université de Syracuse. Ces travaux, ou l’aboutissement de 6 années de recherche, publiés dans la revue Current Biology, expliquent en particulier comment la sélection sexuelle post-copulatoire peut générer rapidement des incompatibilités qui limitent les flux de gènes entre les espèces.
Dans la majorité des espèces -y compris les humains- une femelle/femme peut recevoir le sperme de deux mâles ou plus. Des spermes en concurrence pour la fertilisation seront départagés par un mécanisme dit de « sélection sexuelle post-copulatoire », intervenant dans la spéciation, le processus par lequel de nouvelles espèces biologiques apparaissent. Si l’étude de la sélection sexuelle prend sa source avec l’ouvrage de Charles Darwin « The Descent of Man and Selection in Relation to Sex" » (1871), les caractéristiques et les processus qui influent sur la réussite de la fécondation restent malgré tout mal compris, et, en particulier ce processus de discrimination entre les spermes provenant de différents mâles. Par ailleurs, il y a très peu de données, sur ce qui détermine le sort du sperme en cas d’accouplement hybride, c’est-à-dire en cas de "décalageé entre le sperme et l’appareil génital féminin.
La divergence des phénotypes limite la spéciation : C’est sur des mouches des fruits que l’équipe du Pr John Belote, professeur au département biologie, a étudié, par génie génétique, la fécondation par des espèces différentes et pourvues de sperme de couleurs différentes, permettant d’observer cette concurrence des spermatozoïdes en cas de croisements hybrides. Ainsi, ici, voir sur visuel, les spermatozoïdes en rouge ou vert dans l’appareil génital féminin. La méthode permet également d’étudier le rôle de la femelle elle-même, capable d’éjecter le sperme de son appareil génital.
L’équipe montre que la divergence des phénotypes à la fois génétique et épigénétique peut permettre de prévoir l’isolement reproductif et les mécanismes sous-jacents à cet isolement. Leur méthode permet de déterminer ce qui se passe quand une femelle va s’accoupler plusieurs fois avec des mâles d’espèces différentes, en évaluant la prévisibilité des résultats, basée sur cette nouvelle connaissance des incompatibilités.
La sélection sexuelle peut générer rapidement des incompatibilités critiques qui limitent la spéciation. Une conclusion évidemment impossible à reproduire chez la Femme.
Source: Current Biology 26 September 2013 DOI: 10.1016/j.cub.2013.07.086 Postcopulatory Sexual Selection Generates Speciation Phenotypes in Drosophila(Visuel@ Syracuse University Arts & Sciences « Appareil reproducteur de « Drosophila simulans » après insémination hybride par un » D. mauritiana » (spermatozoïdes rouges) et un » D. simulans « (spermatozoïdes verts) »)
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