L'année dernière, pour les Journées du patrimoine, nous étions allés visiter les Archives Départementales de l'Isère. Et quelques temps après je vous avais décortiqué la bête dans un "j'ai testé" sur le sujet. Nous avons récidivé cette année à peu près dans le même registre (enfin ce n'est pas tout à fait la même chose, mais on retrouve l'idée de protection-préservation de documents) avec la découverte d'un métier assez méconnu : relieur...
La devanture de L'Atelier de Reliure de Franck Michel à Grenoble met tout de suite dans l'ambiance. Un petit côté rétro dans son jus qui a vraiment du charme. Un peu plus de 80 ans que ce local est dédié à la reliure, alors forcément. Et à l'intérieur même topo avec le matériel qui semble sorti tout droit d'un musée. A l'ère du tout informatique, c'est une délicieuse plongée dans le monde de l'artisanat.
Mais pour le profane, plongée aussi dans un monde un poil sado-maso au premier abord, avec ses marteaux, presses à percussion, cisailles, scies à main et poinçons, et son programme raffiné de "tortures" en environ 50 étapes (dont une scène de bondage inoubliable) ! Ne nous égarons pas, un peu de concentration, la reliure est un travail de patience et de précision. Pas le droit à l'erreur, un faux pas sur l'une des nombreuses étapes et c'est la cata !
Allez, on y va...
Première chose, maitriser le vocabulaire. Pour le quidam de base, un livre = couverture + pages. Pour un relieur, un livre = le dos + la coiffe + la tranche de tête + la tranche de queue + la tranche de gouttière + le plat, etc. Lorsqu'on cible plus spécifiquement la reliure voilà qu'il est question aussi de "mors", de "nerfs", etc. Et quand on parle des différentes manip' en "ure", voilà que les "grecques" rappliquent ! (la récap' c'est ici : glossaire de la reliure).
Et le boulot en lui-même ? Et bien il consiste à faire des reliures (on s'en serait douter !) et/ou restaurer, ou conserver. L'atelier propose ainsi pas mal de types de prestations : reliures classiques ou de création, reliure de documents administratifs et de bibliothèques, conservation / restauration de documents graphiques, restauration / conservation de reliures, confection de conditionnements pour une conservation préventive.
Comme cobaye pour la démo, un bouquin en cahiers brochés. Le but, protéger avec une reliure (bouquin relié = pages d'origines + couverture d'origine + la reliure par dessus le tout). En gros ça donne çà :
Et pour les bons élèves qui veulent en savoir plus (attention, ce n'est là qu'un résumé des explications d'Ariane qui n'étaient elles-même que le résumé du processus complet !) :
OK, tout cela est certainement indigeste à lire. Rien ne vaut en effet d'assister en direct live à la démo d'un pro. Alors voici quelques morceaux choisis en vidéo : la couture des cahiers sur le "cousoir", la création de l'arrondi du dos avec un "marteau à endosser" et un "étau à endosser", et une des 2 techniques de dorure sur cuir avec un "composteur".
quelques gestes du relieur atelier de reliure... par testsdesophie
Au final, ils sont 4 à se partager le taff dans l'atelier. Mais sauf pour les 2 vérifications collectives (rien à voir avec le flicage d'un patron parano, c'est juste "dans une logique de recherche permanente de qualité"), une seule personne s'occupe du début à la fin d'un travail confié par un client.
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Insolite !
Lu sur un de mes blogs préférés Le journal d'un écrivain de Marc Lefrançois :
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Original !
En expo dans l'atelier, une reliure pour passionné d'escalade :