Mon étude du changement a eu une conséquence imprévue : j'ai dû me transformer en écrivain. Et j'ai découvert qu'il était difficile de se faire comprendre. Je dois simplifier de plus en plus. J'ai l'impression d'être aspiré vers le fond. J'en suis arrivé à me demander si notre société n'avait pas été atteinte par une gigantesque épidémie de paresse intellectuelle.
Et je n'en suis même pas une exception. Lorsque je lis Hannah Arendt ou d'autres, j'ai envie de leur dire de s'exprimer plus clairement, qu'il me semble qu'ils cachent leur jeu et masquent leurs intentions.
C'est alors que m'est venue une autre idée. Et si c'était en cherchant à comprendre l'incompréhensible que l'on progressait ? Que l'on se transformait ? Que l'on changeait ?... D'ailleurs, et si tous ces auteurs éminents n'avaient pas eux-mêmes compris ce qu'ils écrivaient ? Et si leurs ouvrages avaient été, justement, un encouragement à chercher un sens qu'ils n'avaient pas trouvé ? (Un peu comme les équations de Fermat.)