[Critique] PLAYERS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Runner Runner

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Brad Furman
Distribution : Justin Timberlake, Ben Affleck, Gemma Arterton, Anthony Mackie, Michael Esper, John Heard, Louis Lombardi, David Costabile, Ben Schwartz, Sal Palladio…
Genre : Thriller
Date de sortie : 25 septembre 2013

Le Pitch :
Afin de payer ses études à Princeton, Richie joue les recruteurs pour des sites de jeux en ligne. Acculé par des frais de scolarité exorbitants, il décide de lui-même jouer au poker, afin de réunir au plus vite la somme nécessaire. Malheureusement floué par le site en question, Richie perd tout. Il décide illico de se rendre au Costa Rica afin de rencontrer le patron du site en question. Il ne se doute pas un instant qu’il s’apprête à mettre le doigt dans un redoutable engrenage…

La Critique :
Il faut vivre avec son temps. Ou tout du moins essayer. Bon exemple que Players, qui raconte une histoire archi-convenue sous un angle cyber tendance. Justin Timberlake y incarne un étudiant sans le sou, spécialisé dans le jeu en ligne, qui accepte de bosser pour un grand ponte du milieu, patron d’un site hyper rentable, retranché au Costa Rica. L’angle du long-métrage est celui du conte. Un type gentil, beau de surcroît, et motivé, vent son âme pour du fric à un gros salopard avide et sans pitié, où comment l’Amérique montre à quel point elle a conscience des dérives du capitalisme. Enfin presque parce qu’à l’écran, le résultat a quand même vachement moins de gueule et se résume ni plus ni moins à un gentil thriller convenu, vite vu, vite oublié.

Co-produit par Leonardo DiCaprio, Players ne fait pas d’étincelles pour autant, sans être non plus déshonorant. Rappelant un peu l’excellent Les Joueurs de John Dahl où Matt Damon et Edward Furlong affrontaient au poker le machiavélique John Malkovich, Players va aussi fureter du côté des cyber thrillers comme Traque sur Internet. La fin de l’innocence est au menu de cette tranquille descente aux enfers, tandis qu’en filigrane, le réalisateur Brad Furman (plus ou moins responsable de la résurrection de Matthew McConaughey avec La Défense Lincoln) traite aussi de l’ambition et de l’addiction (au jeu), à travers une réflexion sur la pression qu’exerce le fameux rêve américain sur la jeune génération. Tout ceci placé dans un contexte résolument moderne car ici, les tables de jeux sont virtuelles. Le jeu, que l’on parle du black jack ou du poker, est très cinématographique. De nombreux longs-métrages en parlent et parfois, cela donne lieu à des chef-d’œuvres. Le thème est porteur et permet de raconter des histoires faites de hauts et de bas, de rédemption, d’accession au succès et à la richesse et aussi de fesses. Ceci dit, Players n’a rien d’un chef-d’œuvre.

Car oui, quand on parle de pognon, le sexe n’est jamais bien loin. Le glamour non plus. Ici, c’est la sculpturale ex-James Bond Girl Gemma Arterton qui s’y colle, en incarnant avec légèreté la pétillante assistante du grand méchant. Très douée quand on lui en donne les moyens (comme c’était le cas dans le très bon Tamara Drewe), la comédienne manque pour le coup sévèrement de substance et ne se sort jamais vraiment du simple archétype de la belle plante accrochée au bras du vertueux héros. C’est d’ailleurs le problème de tous les personnages qui peuplent Players. Justin Timberlake a beau faire, il n’est que ce type floué, destiné à se venger, à empocher la mise, à se brûler les ailes, à se repentir et au final à s’en tirer. On connait trop bien la chanson et pour la surprise, on repassera. Idem pour Ben Affleck qui pourtant s’en tire bien dans un rôle qui l’amuse visiblement. Dans la peau du Tony Montana du jeu en ligne, Affleck évite d’en faire des caisses mais là encore, le bas blesse du côté du script squelettique et cruel avec ses protagonistes qu’il traite par dessus la jambe. Et que dire du flic de service, à savoir Anthony Mackie, relégué au rang de simple faire-valoir complètement insipide ?

Heureusement court, Players sauve la mise grâce à son rythme soutenu. Il évite de faire trop de sur-place ce qui le sort d’un enlisement néanmoins toujours menaçant. En bref, on ne s’ennuie pas, mais une fois que les lumières se rallument, on se prend à l’oublier rapidement. Ni trop mauvais, ni trop bon, Players se situe dans la juste moyenne. La moyenne un peu insipide de tous ces films visités par des stars désirant boucher des trous dans leur agenda et -comme c’est le cas ici- se faire offrir par le studio, de belles vacances tropicales au soleil. Difficile de leur en vouloir…

@ Gilles Rolland

Crédits photos : 20th Century Fox France