La Pangée, ce supercontinent, massive parcelle de terre aurait contenu en son centre un désert aride et sec permettant à une biodiversité inédite de se développer.
C'est ce que suggère une étude américaine et la découverte de fossiles surprenants de reptiles, inesthétiques mais très utiles à la compréhension du Permien qui a commencé il y a 266 millions d'années.
Il n'est pas beau, n'a pas fière allure et ne tient pas comme la plus belle espèce de reptile jamais découverte, cependant, son étude est capitale. En effet, la découverte d'un fossile de Bunostegos, reptile aux excroissances noueuses sur le front et aux bulbes inesthétiques sur tout le corps permet un nouvel éclairage sur l'écosystème du Permien. Une période géologique qui s'est étendu de - 266 à - 252 millions d'années.Le Bunostegos ("toit noueux") appartient à la famille des Pareiasaurus, des reptiles herbivores proches des tortues actuelles. De la taille d'une vache, l'animal aurait vécu dans l'actuel désert du nord nigérien et partageait l'essentiel des caractéristiques des plus anciens paréiasaures. Cependant, il arborait un crâne bulbeux - une structure connue uniquement chez les formes les plus 'récentes' de ce groupe. Loin de s'être plus cogné que les autres, Bunostegos aurait acquis cette particularité grâce à un isolement géographique, selon l'étude publiée dans le Journal of Vertebrate Paleontology.
Un désert en plein milieu de la pangée
Mais où le Bunostegos a t-il bien pu se développer ? Comment une population de reptiles de la taille d'une vache a t-elle pu être isolée ? Il n'existait aucune barrière montagneuse infranchissable à l'époque du Permien, cependant les conditions climatiques ont pu contribuer à rassembler une espèce entière au centre du continent. Ainsi, de nombreux reptiles, amphibiens ou encore plantes auraient constitué l'écosystème du centre de la Pangée. Une sorte de grand désert inaccessible pour des espèces peu habituées aux conditions qui y régnaient et impossible à quitter pour les espèces acclimatées. "Notre travail suggère que le centre de la Pangée était climatiquement isolé, permettant à une faune relique unique de survivre durant la fin du Permien" explique Christian Sidor, co-auteur de l'étude. Autour de la zone, de nombreux fossiles ont d'ailleurs été découverts, établissant l'évidence d'inter-échanges réguliers pour les espèces environnantes.
Le Permien et la plus grosse extinction de masse
La découverte de cette zone est déterminante dans la compréhension du Permien, qui s'est terminé par la plus grosse extinction de masse que la Terre ait connu : 75% des espèces terrestres et 96% des espèces marines se seraient éteintes. Cette extinction aurait eu lieu il y a 251 millions d'années en raison de températures (50 à 60 degrés Celsius) extrêmes rendant la vie impossible, d'une importante activité dans la tectonique des plaques avec activité sismique invivable ou encore d'une collision avec une météorite. Néanmoins, le Bunostegos n'est que la première "bosse" de ces recherches qui vont désormais se poursuivre dans le nord du Niger. Cette zone sous-explorée pour le moment, pourrait ainsi devenir un vivier de recherches intensives pour de nombreux scientifiques qui veulent percer les mystères du Permien.