Hello à tous,
Ok je vous donne régulièrement des actus de la boîte, mais j’ai pensé que ça vous plairait peut-être d’avoir un aperçu plus practico-pratique des backstages d’un e-commerce livres/mag/objets. On commence la série avec une question qu’on m’a plusieurs fois demandé qui est :
« Et alors ça se passe comment pour que tu aies tes livres? »
ou comment un vieux choix de vie m’a largement facilité la tâche pour gérer cette partie-là de mon petit commerce
(Et c’est parti pour une petite explication sur la chaîne du livre version simplifiée – ceux qui connaissent peuvent sauter ces lignes) :
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, je n’ai pas affaire aux éditeurs pour commander mes livres (même si dans les faits j’essaie d’en contacter une partie avant pour leur parler du projet et/ou faire des partenariats). La chaîne du livre fait que j’ai trois principaux interlocuteurs : tout d’abord des diffuseurs (des gens qui font la promo de plusieurs éditeurs) et des distributeurs (des gens qui font tout le transport des livres), en sachant que certains diffuseurs assurent également la distribution (Cf. ce magnifique schéma windows95-style mais très clair). Il y a aussi des petites maisons d’édition qui font tout le boulot d’édition-diffusion-distribution (mais il parait que c’est hardcore).
J’ai aussi des grossistes qui m’approvisionnent en livres dont je n’ai pas ouvert de compte chez le diffuseur attitré. C’est notamment le cas pour les livres que mon entourage me commande (oui oui je commande des livres pour mes proches, genre livre de tricot pour ma tante ou manga pour mon pote geek. C’est une activité secondaire, mais qui me permet d’alimenter les caisses de l’entreprise et d’avoir le plaisir de faire un boulot de « libraire classique »).
(Et on referme la parenthèse sur la chaîne du livre)
Après ça, c’est très simple, une fois que j’ai identifié chez quel diffuseur le bouquin est, je passe commande auprès de mon diffuseur ou de mon grossiste, et les bouquins n’ont plus qu’à arriver chez moi.
Et là pour le transport vous avez le choix (en sachant que les entrepôts ou « comptoirs » des diffuseurs/grossistes sont majoritairement situés dans des endroits inaccessibles en métro et difficilement accessibles en bus) :
- soit vous êtes ce qu’on appelle un libraire normal, et vous acheminez les livres jusqu’à vous par coursier ou par un transporteur, sauf que ça vous coûte une blinde.
- soit vous êtes comme moi, vous n’avez pas d’argent parce que c’est les débuts de l’activité, vous avez la chance d’être dans le sud de Paris (parce que beaucoup de diffuseurs/grossistes sont dans le sud de la capitale ou la banlieue sud), et d’ailleurs vous détestez faire du sport et vous n’en faites que quand vous avez un but concret parallèle… Du coup :
*TADAM*
Bah vous y allez en vélo.
(Bon il arrive que je ne me déplace pas, quand le distributeur est trop gentil de m’envoyer un coursier ou qu’il expédie par la poste parce qu’il est à Lyon, Londres ou disons Amsterdam)
Et je suis donc maintenant très contente d’avoir fait du vélo pendant 8 ans à Paris, ce qui m’a largement entraînée à éviter les piétons qui surgissent de nulle part, les voitures qui jouent à « qui frôlera touchera pas » et à survivre derrière les pots d’échappement des gros camions. Surtout que là où je pédale, eh bien il y a beaucoup de camions qui passent. Voir trajet ci-dessous.
Et donc voilà les emplacements de mes fournisseurs bouquins VF.
Et le trajet que je fais habituellement jusqu’à Ivry sur Seine, pour aller chez mes grossistes ou pour récupérer les bouquins de certains diffuseurs :
Google nous dit que ça se fait en 35 minutes en vélo, mais en fait je fais généralement le trajet en 50 minutes (quand il ne pleut pas) (au début 1h15, j’étais très mauvaise)
- Soit cette estimation de 35 min est calculée sur les bases d’un Chris Froome soft qui de plus ne se balade pas avec 5 kilos de bouquins.
- Soit décidément je ne suis pas très sportive (mais j’aimerais bien que ce soit la première explication)
En chemin, je croise (et vos bouquins aussi) :
L’architecture parisienne des boulevards des Maréchaux sud avec beaucoup de chantiers, encore plus de chantiers autour d’Ivry-sur-Seine, de la vieille architecture urbaine avec des panneaux d’hôtel ou d’entreprise à l’ancienne, 6-7 kebabs à l’aller (en 15 min de vélo!), un bistrot avec un super nom franchouillard et un resto de gastronomie française qui n’a pas du tout un nom de resto de gastronomie française, une église perdue au milieu d’une zone industrielle, et une pancarte qui me fera toujours rire quand je passe devant, mais c’est vraiment parce que parfois j’ai l’humour un peu gras (cf. ci-dessous)
Je passe aussi par le quartier du Petit-Ivry, qui fait beaucoup plus « commune » avec ses petites rues paisibles et son… moulin (cf. ci-dessous également).
Et souvent ça se passe très bien – quand il fait beau, quand il n’y a pas beaucoup de voitures, quand j’ai moins de 5 livres à transporter…
Mais parfois un peu moins… quand il pleut et que la pluie brouille mes lunettes, quand mon dos flanche sous le poids de 10 gros livres, quand un type me drague alors que je pédale difficilement sur une côte (et que je transpire comme un âne et suis donc absolument pas draguable) et que sous la surprise je fais une embardée qui manque me lancer dans une voiture, quand tous les feux passent au rouge quand j’arrive ou quand après tout ça, je mets le livre qu’un ami a commandé dans un sac sale et que le livre en ressort sale et que je dois le recommander à nouveau et me refaire le trajet (véridique, magnifique moment de solitude librairiale ce jour-là).
Mais l’essentiel, c’est que vos livres arrivent à bon port!
Et voici un sympathique petit reportage photo rien que pour vous ;-)
Aux abords du quartier BNF…
Quelques panneaux à l’ancienne avec un splendide Chez Bob :)
Le fameux resto de gastronomie française au-nom-pas-très-français ;)
Entrepôt vieillot mais charmant
De la couleur là où on ne l’attend pas
Désolée ça me fait rire (bon je vais me cacher)
Et le fameux moulin!
Avec parfois des moments de pur bonheur de cycliste (comme dans cette pente sur 300 mètres à dévaler à toute vitesse)
Et des moments de souffrance cycliste indicible (avec cette côte… bon ok, qui est plutôt douce)
5 minutes avant d’arriver au bercail…
Et voilà! Au bout de 50 minutes de pentes grimpées, de piétons évités et de sueur déversée, vos livres arrivent à bon port (dans le magnifique engin écologique que vous retrouvez en photo sur la page backstage ^^)
Mais que se passe-t-il quand je commande 60 bouquins d’un coup ?
Eh bien il reste les bus. Mais c’est à ce point pas drôle de balader 15 kilos de livres en bus que je ne vous en parle même pas.
Et le jour où j’en aurai assez de tout ça, il se peut que je lance une opération crowdfunding pour un mini-scooter électrique… Suite au prochain épisode ;-)