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L’image du Parti socialiste auprès des Français

Publié le 27 septembre 2013 par Délis

Un an après la victoire de son candidat à l’élection présidentielle et sa large victoire aux élections législatives, l’image du Parti socialiste apparaît fortement dégradée et une rupture de proximité entre le parti de la Rose et les Français semble marquer le pas.

A l’approche des élections municipales pour lesquels les pronostics sont certes favorables au parti du Gouvernement, sans pour autant qu’une vague rose ne soit prédite, le PS ne peut faire l’économie d’une réflexion sur le message qu’il veut faire passer aux Français dans un contexte où le pessimisme demeure fort et à l’inverse, les signes d’une sortie de crise et/ou d’un apaisement social demeurent faibles.

Un parti apparaissant sans ligne directrice et un écart de proximité entre l’appareil politique et les Français qui se creuse

Interrogés par l’Ifop pour Dimanche Ouest France en septembre 2013, les Français portent un jugement assez sévère et dégradé sur le Parti socialiste depuis l’élection présidentielle.

Alors que la confiance dans la capacité du PS à proposer un projet pour la France était en constante progression ces trois dernières années, passant de 27% en 2009 à 53% en 2012, soit un gain de 26 points, il semble qu’aujourd’hui le discours tenu par le PS à l’égard des Français ne soit plus lisible et qu’il ne remplisse pas son ambition de laboratoire d’idées : ainsi, à peine plus d’un quart (28%) des Français continue à soutenir que le parti de la rue de Solférino leur propose un projet pour la France.

Plus grave encore, la déconnexion du Parti socialiste et des Français apparaît consommée, moins d’un tiers (30%) des Français interrogés par l’Ifop estime que le PS est proche de leurs préoccupations alors même qu’ils étaient 53% en 2011 avant l’élection présidentielle et jusqu’à 55% après la victoire de François Hollande.

Non seulement le PS s’éloigne des électeurs qui ont fait sa victoire aux législatives mais également du Gouvernement qui en est l’émanation (le Gouvernement est composé de 31 ministres ou ministres délégués appartenant au PS, contre 3 PRG, 2 EELV, 1 divers gauche) : à peine 4 Français sur 10 (44%) estiment qu’il soutient suffisamment le Gouvernement  contre 67% lors de la précédente mesure au sortir de l’élection présidentielle.

Une gouvernance du parti également remise en question

Toujours dans l’enquête Ifop, à peine un quart (24%) des Français estime que le PS a des dirigeants de qualité, soit une chute spectaculaire de 30 points en un an (le PS atteignant son pire score sur cet item depuis 2005).

Harlem Désir nouveau premier secrétaire du PS semble avoir perdu le pari du renouvellement des cadres dirigeants du parti, même s’il n’était pas attendu par les Français sur ce point comme en témoigne le sondage Harris Interactive pour 20Minutes de septembre 2012 : 6 Français sur 10 (62%) estimaient que la probabilité qu’Harlem Désir devienne le prochain premier secrétaire n’était pas la marque d’un renouvellement au sein du PS.

Lui-même semble souffrir de cette désaffection du public à l’égard des dirigeants socialistes, la preuve étant le dernier baromètre Sofres pour le Figaro dans lequel moins d’un cinquième des Français (17%) souhaite lui voir jouer un rôle important au cours des mois / années à venir.

Néanmoins cette dégringolade est davantage imputable à l’ensemble du personnel politique qu’à un seul homme. En effet, elle ne concerne pas que les dirigeants du parti mais également les membres du Gouvernement, en premier lieu le Président et le Premier ministre. D’ailleurs, le décrochage d’image et de confiance dans les dirigeants socialistes est-il le reflet de la chute de confiance dans ceux qui, malgré l’onction nationale, continuent à être attachés au parti dont ils se sont réclamés pour se faire élire ?

Si aucune corrélation directe ne peut être faite, la dégradation d’image du PS coïncide avec une pente descendante de popularité du chef de l’Etat, passant selon le dernier baromètre Ifop/JDD de 28% (août) à 23% (septembre) en un mois. Et surtout, au-delà de la popularité, avec une baisse de confiance dans la capacité des deux têtes de l’exécutif à résoudre les problèmes qui se posent  en France d’après le dernier baromètre Sofres pour le Figaro (seulement 27% de confiance pour le Président comme le Premier ministre, avec pour le premier une chute de 28 points depuis juin 2012 ; et pour le second une baisse moins accusée de 23 points).

Cependant, une défiance qui n’est pas l’apanage du Parti socialiste, l’UMP s’imposant comme tout aussi impopulaire

 

S’il faut convenir que ces scores d’image sont inquiétants pour le parti politique dont sont issus nos actuels gouvernants, il n’est pas le seul avec qui les Français sont en rupture. La défiance semble généralisée à l’égard de l’ensemble des partis politiques : d’après le baromètre Sofres/le Figaro de septembre, si seulement un tiers (34%) des Français ont une bonne image du PS, l’UMP ne fait pas mieux (32%), moins encore l’extrême gauche et l’extrême droite (24% pour le Parti de gauche comme le FN), seuls les Verts semblant faire un petit peu mieux mais toujours de manière minoritaire à 38% de bonne image.

Alors que les ténors de le l’UMP, Jean-François Copé et François Fillon en tête, se gaussent de ces scores réalisés par le PS, leur parti ne suscite guère d’enthousiasme non plus auprès des Français. L’UMP préoccupé par ses guerres intestines a raté cette dernière année sa chance de s’imposer comme alternative au Gouvernement socialiste.

Selon un sondage CSA pour Nice-Matin de mai 2013, pas plus que le Parti socialiste, il ne semble avoir un projet pour la France (31%), et sa capacité à proposer de bonnes solutions aux Français dans ce contexte de crise ou des idées nouvelles n’est reconnue que par un quart (26% et 24%) d’entre eux.

Son personnel politique est également remis en cause : à peine un quart (24%) des Français jugeant qu’il a des dirigeants de qualité – le psychodrame de la présidence de l’UMP à l’automne 2012 semblant avoir focalisé l’attention sur les égos au détriment des idées.

L’UMP peine non seulement à remplir son rôle d’alternative, mais apparaît également peu crédible en termes d’opposition. A peine un tiers des Français estimant qu’il s’oppose suffisamment au Gouvernement.

De même qu’à gauche, le désamour avec les Français paraît consommé : moins d’un quart (23%) d’entre eux juge que l’UMP est à l’écoute des Français et à peine 3 personnes sur 10 qu’il est proche de leurs idées.

Pour autant, un Parti socialiste qui ne doit pas se réjouir de cet état de fait, mais à l’inverse s’imposer comme « LA » formation politique d’adhésion pour les prochaines échéances électorales

Etre plus populaire que l’UMP, ou tout aussi impopulaire que ce dernier, n’est pas une victoire en soi, loin s’en faut. Si le Parti socialiste veut conserver ses assises territoriales et espérer l’emporter lors de la prochaine échéance présidentielle, deux défis  s’imposent à lui :

-   Travailler sur sa base et ses alliés de gauche

Le sondage Ifop sur l’image du PS, révèle que non seulement le parti de la rue de Solférino connaît une dégradation de son image auprès des Français, mais également auprès de ses sympathisants. Certes cette dernière est bien moins accusée et ses assises restent confortables (sur tous les items testés – soutien suffisamment le gouvernement, a un projet pour la France, est proche des préoccupations des Français, a des dirigeants de qualité – l’adhésion des sympathisants est majoritaire) néanmoins elle connaît une baisse significative de -5 points s’agissant de sa capacité à proposer un projet pour la France à -18 points concernant la qualité de ses dirigeants, ce qui interroge à a peine  plus d’un an de l’élection de François Hollande et à moins de six mois des municipales.

De plus, le rayonnement du Parti socialiste est limité sur sa gauche, le soutien étant moins net voire minoritaire sur certains items de la part des sympathisants Front de Gauche et EELV.

-   Répondre aux priorités des Français

Pour redorer son image auprès des Français et regagner en proximité, apporter des réponses à leurs préoccupations doit être la priorité du Parti socialiste. Ainsi, les Français attendent-ils d’après l’Ifop, des propositions par ordre d’importance : sur la lutte contre le chômage (67%), celle contre les déficits (40%), la délinquance (27%) et enfin la pauvreté (22%).

Aujourd’hui, le PS est fortement attendu sur sa capacité à proposer une ligne politique rassembleuse. Celle-ci est plus que jamais nécessaire dans la perspective des prochaines échéances mais aussi pour conserver le soutien plein et entier des sympathisants a fortiori adhérents (près de 200 000 personnes) qui sont la base de tout parti politique. En parallèle, le Parti socialiste devra porter ses efforts sur les réponses à apporter aux préoccupations des Français, en premier lieu s’agissant de la question du chômage : une inversion de la courbe du chômage d’ici la fin de l’année comme le prédit François Hollande serait un bon argument, si ce n’est le meilleur, pour espérer susciter une vague rose aux prochaines élections municipales.


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