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" Je jouerai pour les arbres debout, pour le fleuve aux longs méandres,
pour le premier brin d'herbe qui percera la neige au sortir de l'hiver. "
L’auteur :
Agé de trente-neuf ans, Olivier Bleys a publié une vingtaine de livres dans différents genres : romans, essais, récits de voyage, bandes dessinées, romans d'anticipation. Il est l’auteur d’une dizaine de romans, pour la plupart publiés aux Éditions Gallimard puis repris en Folio – Pastel, Le fantôme de la Tour Eiffel, Semper Augustus, Le colonel désaccordé… – et qui lui ont valu de nombreux prix littéraires (dont le Prix François Mauriac de l’Académie française pour Pastel en 2000). Traduit en dix langues, il a publié aux Éditions Albin Michel Le Maître de Café (janvier 2013), pour lequel il vient de recevoir le Grand Prix SGDL du roman.
Retrouvez plus d'informations sur l'auteur et sa bibliographie sur son blog : http://monvolubilis.canalblog.com/
Au cours de sa carrière, Olivier Bleys a effectué plusieurs séjours en résidence d’écrivain. Passionné par l'échange entre les cultures, il a pris part à de nombreuses manifestations tant en France qu’à l’étranger (il a été choisi pour représenter la France aux IIIe Jeux de la Francophonie à Madagascar).
En juillet 2010, il a entrepris un tour du monde à pied, par étapes, qu'il poursuit d'année en année. (http://geopedisfr.canalblog.com/) (Source : Editeur)
L’histoire :
À Mourava, hameau perdu de Sibérie centrale, Vladimir Golovkine n’a qu’un rêve : prendre le bateau pour Krasnoïarsk, la grande ville en amont du fleuve. Mais faute de pouvoir s’offrir un billet, c’est un étranger qu’il voit débarquer dans sa vie : Colin, un pianiste français raté dont la main droite refuse d’obéir dès qu’il se met à jouer le concerto n°2 de Rachmaninov. À la frontière du récit et de la fable, Olivier Bleys crée ici un univers poétique où le tragique côtoie l’absurde. Histoire de vodka et de mystère, de musique et d’amitié entre les hommes, ce livre nous invite à cultiver la joie.(Source : Editeur)
Ce que j’ai aimé :
Mourava est un petit village de Sibérie Centrale, aux habitants simples dont la vie se déroulait « dans un décor de conte populaire, sombre et élégiaque » (p. 10) Vladimir Goloukine est l’un d’eux, éboueur de son état, rêvant de quitter « ce village pourri et les crétins qui l’infestent ». Ce tableau planté en quelques pages plonge le lecteur au cœur d’un monde âpre et hostile, maisaux habitants décalés, drôles et réjouissants. Pétris de passion ou d’alcool, ils s’agitent dans cette destinée ennuyeuse pour s’arracher tant bien que mal à ce paysage frileux…
« Il n’y a que deux façons de passer le temps, ici, c’est l’alcool et les histoires. » (p.68)
Arrive alors un français, un pianiste un peu triste, qui justement va leur raconter une histoire étonnante. Ce pianiste perd en effet l’usage de sa main quand il essaie d’interpréter le concerto n°2 de Rachmaninov. Cet amoureux des notes souffre de ne pouvoir maîtriser son corps et de ne plus être en mesure de partager son art.
« Mettre son piano dans un camion, partir sur les routes, offrir la musique aux gens qu’on rencontre, puis s’en aller ailleurs. C’est ainsi qu’on doit vivre lorsqu’on est pianiste. « (p. 232)
La quête du pianiste aidé par son acolyte atypique Vladimir s'avère épique, ils rencontreront des ours, des cousins alcooliques, et surtout un drôle de sorcier... Une galerie de personnages drôles et profondément humains, qui n'hésiteront pas à porter secours au malheureux pianiste, même si a priori tout les séparait.
« On ne pouvait tout prévoir ni tout réparer. La vie n’était qu’un tissu d’à peu près, de décisions hâtives sur lesquelles pourtant l’on bâtissait, comme on laisserait aux fondations d’un édifice des pierres qui tombent en poudre. « (p. 234)
Olivier Bleys peint une Russie hantée par des êtres perdus, errant dans un univers pauvres, des hommes du bout du monde ancrés à la solitude. Mais leur capacité à rebondir, à aimer leur prochain, à croire au surnaturel et à apprécier les belles histoires les sauvent d'une destinée tragique en les rendant malgré eux heureux de vivre... En sortant du cadre bien établi d'une vie linéaire, ils accueillent en leur pensée la beauté du monde.
Ce que j’ai moins aimé :
Le ton truculent des premières pages s’essouffle un peu au fil des pages, pour plus de gravité, mais Concerto pour la main morte n’en reste pas moins un roman agréable à lire et à découvrir.
Premières phrases :
"Le petit village se nommait Mourava, ce qui traduit de l'ancien russe donne à peu près "la jeune herbe". Encore ne l'appelait-on "village" que par commodité, ou pour le distinguer d'autres plus frustes encore, parfois de simples campements qui s'échelonnaient sur de grandes distances le long du fleuve Ienisseï, région de Touroukhansk, Sibérie centrale."
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Du même auteur : Le fantôme de la Tour Eiffel
Autre : Amazone de Maxence FERMINE
D’autres avis :
http://www.babelio.com/livres/Bleys-Concerto-pour-la-main-morte/495381/critiques
Concerto pour la main morte, Olivier Bleys, Albin Michel, août 2013, 234 p., 18 euros