Où est le chemin ? Le chemin est toujours à trouver. Une feuille blanche est remplie de chemins. On sait qu’il va falloir se diriger de gauche à droite. On sait que l’on va beaucoup marcher, beaucoup peiner. Et toujours de gauche à droite. On sait aussi d’avance – quelquefois – que lorsque la page sera noircie de signes, on la déchirera. On refera le même chemin, dix fois, cent fois ; le chemin de son nez, de sa nuque, de sa bouche ; le chemin de son front et de son âme. Et tous ces chemins ont leur chemin propre. — Autrement ils ne seraient pas des chemins.
Comment se fait-il qu’ayant, devant nous, notre chemin tracé (ou nos éventuels chemins), nous prenions généralement celui qui nous éloigne de notre but, nous conduit ailleurs, où nous ne sommes pas — mais peut-être y sommes-nous aussi ? — sauf lorsque l’inspiration nous guide, lorsque nous sommes en état de réception ou de grâce — mais c’est rare, très rare même — et ceux qui le sont — en état de grâce — l’ignorent ; je veux dire le temps qu’ils le sont. D’autant plus qu’être en état de grâce, c’est souvent perdre son chemin, le chemin habituel, pour en suivre de plus secrets, de plus mystérieux.