Qui n’a jamais eu envie de tout plaquer et se mettre à son compte? Fati Niang, créatrice de Black Spoon ne vous dira pas le contraire. Cette maman de deux enfants nous a interpellé tant par son concept original de Camion-Restaurateur dédié à la cuisine africaine que par son dynamisme et sa joie de vivre. Rencontre avec une amoureuse de la gastronomie africaine.
#DieseMag : Bonjour Fati, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
#Fati Niang : Je suis une jeune femme entrepreneur qui a toujours travaillé en entreprise, jusqu’à l’année dernière où j’ai eu le déclic et l’envie d’être à mon compte. Je me suis donc tournée vers l’entrepreunariat en lançant mon projet Black Spoon créé début septembre. Côté parcours professionnel : diplômée d’un BTS Action Commerciale, j’ai travaillé dans la déco intérieur, dans le quartier de la Défense dans un cabinet d’architecte dédié aux entreprises.
Quel a été justement le déclic en vous mettant à votre compte ?
Le déclic c’était de ne plus dépendre des autres au niveau opérationnel. Cela m’énervait de manquer un contrat parce qu’un tel n’avait pas fait son job par exemple. L’envie surtout de gérer quelque chose du début jusqu’à la fin et si ça ne marche pas, tant pis je m’en prendrai qu’à moi-même.
Parlez nous de votre bébé « BLACK SPOON » (concept de food truck africain)…
Mon 3ème bébé alors (rires). Black Spoon est une alternative car au départ je voulais ouvrir un restaurant avec une vraie identité, un lieu atypique, et tendance mais on s’est aperçu que le budget était bien trop élevé. J’ai entendu parler du food truck et ce concept m’a semblé adapté, puis j’ai étudié le marché et voilà nous étions partis sur ce terrain. Le nom est venu en brainstorming avec l’agence de communication qui me soutient, et l’ustensile de cuisine est connu et reconnu dans le monde donc là aussi c’était une évidence. J’ai un partenariat avec Moriba pour tout ce qui est café, thés, sauces cuisinés, etc. Ils m’ont beaucoup aidé et soutenu dans mon projet, en m’introduisant aussi dans un réseau qui n’était pas le mien et grâce aux formations et rencontres, j’ai pu prendre des raccourcis quant au développement de Black Spoon.
Louez-vous un camion?
Non du tout, c’est un achat de camion aménagé et personnalisé pour chaque entreprise. On peut cuisiner au quotidien mais tout ne se fait pas sur place, la grosse cuisine est préparée par un chef cuisinier de renom : Alexandre Bella Ola, 25 ans d’expérience et "en place" comme on dit.
Où êtes-vous basée ? Et combien de personnes travaillent pour vous ?
Pour l’instant nous sommes deux, bientôt quatre je l’espère pour l’organisation du camion ce serait mieux et il faut avouer que pendant deux heures on y va à fond. Nous sommes basés à Courbevoie/La défense du côté quartier Faubourg de l’Arche juste à côté de la tour GDF-SUEZ, un bel emplacement dont je suis fière. Vous pouvez nous y retrouver tous les jeudis et vendredi, et le samedi nous sommes à Gennevilliers dans le centre commercial Les Chantereines. Nous allons prochainement du côté du Kremlin-Bicêtre, dans le quartier d’affaires Okabé près du siège de LCL/Crédit Agricole, et là ce sera le mardi soir.
Nous visons les quartiers d’affaires, j’ai toujours voulu manger un bon tieb ou un yassa au bureau mais impossible donc j’aimerais offrir cela aux personnes qui sont dans cette situation également.
Vous voulez donc attirer les CSP+, quelle est votre valeur ajoutée ?
Tout est dans la présentation, c’est très raffiné, haut de gamme, on ne veut rien faire "vite fait" ou à "l’arrache" comme on dit. On propose une belle carte avec des nouveautés, des plats revisités, des choses que cette clientèle ne connait pas…
Qui est à l’origine de la carte ?
C’est moi, j’ai préparé les plats et avec l’aide de mes cuisiniers on revisite le tout, on réadapte donc leur aide m’est précieuse.
Vous êtes d’origine sénégalaise, doit-on s’attendre à manger local?
On propose les classiques et incontournables de la cuisine africaine, c’est-à-dire le tieb, le yassa, le maffé et ensuite tous les mois on propose des semaines culinaires. Comme par exemple les grillades avec le dibi, le suya, le poulet braisé, etc. Nous comptons faire le tour de l’Afrique avec pourquoi pas ses 54 pays!
Côté portefeuille, combien coûte un repas classique ?
En moyenne entre 8 et 12 euros. C’est quand même assez abordable pour le quartier de la Défense, nos clients payent avec les tickets restaurants et ajoutent quelques euros en espèces. Comme nous sommes de "passage" ils se permettent ce petit plus pour un repas à emporter.
Allez-vous proposer la livraison?
Oui c’est en cours pour l’année prochaine si tout va bien.
Comment cela se passe en coulisses concrètement ? On passe commande avant de venir?
Je dirais que c’est du spontané, les curieux s’arrêtent devant le camion avec l’envie de découvrir ce que l’on propose. Nous organisons régulièrement des dégustations et leur expliquons sur place les composants des différents plats.
Qu’est-ce que la gastronomie africaine selon vous Fati Niang ?
En fait, on parle beaucoup de gastronomie française en faisant allusion aux ingrédients raffinés, à une présentation irréprochable et au plaisir gustatif mais rarement de gastronomie africaine. Il y a quelques restaurants haut de gamme comme le Waly Fay* ou la Villa Pergolèse* qu’on qualifie de "chic" et "raffiné", je pense que je me rapproche de cette cuisine qui représente à mes yeux la gastronomie africaine. Visuellement on a envie de goûter, c’est propre et classe.
Quelle est la suite pour vous d’ici quelques années, vous développer en Ile-de-France ? La franchise ?
L’objectif est d’avoir trois camions dans Paris, ce qui est un peu compliqué car le maire n’est pas très favorable au développement des food truck DANS Paris. Grâce à une association qui vient en aide justement à cette cause, nous espérons pouvoir acheter deux camions de plus pour la capitale d’ici un an. Nous implanter également en Province, dans des villes comme Lyon, Marseille où il y a une forte demande et pourquoi pas en Europe ou à l’international.
Bonne chance Fati!
Merci beaucoup à toute l’équipe de DieseMag.