Flash « black »

Publié le 26 septembre 2013 par Lifeproof @CcilLifeproof

Du 1er juillet au 22 septembre 2013 se sont tenues les 44èmes rencontres de la photographie à Arles, un événement culturel majeur qui au fil des ans suscite un engouement croissant et qui fut cette année au cœur de Marseille Provence 2013 capitale européenne de la culture. Retour sur cette édition placée sous le signe du Noir et Blanc.


Giuseppe Penone, souffle de feuilles. Vue de l'exposition à la chapelle du Méjan. Photo : A-S. M.

Arles est une très jolie ville du sud, avec ses rues étroites, ses commerçants chaleureux, ses pierres blanches et son soleil toujours au rendez-vous. Une fois mon ticket acheté, me voilà affublée d'un plan gigantesque où s'entrecroisent flèches et légendes sur les différentes manifestations en cours. Dans l'impossibilité de tout faire en une journée, il ne me reste plus qu'à arpenter la ville, à la manière d'une chasse au trésor, à l’assaut des plus beaux monuments qui renferment les quelques expositions à ne pas manquer.

J'ai choisi celle consacrée à Giuseppe Penone à la chapelle du Méjan comme entrée en matière. Ce fut pour moi l'occasion d'admirer en vrai des œuvres très célèbres comme Souffle de feuilles, que je n'avais pu étudier jusqu'alors que via un rétroprojecteur sur les bancs de la fac. On retrouve cette poésie, dans le rapport du corps à la nature, chère à l'artiste dans deux séries de photographies plutôt méconnues par rapport à ses installations/performances.


Vue de l'exposition Lee Ufan à la chapelle Saint Laurent. Photo : A-S. M.

Lee Ufan fut une joyeuse découverte. Cet artiste est issu du mouvement Mono-Ha, proche du minimalisme et de l'arte povera. Ses mises en scène de cailloux et ses tubes en équilibre ne manquent pas de références. Ses toiles qui comportent chacune un unique coup de pinceau au dégradé parfait sont troublantes. Un art à la fois sobre, majestueux et méditatif, qui prend une certaine ampleur dans la chapelle Saint Laurent.

C'est à quelques minutes de marche du centre ville, dans de grands hangars désaffectés que se trouvent Les Ateliers, le nerf de la guerre. Des dizaines d'accrochages s'y côtoient, nous plongeant dans un océan photographique dont voici quelques bribes :


Miguel Angel Rojas, Paquita, 1970-2010. Courtesy : Sicardi Gallery

L'exposition de Miguel Angel Rojas s'ouvre avec un portrait en pied d'un homme nu, le sexe à auteur de vue....bonjour et bienvenue. Ayant choisi d'exprimer son identité sexuelle à travers la photographie, l'artiste a capturé en cachette durant son adolescence les activités d'hommes homosexuels qui se retrouvaient, le soir venu, dans des salles de cinéma en ruine. En résultent des images floues de scènes cependant très claires, une réalité crue.


Gordon Parks, L'Homme Invisible, Harlem, New York, 1952. © Fondation Gordon Parks

(Beaucoup...) plus loin, un grand espace est dédié à Gordon Parks. De Marilyn à Marthin Luther King, de la mode aux luttes pour l'égalité des droits civiques, ce photographe qui a longtemps travaillé pour Life retrace les temps forts de l'Amérique du XXème siècle. Il s'agit selon moi de la rétrospective qu'il ne fallait pas manquer au cours de ce festival.


Hiroshi Sugimoto, Revolution 008, mer des Caraïbes, Yucatan, 1990

Pour clore notre parcours, petit retour en ville avec Hiroshi Sugimoto. Deux espaces lui sont consacrés : l'un expose des carrés Hermès (!) sur lesquels ont été édités son travail sur le spectre de la lumière. L'autre en revanche présente ce que j'ai d'abord cru être des tableaux abstraits. En vérité il s'agit de photographies renversées et très sombres, presque noires, de l'horizon. Désireux de capturer le temps, ces prises de vues époustouflantes sont le fruit de temps de pose très longs.

Véritable lieu de rencontres avec la photographie, comme son nom l'indique, cet événement est aussi l'occasion de découvrir la belle architecture de la ville. Pas d'inquiétude pour ceux qui n'ont pas encore pu s'y rendre, c'est chaque année que des milliers de clichés envahissent les murs d'Arles le temps d'un été.

Ophélie.

Site des Rencontres d'Arles: www.rencontres-arles.com/