On savait que Marseille avait choisi la musique comme arme de destruction massive. Marsatac 2013 a donné le coup de feu d’une édition mortelle ce weekend à Nîmes avant d’asséner le coup final à Marseille dans quelques jours avec des groupes électro hype: Breton, St. Lô, Discodeine et Nasser. Ce dernier trio, local de l’étape, est déjà prêt à bombarder les oreilles des festivaliers avec son nouvel album #7. Un bon numéro, particulièrement explosif, qui fera à coup sûr danser comme le premier album #4 très punk atomisant tout sur son passage. C’est un trio, même si le 3ème larron était manquant, à l’accent très léger, que nous avons soumis à la question pour ce nouvel hastag au premier single « the World is Ours ». Et ce n’est pas à cause de la barbe de Nicolas et la discrétion de Simon qu’il est question d’ours mais plutôt de « ours » en anglais ; le monde est à vous, la parole est à eux !
Vous venez de Marseille, vous serez à Marsatac le 28 septembre prochain. Ça vous fait quoi ?
On est super contents, c’est la deuxième fois pour nous et là, c’est la grande scène le samedi soir avec un plus gros logo ! On arrive avec des bretelles, un bouc et avec 70% de nouveaux morceaux et d’anciens titres revisités comme « Come On ». La seule différence, c’est que maintenant c’est aux 5 avenues, le centre du monde s’est déplacé! Marseille, c’est la maison, c’est là où tout se passe, où tout se crée. C’est … ZE place to be. (Rires)
Qu’est ce que vous pouvez nous dire sur ce nouvel album #7 ?
C’est un album de musique électronique fabriqué à Marseille qu’on a voulu plus réfléchi. Pour le premier, qui était plus dans la spontanéité, on avait posé des tracks pour un album calibré pour le live. Là, l’ensemble plus homogène raconte une histoire en terme de sonorités, comme dans les années 80. Il y a moins de titres, plus pop et accessibles. C’est le genre d’album à écouter à la maison. Un album plus « profond » avec plus de chant. Pendant les 2 ans de tournée, on a rencontré de nouveaux groupes, de nouvelles sonorités. On a fini notre tri, on se connaît mieux et maintenant, on fait ce qu’on a envie de faire.
De quoi parlent vos chansons ?
Ouh là ! Vous voulez vraiment savoir? (Rires) C’est la boîte de Pandore! Romain (au synthé) écrit en général les paroles bien qu’on intervienne beaucoup. Ce sont des sujets souvent sombres et très métaphoriques avec des personnages fictifs bien plus décalés que sur le premier album. C’est fini le concept scandé et les punchlines ! On a eu le temps de faire nos armes en terme d’écriture. « Bronson » et « The League » sont des personnages en marge qui ne se sentent pas bien dans ce que la société peut proposer aujourd’hui. Des marginaux qui préféreraient vivre dans quelque chose d’alternatif.
Justement alternatifs, vous l’êtes aussi. L’ensemble est toujours électro rock mais, dès le premier morceau, « Bronson » on sent que vous prenez un virage pop, pourquoi?
On n’est pas vraiment pop à part dans le format des chansons : couplet, refrain, couplet, refrain, pont. Là, on a porté plus d’attention au chant. Les chansons ont l’air plus pop: on les écoute et on les retient plus facilement. C’est une manière un peu différente d’aborder l’album. Au niveau des sonorités, on retrouve des influences rock’n roll et électro avec de la guitare électrique, de la vraie batterie mélangée avec de vieux synthés et des boîtes à rythmes.
Oui, vous avez notamment fait récemment un remix des Soma (qui sont d’Istres) et puis il y a presque une parenté avec Kid Francescoli (de Marseille). On peut parler d’une scène marseillaise ?
On est contents de le dire en tout cas. Tous ces gens appartiennent à notre univers. Simon a créé le groupe Husbands avec Kid Francescoli et Oh! Tiger Mountain. Nicolas a fait le clip de Kid Francescoli et est en train de tourner celui d’Oh! Tiger Mountain. Et il ne va pas tarder à réaliser le clip d’Husbands. (Sourires) On travaille tous ensemble et c’est vraiment en famille. Après, on n’est pas des patriarches. Oh! Tiger Mountain et Kid Franscescoli étaient là avant nous, Nicolas était batteur des Kid Franscescoli pendant pas mal de temps. Il y en a plein d’autres comme les Dissonant Nation et certains marchent beaucoup mieux que nous comme Chinese Man et Deluxe.
Pour les photos des pochettes, vous avez été de dos, vintage, avec des lunettes de soleil, en mode animalier. Et sur le dernier, vous jouez quels rôles ?
Au milieu, Nicolas est un amish. Simon c’est un espèce de mafieux un peu décontract’. Romain, euh… En faisant chaque fois cette photo de nous 3, on s’amuse sur les EP et on est plus « sérieux » sur les albums. Ça commence à être sympa quand tu regardes les 7 disques ensemble et de laisser ce concept entre les mains de photographes. Sur celui-là, on est parti avec un photographe de rock, Richard Bellia qui a shooté The Cure, Depeche Mode, Nirvana. L’idée c’est de développer ça au fur et à mesure avec des artistes pour voir où ils peuvent amener le concept qui est, à la base, très fermé. C’est là le challenge !
« Concept », c’est un mot d’ancien publicitaire ça ? Ça aide dans la musique d’avoir ces bases-là ?
Publicitaire, graphiste, dessinateur. « Concept », « punch line ». (Rires) Ah ben, ça nous a beaucoup aidés au début, c’est grâce à ça que ça a marché. On a directement proposé quelque chose avec un visuel, un son, une image globale. C’est vraiment plus facile à défendre que deux titres sur Myspace.
Quand on écoute, on a forcément envie de danser comme des fous. Et vous l’avez testé cet été, comment le public a-t-il réagi ?
Ça danse. On a fait un énorme concert à Millau devant 20 000 personnes. C’était vraiment un énorme carton, un truc complètement fou et là on s’est dit « ouais, quand même au bout de tant d’années… ». En plus nos tourneurs étaient là et c’était la première fois qu’ils voyaient le live. Ils ont fait une de ces tronches ! Ils ont dit : c’est à peine le 4ème live et vous êtes déjà au taquet ! Vous bougez 20 000 personnes comme ça. Ça fait plaisir. (Sourires)
C’est monstrueux d’assister à vos concerts. Comment pouvez-vous expliquer aux lectrices la claque qu’elles vont se prendre en venant vous voir ?
Une liesse collective. (Rires) C’est un peu notre frustration, on ne saura jamais comment ça sonne. Si ça se trouve, c’est naze (Rires). Mais on aime faire participer le public. On a horreur des groupes qui jouent un album du début à la fin sans aucun changement, comme des zombies. On aime être des « rentre dedans ». Plus le public nous rend et plus on donne, c’est une espèce d’escalade. Un concert réussi c’est quand le public répond au deuxième morceau et qu’à la fin tout le monde est à fond. Pour nous, c’est vraiment un choc d’adrénaline !
Le look, sur scène, c’est quand même très très clean. Vous êtes en cravate et chemise. C’est du dandy qui transpire. Pourquoi ce choix ?
On n’a pas envie de monter sur scène, habillés n’importe comment. Le côté lumière est important, on ne peut pas jouer avec une chemise à carreaux et un kilt. On n’est pas un groupe de grunge, on ne met pas des chemises à carreaux et de T-shirt Daft Punk. (Rires) C’est un univers qu’on a travaillé. On aime bien les choses très minimalistes, assez classes. En même temps, la chemise cravate… ne dure pas vraiment longtemps !
(Nicolas) Sur la première tournée, je commençais en cravate et finissais en marcel, c’est la dégradation. Maintenant, c’est fini le marcel sous la chemise, je finis les concerts en bretelles !
Il faut parler du clip de « The World is Ours ». Qu’est ce que c’est que ce clip ? Il y a King Kong, des animaux qui tuent des humains qui courent nus dans la forêt…
Le monde est à nous! Les réalisateurs sont nos amis mais en regardant notre premier clip qu’on avait fait, ils ont réalisé que c’était impossible de proposer un truc terre à terre vu notre univers un peu spécial, noir et décalé. On est très influencés par la musique de film d’horreur à la Carpenter et là il y a un côté Melville. On adore l’idée d’ancrer le son dans une image spéciale. Ça nous va bien ce renversement des choses, le côté un peu brutal de la chasse. C’est parfait aussi pour ce titre-là qui allait sortir en premier. C’est très important non pas de choquer mais d’interpeler les gens. Le but du jeu, c’était que les gens qui avaient aimé le premier album écoutent ce single et se disent : « qu’est ce que c’est ce truc ? » (Rires)
Sortie officielle de l’album #7 le 14 octobre 2013
En pré-commande sur Itunes ici!
Crédits: Richard Bellia
posté le 30 septembre à 10:54
Le trio marseillais Nasser sera également en concert le Samedi 30nov2013 à Villepinte, dans le cadre du festival africolor. Réservation au 01 55 85 96 10 et à la fnac. http://www.africolor.com/programme/el-fassa-mixatac-essaouira/