Une situation de crise qui résulte de la très mauvaise gestion des différentes affaires de dopage et surtout de l’affaire Armstrong qui a plombé l’ambiance au sein de la grande famille du vélo, et surtout mis à jour l’absence de décision et le laxisme de Pat McQuaid. Soumis à de vives critiques, le président en charge apparaît désormais très mal barré pour revendiquer, lors du Congrès de Florence, un troisième mandat à la tête de la fédération internationale face à son rival anglais Brian Cockson.
Deux candidats, deux adversaires aux arguments totalement opposés. D’un côté McQuaid, Irlandais de 64 ans, qui avait pris en 2005 à Madrid la succession du Hollandais Hein Verbruggen, et rééelu en 2009. Face à lui, l’Anglais Michael Brian Cockson, 62 ans, président de la Fédération britannique de cyclisme depuis 1997 et qui se veut l’homme du renouveau.
Avec McQuaid, la tendance est à la continuité car, suite aux scandales, il a bien fallu mettre un peu d’ordre dans les rangs de la vénérable institution (créée en 1900 à Paris). Il assure que désormais le cyclisme est dans de bonnes mains et qu’il est l’homme le mieux placé pour maintenir son unité face à l’avenir.
A l’opposé, Cockson est pour un profond changement afin d’en finir avec l’héritage du controversé Verbruggen. C’est aussi le cheval de bataille du MPCC (Mouvement pour un cyclisme crédible) qui a été créé en France, ainsi que de l’association Change cycling now. Les Anglo-Saxons sont de plus en plus nombreux à s’y référer et ils veulent faire place nette à l’UCI pour imposer leurs idées. Parmi les propositions de Cockson, notamment l’amnistie pour les repentis de façon à encourager les révélations et à faire avancer la lutte anti-dopage.
Dans ce contexte tendu, rien ne sera facile pour Pat McQuaid qui, dans cette course à la présidence, n’est pas présenté par la fédération irlandaise dont il fut jadis le président. Domicilié en Suisse, où l’UCI a son siège, il avait alors reçu le soutien de Swiss Cycling pour briguer un troisième mandat. Mais, suite à un coup de théâtre interne, la fédération suisse s’est rétractée et désormais le président sortant apparaît bien seul pour aller au combat, d’autant plus que l’Union européenne de cyclisme (UEC), présidée par le Français David Lappartient, et qui représente un tiers des voix au Congrès, s’est récemment prononcée en faveur de Cockson lors de son assemblée générale, à Zurich.
Une décision qui fragilise la position de McQuaid qui, grâce à un amendement, voulait se présenter avec l’appui officiel du Maroc et de la Malaisie où il avait jadis participé au lancement du Tour du Langkawi. Mais, pour ce faire, il devrait faire voter une modification des statuts de l’UCI et par la voix de David Lappartient, l’UEC a fait savoir qu’elle y est opposée ! Un désaveu qui risque d’être lourd de conséquences pour Mc Quaid, en proie de plus à une opposition farouche de la part de l’influent Igor Makarov, milliardaire russe, président de la fédération russe et propriétaire de l’équipe Katusha à qui la commission des licences de l’UCI avait, début 2013 et dans un premier temps, refusé l’accès au World Tour.
Fondateur et président de la société gazière Itera, mais aussi membre du comité directeur de l’UCI depuis 2011, Igor Makarov a de grands projets en vue pour le cyclisme russe qui bénéficie du soutien d’un homme d’affaires ambitieux et aux possibilités financières inépuisables. Avec les dirigeants de Gazprom et de Russian Technologies il a créé en 2008 Russian Global Cycling Project (RGCP). Il est aussi partisan de réformes profondes à l’UCI et en coulisses, les grandes manœuvres ont commencé depuis longtemps.
Au delà de cette élection, c’est tout l’avenir de l’UCI et de la gouvernance du cyclisme sur le plan mondial qui est en jeu, ce qui pose pas mal de questions et met de lourdes responsabilités sur les épaules des congressistes et de tous ceux qui ont le droit de vote. En sont-ils seulement conscients ?
Bertrand Duboux