My name is Brooke, Zinzan Brooke !

Publié le 25 septembre 2013 par Tom_lexvnz @LEXVNZ

Tout simplement l’un des avants les plus habiles à avoir jamais joué pour les All Blacks. Vu comme l’un des plus grand N°8 de l’histoire du rugby.

Agile, joueur, adroit au pied, puissant balle en main, inspiré, polyvalent, courageux, atypique, redoutable plaqueur, il a su faire évoluer le poste de 3ème ligne centre dans une autre dimension. Celle du « rugby total », celle du jeu !

Il inscrit au cours de sa carrière plus de 150 essais. De quoi faire pâlir de nombreux ailiers ! Il traverse les époques et fait le lien entre le rugby amateur et professionnel avec énormément de réussite en Nouvelle-Zélande.

Compétiteur acharné doté d’un énorme palmarès, leader du Haka et capitaine des All Blacks, il reçoit le compliment ultime de la part de John Hart qui déclare qu’il n’y aura plus jamais d’autre joueur comme lui.

L’ancien international anglais Will Carling ne s’y trompe pas : « Il avait une meilleure adresse dans le jeu au pied et à la main que certains demis d’ouverture internationaux ».

  • 1986-1989 – Les débuts :

Né à Waiuku, il grandit dans la ferme familiale située dans les terres éloignées d’Auckland. C’est sûrement là que le jeune Zinzan fait ses gammes avec ses 4 frères (et 1 sœur) : dont Robin Brooke, qui est devenu un grand deuxième des All Blacks dans les années 1990.

Il passe du Collège de Mahurangi aux Marists d’Auckland pour enfin gagner à 21 ans sa première sélection avec la grande équipe d’Auckland en 1986. Il fait également ses armes au niveau international chez les jeunes en intégrant les Colts, l’antichambre des All Blacks pour les -21 ans.

Vainqueur du NPC avec Auckland, aux côtés de Sean Fitzpatrick, les frères Whetton, Grant Fox, Michael Jones, Joe Stanley et John Kirwan, il se fait également remarquer en 1987 en éclaboussant de son talent le pays avec les All Blacks Seven. C’est un 3ème ligne physique, rapide et doté de qualités offensives rares et d’une habileté exceptionnelle.

Après l’indisponibilité de Mike Brewer, il est choisi pour faire partie du squad de la Coupe du monde. Il honore ainsi son 1er match sous la tunique noire en match de poule contre l’Argentine en y inscrivant son 1er essai. Le 1er d’une longue série.

Jeune Champion du monde à 22 ans et avide d’expériences, il part en tournée au Japon fin 1987, puis en Australie en 1988 où les All Blacks remportent 17 matches sur 18 rencontres. Son intégration se fait doucement. Il ne prend que très rarement  part aux tests matches des All Blacks durant cette période, se contentant souvent des matches amicaux.

Il fait son grand retour en 1989 en remplaçant Michael Jones, encore contre l’Argentine, mais toujours en tant que flanker. Pourtant, son avenir est en N°8. Il est déjà à cette époque, perçu par beaucoup comme l’homme idéal pour prendre la succession de « Buck » Shelford.

  • 1990-1994 – « Zinzan time » :

Capitaine victorieux du tournoi à VII de Hong Kong, il tient une forme éblouissante. C’est à cette époque, à 25 ans, que son heure arrive réellement.

Même s’il doit composer avec quelques blessures et quelques mésententes avec les sélectionneurs, Zinzan Brooke s’impose de plus en plus comme le titulaire indiscutable en N°8.

En tant que Māori, il devient leader du Haka, rôle tenu également auparavant à merveille par Wayne Shelford.

En 1991, il participe pleinement à sa seconde Coupe du monde mais la Nouvelle-Zélande est éliminée en demi-finale par l’Australie.

Il devient Capitaine d’Auckland en 1992 lorsque Sean Fitzpatrick devient capitaine des All Blacks et s’avance fièrement comme le nouvel homme fort de la Province.

Auckland assoit toujours plus sa domination sur le rugby néo-zélandais et enchaîne les NPC. Ils établissent même l’incroyable record de 61 défenses victorieuses du Ranfurly Shield (de 1985 à 1993). Près de 9 ans d’invincibilité à l’Eden Park.

Les All Blacks eux, essaient de se ressaisir et partent en 1992, en tournée en Australie puis en Afrique du Sud pour disputer la bagatelle de 16 matches. En 1993, ils reçoivent victorieusement les Lions Britanniques de Martin Johnson, Gavin Hastings, Rory Underwood et Jason Leonard et terminent leur saison par 13 matches au Royaume-Uni dont 12 gagnés.

1994 est une petite saison internationale pour la Nouvelle-Zélande, puisqu’il n’y eu que 6 matches disputés par les All Blacks, dont 2 perdus face aux Français qui marquent par Jean-Luc Sadourny, l’essai du bout du monde ! L’objectif est ailleurs, c’est la Coupe du monde 1995.

  • 1995-1997 – Au sommet de son art :

Le rugby devient professionnel. Zinzan est au top de sa forme. A 30 ans, la majeure partie de sa carrière est déjà derrière lui, mais ces 3 années vont sûrement être pour lui les plus denses et les plus importantes.

Il participe en 1995 à sa troisième Coupe du monde de rugby, cette fois sur les terres Sud-Africaines. Les All Blacks jouent merveilleusement bien. Zinzan se distingue particulièrement en inscrivant un drop de 47 mètres en demi-finale face à l’Angleterre. Ce geste, rarissime pour un avant est l’autre fait marquant du match avec l’avènement de Jonah Lomu:

Malheureusement, le groupe des All Blacks est victime d’une intoxication alimentaire 48 heures avant la finale. Le jour J, ils échouent d’un rien face aux Springboks portés par l’émergence d’un nouveau pays.

1996 arrive très vite. Zinzan n’en a pas terminé avec le rugby. Reboosté par la création du Super12, il va guider les Blues à remporter la 1ère compétition.

C’est également l’année du 1er Tri Nations, où les All Blacks frustrés de n’avoir pu gagner une seconde Coupe du monde, vont littéralement écraser le tournoi en faisant le Grand Chelem.

Les All Blacks vont même prendre leur « revanche » et remettre les pendules à l’heure en venant  gagner une tournée chez les Champions du monde Sud-Africains. Avec dans le match décisif, un nouveau drop de Zinzan Brooke :

1997 est du même acabit. Zinzan Brooke confirme, qu’il est avec Sean Fitzpatrick et Michael Jones l’homme des nouvelles compétitions. Ils font incontestablement partie des joueurs qui ont ouvert la voie du professionnalisme en Nouvelle-Zélande et placer le rugby néo-zélandais à un niveau des plus élevé.

Les Blues et les Blacks écrasent tout sur leur passage. Zinzan remporte cette année son second Super12 et son second Tri Nation (encore en Grand chelem) consécutifs.

Il finit sa carrière internationale par une tournée au Royaume-Uni en remportant 10 matches sur 11 en terminant sur un nul à Twickenham.

Ayant déjà signé pour le club Londonien des Harlequins, il quitte donc les All Blacks en ayant inscrit 17 essais en tests matches. Un record pour un avant à l’époque.

Mais également 42 essais en 100 matches joués avec le maillot des All Blacks.

Zinzan Brooke était un joueur fantasque et totalement « libre » sur un terrain de rugby

Il se permettait des choses que d’autres avants n’auraient même pas imaginées, sans en oublier les bases et les exigences de ce jeu.

Ici un plaquage parfait en Super Rugby:

Il représente pour toujours désormais, l’audace pure d’un joueur physique mais talentueux et d’une volonté à toute épreuve. Une légende du rugby.

A son départ, comme avec lui et Wayne Shelford en 1991, c’est un autre N°8 maori de talent, Taine Randell, qui reprend le flambeau du poste et l’honneur de mener le Haka.

  • 1998-2001 – Fin de carrière :

Il rejoint les « Quins » en tant qu’entraîneur-joueur et répond favorablement aux sirènes européennes (on parlait de 200 000 £ par an (énorme pour 1998)).

Malheureusement, pour Brooke et les Harlequins, ses trois années n’ont pas été une franche réussite. Il démissionne en 2001 : « Bien que l’on ait connu de très bonnes performances cette année, les résultats en championnat ne sont pas acceptables. Comme entraîneur je dois assumer cette responsabilité. Je pense que le moment est venu pour une nouvelle voie. »

Il continue quelques années encore à jouer au rugby, à Coventry en National Division One puis pour le club amateur de Windsor.

  • Zinzan Brooke aujourd’hui :

Il est directeur général de Number8group, une agence de recrutement « BTP » en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni.

ZINZAN « VALENTINE » BROOKE

Né le 14 février 1965 à Waiuku (Auckland)

Surnom: « Zinny »

Physique: 1,90m/ 100kg

Poste: N°8 (pouvait également jouer flanker)

Ecole: Mahurangi

Club: Auckland Marists

Province: Auckland (1986-1997), 8 NPC (1987, 88, 89, 90, 93, 94, 95 et 96), Ranfurly Shield 1995 et 96.

Franchise: Blues (1996-1997), 2 Super Rugby (1996 et 97)

Etranger: Harlequins (1997-2001)

All Blacks N°: 883 (entre Michael Jones et Bernie McCahill), Champion du monde 1987, vainqueur du Tri-Nations 1996 et 97.

1er match avec les All Blacks: 1 juin 1987 contre l’Argentine à 22 ans (Coupe du monde)

Dernier match avec les All Blacks : 6 décembre 1997 contre l’Angleterre à 32 ans.

All Blacks Tests: 58 tests, 54 titularisations, 17 essais, 3 drops

All Blacks matches « amicaux »: 42 matches, 35 titularisations, 25 essais

All Blacks matches: 100 matches, 96 titularisations, 5 fois capitaine, 42 essais, 3 drops

Outre les Blacks, il a aussi joué pour les « Barbarians » lors des tournées de 1999 et 2000, ainsi que pour l’équipe des All Blacks Seven et les All Blacks Maori. Egalement grand-amateur de football gaélique.

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