Kaé est une jeune fille issue d’une famille de samourais et, en tant que telle, elle reçoit l’éducation solide et austère d’une jeune personne noble. Elle admire depuis son enfance la très belle épouse du médecin de son grand-père, une femme nommée Otsugi, qui est très respectée dans la région et même entourée d’une sorte de légende, mais Kaé n’a que peu souvent l’occasion de voir cette femme. Arrivée à l’âge de vingt-et-un ans, et alors qu’elle n’est pas loin d’avoir dépassé l’âge normal du mariage, Kaé a la surprise d’apprendre qu’Otsugi est venue demander sa main pour son fils Umpei. Le père de Kaé, dans un premier temps, n’accorde aucune importance à cette demande car leur famille est d’un rang bien supérieur à celui de la famille d’Otsugi. Mais Kaé, enchantée à l’idée de devenir la bru d’Otsugi et de vivre sous le même toit qu’elle, parvient à convaincre son père de consentir à cette alliance. Kaé épouse donc Umpei mais par procuration car le jeune homme est retenu à Tokyo où il lui reste à suivre trois ans d’études de médecine. Ce sont donc trois années de bonheur qui s’ouvrent devant Kaé puisqu’elle est bien accueillie dans sa nouvelle famille et que sa belle-mère la considère pratiquement comme sa fille. Mais, au bout de trois ans, Umpei revient et une terrible rivalité naît immédiatement entre Otsugi et Kaé. (…)
Pendant ma lecture, je n’ai pas pu m’empêcher de comparer ce livre avec Les dames de Kimoto, du même auteur, que j’avais lu peu de temps auparavant. Ici encore, c’est la condition féminine qui intéresse Sawako Ariyoshi, mais sa manière de la dépeindre est ici beaucoup plus sombre et laisse peu de place à l’espoir. Les femmes, Kaé comme Otsugi, pour obtenir le respect et la considération, sont obligées de faire preuve non seulement d’abnégation mais elles sont même forcées de sacrifier leur santé et de risquer leur vie. On voit aussi ces vies de femmes conditionnées par la naissance d’un héritier et, à une époque où la mortalité était très élevée, marquées par les deuils. Quant au personnage masculin, Umpei, le mari de Kaé, c’est avant tout un médecin, qui n’hésite pas à se servir de sa femme pour mener à bien ses expériences. Un sentiment de malaise s’empare d’ailleurs du lecteur dans la deuxième moitié du roman et il devient par moments difficile de poursuivre.
A choisir, j’ai quand même préféré Les dames de Kimoto, qui est un roman plus pétillant et où les femmes sont moins malmenées, où la vie est moins dure.