Grand nom du sport français avec ses deux titres, Tony Estanguet va tenter cette année d'entrer de plain-pied dans la légende olympique en devenant à Pékin le premier athlète français sacré au cours de trois JO dans sa discipline, le canoë en eaux vives. Avant cela, il connaîtra l'honneur de défiler en tête de la délégation de quelques 300 athlètes français le 8 août, à la cérémonie d'ouverture. "C'est incroyable, ça me touche, j'ai maintenant 99 jours pour apprendre à porter le drapeau", a-t-il plaisanté en apprenant la nouvelle.
Mais le Palois, encore au sommet de son talent à 30 ans, a depuis longtemps tourné tout son être vers ce défi grandiose d'un triple titre, qu'il sait à portée de pagaie. "C'est très excitant. Ce serait un rêve de pouvoir faire ce premier triplé. Ca dépasse le cadre du canoë-kayak. Et c'est sympa car on n'est plus ce petit sport qui n'intéresse personne", dit-il.
La concurrence est prévenue, elle devra encore compter avec le grand Tony, couvert d'or en 2000 à Sydney et en 2004 à Athènes, mais aussi champion du monde, double champion d'Europe et vainqueur des Coupes du monde 2003 et 2004.Frère cadet (de 5 ans) de Patrice, médaille de bronze en C1 (canoë monoplace) à Atlanta en 1996, Tony est aujourd'hui seul à porter haut les couleurs familiales, béarnaises et françaises, avec toutefois son camarade de club et Palois d'adoption Fabien Lefèvre, surdoué du K1. Tony Estanguet, solide athlète de 1,82 m pour 81 kg, est taillé pour l'exception. A Athènes, il était déjà devenu le septième athlète de l'histoire du sport français à conserver son titre olympique.
Une histoire de famille
Deuxième de la finale, Tony avait certes bénéficié d'une pénalité de deux secondes infligée à son adversaire de toujours, le Slovaque Michal Martikan, médaillé d'or à Atlanta et d'argent à Sydney, mais aussi quadruple champion du monde. Un adversaire redoutable qu'il retrouvera sur sa route à Pékin.Le canoë est une histoire de famille pour les Estanguet. "Mon père, ancien kayakiste international, nous a mis dans le bateau tout petits avec mes frères Patrice et Aldric. Nous partions avec les kayaks sur le toit les week-ends et pour les vacances, en Espagne, dans les Alpes, partout", se rappelle le champion.
Du papa aux trois fils, les Estanguet sont tous kayakistes confirmés et professeurs d'éducation physique. Aldric est allé jusqu'en équipe de France mais a finalement opté pour l'enseignement, tandis que Patrice et Tony tentaient la grande aventure du haut niveau.
Tony est un céiste complet, puissant et technique, doté d'un instinct très sûr. Mais il est aussi bien davantage qu'une machine à pagayer en eaux vives, un homme équilibré et affable qui pose un regard lucide sur le monde, capable de donner son avis sur des sujets sensibles comme le boycott des Jeux: "Je suis contre car ce ne sont pas les sportifs qui sauveront la planète. C'est d'abord un problème politique et il faut respecter les JO".
AFP ®
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