Chloé Delaume l’affirme : elle est « un être d’autofiction. Qui à maintes reprises engage son lecteur
à s’écrire par lui-même, à donner à sa vie une forme inédite dont il est le
héros. » Le problème est que la guerre menée par elle avec les mots
peut être détournée par d’autres en direction de la mort. Et qu’à croire Une femme avec personne dedans, c’est
peut-être arrivé. Certes, on ne lit jamais un livre de Chloé Delaume pour y
trouver une vérité brute. Le jeu est constant entre ce qui est et ce qui pourrait
(devrait ?) être. L’écriture révèle autant qu’elle masque, si bien qu’il
arrive de s’égarer, et pas question d’espérer être guidé par l’écrivaine.
D’autant qu’elle semble elle-même, malgré les buts
lointains qu’elle se fixe, encore très éloignée de ceux-ci. « Me mettre à la place du père. Etre de
l’autre côté. Du miroir comme de l’arme. Etre celui qui décharge. »
Plusieurs fois, elle rappelle qu’il s’agit du récit de sa propre Apocalypse. La
sienne ! Que personne ne s’avise de la lui emprunter ! Car la violence
verbale perce entre les phrases, elle cogne et cogne. Cette littérature
inconfortable est de celles qui fouettent sans artifices érotiques, et qui
remuent jusqu’à ce qu’on pensait endormi à jamais.