Mardi, il eut sa vingtaine de minutes, à l'estrade de l'ONU. Le discours était attendu, les thèmes connus d'avance. L'ensemble fut donc convenu: Syrie, Centrafrique, Iran, et même la Somalie, nous saviosn à quoi nous attendre.
Les services de l'Elysée nous avaient épargné les anciennes mises en scènes théâtrales de l'ancien monarque. De cette intervention onusienne, nous savions qu'elle s'accompagnerait de quelques visites importantes (avec le président iranien notamment), mais "normales". Du temps de Sarkofrance, chaque "prestation" élyséenne était accompagnée d'un emballage qui nous faisait croire à une attention médiatique mondiale sur quelques propos sarkozystes. Nicolas Sarkozy "débarquait" à New York comme on envahit un pays ou le Stade de France. Le surjeu sarkozyste est oublié. Hollande la joue ferme et normal.
Ce qui n'empêche pas les critiques.
1. Le discours du président de la République fut attendu, mais convenu. Sur la Syrie, il a rappelé ses arguments. En résumé, la pression a payé, mais l'affaire n'est pas terminé. Il faut accepter l'éventualité de sanctions si le désarmement chimique n'est pas correctement mené à son terme. Et Hollande, devant tous les autres représentant des Etats membres de l'ONU, rappelle son accusation contre la Syrie: "Face à ce crime terrifiant, la France a voulu une réaction forte pour sanctionner une violation du droit international mais aussi pour dissuader le régime de Bachar al Assad de commettre de nouveaux massacres".
2. Hollande a lancé deux alertes sur l'Afrique. L'une sur la Centrafrique, "je souhaite que le Conseil de Sécurité donne mandat (...) à une force africaine". Il y a urgence. "Nous devons mettre un terme aux exactions, qui prennent également des formes confessionnelles. (...) Le chaos s’est installé et les populations civiles en sont les premières victimes." Mais qui sont ceux qui, en France, soutiendront cette intervention après les reculs sur la Syrie ? Seconde alerte, la République Démocratique du Congo, où "des femmes, des enfants sont violentés chaque jour dans le Kivu; là encore il est impératif de renforcer la MONUSCO".
3. La ligne "hollandaise" est simple: il faut agir, partout et tout le temps, sinon le terrorisme nous rattrape. En version diplomatique, cela donne: "Partout où le désordre règne, le terrorisme prend de l'ampleur." Et de citer la récente attaque à Nairobi, au Kenya. Un journaliste d'Europe 1, anti-Hollandais notoire, a raillé sur Twitter:
Après le Mali, #Hollande sonne l alerte en Centrafrique, en RDC, en Somalie.Zorro est arrive hé hé !!! Et tout ça sans augmenter les impôts!4. Hollande fut le seul chef d'Etat à rencontrer le nouveau président iranien. Cette rencontre est une bonne chose, diplomatiquement. Mais l'on regrettera autre chose, un point qui suscitait déjà une large réprobation du temps de Sarkofrance. Hollande, comme Sarkozy hier, expliqua sur la tribune puis plus tard devant quelques dizaines de journalistes que l'Iran avait bien le droit à un nucléaire civil.
— Antonin André (@antoandre) September 24, 2013
Un nucléaire civil ... Car Hollande, comme hier Sarkozy, répète qu'il attend "des gestes concrets qui témoignent que ce pays renonce à son programme nucléaire militaire même s’il a le droit a un programme civil ."
5. Hollande avait une première belle annonce, une modification du fonctionnement du Conseil de Sécurité, qu'"en cas de crime de masse, les Etats membres puissent décider de renoncer collectivement à leur droit de veto".
6. Hollande avait une seconde grande proposition, pour l'Afrique. Une conférence de paix, pour l'Afrique, sera organisée à la fin de l'année. Retour de la Françafrique ? Non, pas grand chose à voir. "Les Africains doivent assurer eux-même leur sécurité. Mais nous ne pouvons les laisser seuls face au terrorisme." Et il insiste: "Mon message est simple: dans tous les domaines (développement, climat, ), le pire risque, c'est l'inaction."