Devezh mat, Metz, mont a ra ? Je ne suis pas près d’oublier, croyez-le bien, l’époque où les Guignols de l’info fustigeaient le parti pris pro-balladurien de TF1 pendant la campagne des présidentielles de 95, par le biais notamment de la marionnette de Gérard Carreyrou, alors directeur de l’information de la chaîne privée. Depuis qu’il n’occupe plus cette fonction, Carreyrou a tendance à se faire discret, mais Le Canard enchaîné a quand même relevé, la semaine dernière, une citation de son cru qu’il est tentant de placer dans d’autres contextes historiques… Voyez plutôt :
Gérard Carreyrou le 14 septembre 2013 sur Europe 1 : « Il faut être avec son temps. Quand un Français sur trois dit qu’il est proche du Front National, qu’il se sent proche de ses idées, on ne peut plus parler d’extrême droite, on ne peut plus parler de relents fascistes, on est obligé de considérer que c’est un parti comme les autres. »
Gerhart Karreirhaus, le 29 novembre 1932 sur la Deutschlandsender : « Il faut être avec son temps. Quand un Allemand sur trois dit qu’il se sent proche du Parti National-Socialiste, qu’il se sent proche de ses idées, on ne peut plus parler de groupuscule antidémocratique, on ne peut plus parler d’esprit revanchard, on est obligé de considérer que c’est un parti comme les autres. »
Charles-Édouard de Carré-Roux, le 3 mars 1895 dans Le petit journal : « Il faut être avec son temps. Quand un Français sur trois dit qu’il est convaincu de la culpabilité du capitaine Dreyfus, qu’il trouve légitime de l’envoyer en bagne, on ne peut plus parler d’antisémitisme, on ne peut plus parler d’esprit réactionnaire, on est obligé de considérer que c’est une condamnation comme une autre. »
Le cardinal Carréroux, le 20 juin 1633, au tribunal de l’inquisition catholique romain : « Il faut être avec son temps. Quand un prêtre sur trois dit qu’il refuse les théories de Galilée, qu’il n’admet pas que la terre puisse tourner autour du soleil et non l’inverse, on ne peut plus parler d’obscurantisme, on ne peut plus parler d’hostilité à la science, on est obligé de considérer que c’est un article de foi comme un autre. »
L’abbé Carréroux, le 15 mars 1431, à la Sorbonne : « Il faut être avec son temps. Quand un Bourguignon sur trois dit que Jeanne d’Arc est coupable d’hérésie, qu’elle mérite le bûcher, on ne peut plus parler d’intégrisme, on ne peut plus parler de trahison envers la sauveuse du Roy de France, on est obligé de considérer que c’est un avis comme un autre… »
Gérarkarréros, le 3 avril 399 avant J.-C. à l’Agora : « Il faut être avec son temps. Quand un athénien sur trois dit que Socrate corrompt la jeunesse, qu’il doit être condamné à mort, on ne peut plus parler d’injustice, on ne peut plus parler de guerre à la pensée, on est obligé de considérer que c’est une décision de citoyens hellènes libres comme une autre. »
Vous m’avez compris, j’espère… Kenavo, les aminches !