Curiosity détecte très peu de méthane dans l’atmosphère de Mars

Publié le 24 septembre 2013 par Pyxmalion @pyxmalion

Abondance de méthane observée en 2009 par MRO

Les quantités de méthane autrefois observées dans l’atmosphère martienne sont remises en question par les mesures effectuées par le laboratoire scientifique sur place, Curiosity.

Au fil de son exploration du cratère Gale en direction maintenant des flancs du point culminant le Mont Sharp/Aeolis Mons (5 500 mètres d’altitude), Curiosity a procédé à six études des gaz présents dans la fine atmosphère de la planète Mars. Six relevés réalisés avec le spectromètre laser TLS (tunable laser spectrometer) entre le printemps et la fin de l’été martien soit de octobre 2012 à juin 2013 dans la chronologie terrestre. Pour chaque cas, le taux de méthane s’est montré bien en deçà de ce qui était observé par les scientifiques depuis une décennie : jusqu’à 45 parties par milliard et seulement 1,3 partie par milliard constaté par les instruments de Mars Science Laboratory (MSL) aka Curiosity ! En effet, les campagnes d’observation précédentes furent menées soit à partir de la Terre soit par des orbiteurs survolant Mars. Toutes ont attirées l’attention pour les taux relativement élevé de méthane. Particulièrement parce que sa présence peut s’expliquer par une activité volcanique et/ou, à l’instar de la Terre, une activité biologique. Bien que controversée, sa détection soulève de nombreuses questions de même que l’enthousiasme pour beaucoup d’exobiologistes, y voyant là la signature de formes de vie, principalement microscopique, occupant actuellement la surface de la planète rouge …

Bref, les mesures effectuées par le rover à un mètre du sol jettent le trouble. “Il n’y a aucune possibilité pour que le méthane disparaisse rapidement de l’atmosphère” souligne Sushil Atreya (Univeristé du Michigan) co-auteur de l’article scientifique publié le 19 septembre 2013. Rappelant que le méthane (CH4), hydrocarbure le plus abondant dans le système solaire, est “persistant” et a une durée de vie de plusieurs centaines d’années dans l’atmosphère.
Il apparait qu’entre 10 et 20 tonnes de méthane circulent dans l’atmosphère de Mars. C’est 50 millions de fois moins que dans la biosphère terrestre où la valeur moyenne de ce puissant gaz à effet de serre (23 fois plus puissant que le dioxyde de carbone CO2) est de 1 800 parties par milliard.

Pour Michael Meyer, responsable scientifique de la mission, c’est un “résultat important qui orientera nos efforts pour étudier la possibilité de la vie sur Mars”. Prenant soin de préciser que les très faibles quantités de méthane identifiées n’écartent cependant pas les “chances” de trouver de quelconques formes de vie … Certes cela “réduit la probabilité qu’il existe actuellement des microbes martiens producteurs de méthane” mais “ correspond à un seul type de métabolisme microbien” rappelant qu’“il y a beaucoup de types de microbes terrestres qui ne produisent pas de méthane.” La quête n’est donc pas finie. Ces recherches n’enlèvent pas non plus la possibilité d’une activité biologique dans le passé, en particulier dans les premiers âges (époques) de notre voisine située aujourd’hui à la limite extérieure de la zone habitable de notre système solaire.

Crédit photo : MRO/JPL.