Redevenu saltimbanque sans théâtre fixe après 25 années passées à la tête du La Bruyère, Stephan Meldegg monte pour la troisième fois, au Poche-Montparnasse ce coup-ci, à la demande de Philippe Tesson, une oeuvre qui lui valut son premier succès parisien. Au Bois Lacté", de Dylan Thomas, est une chronique rurale narrant la vie d'une communauté galloise de minuit à minuit. Soixante personnages, sept comédiens qui mouillent la chemise, une scénographie exquise et un metteur en scène appliqué pour donner à entendre un poème longuet, au style suranné, à la théâtralité relative, et au propos trop faible pour maintenir notre attention quatre vingt dix minutes durant. Comme nos voisins, passée la première demi-heure, nous ne pûmes hélas réfréner quelques bâillements...
Il fait nuit, au lever du rideau. Le spectateur s'immisce dans les rêves, fantasmes, espoirs, cauchemars de chacun des habitants du bourg, profondément endormis. Du révérend au facteur, du boulanger à l'institutrice, en passant par la mère célibataire. Il assiste ensuite à leur réveil, les voit se confronter les uns aux autres, à la réalité de leur quotidien. Discordes, petits bonheurs, rivalités, histoires d'amour, médisances... Les obstacles se révèlent moins facilement franchissables que dans leurs pensées nocturnes. Mais déjà la lune s'apprête à prendre la relève du soleil. Pas toujours évident de satisfaire ses aspirations les plus profondes, semblent nous dire les villageois.
S'enlisant à nos yeux dans un lyrisme vieillot et trop littéraire, auquel on ne goûta que modérément, le texte de Dylan Thomas offre donc au final une galerie de portraits folkloriques, que l'on observe et écoute avec un plaisir modéré, en dépit de quelques amusants moments et de l'excellente interprétation de la chose.
Dommage...
Photos : Pascal Gely